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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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regrettait de ne pas pouvoir prendre son cheval et partir pour son manoir de Leighton en longeant la Barbacane au nord de la cité. Mais le monarque avait lourdement insisté. Naylor avait déjà été pendu et écartelé et ses membres, trempés d’huile et de saumure, se balançaient au-dessus des remparts de Nottingham en guise d’avertissement à tous les félons. Roteboeuf avait eu plus de chance : ayant sollicité l’indulgence royale en tant que clerc et témoigné contre ses complices, il avait obtenu l’amnistie à une condition : gagner nu-pieds le port le plus proche, sans nourriture, ni eau, ni biens, et là être banni à jamais d’Angleterre avec défense d’y revenir sous peine de mort. Son maître Branwood avait été jugé devant une commission spéciale. L’ancien assistant shérif avait avoué ses crimes sans perdre de sa superbe et en se raillant ouvertement du roi. Il avait écouté sans broncher la sentence prononcée par le chef du Banc du roi, à savoir qu’il « serait amené sur le lieu d’exécution et là, à l’heure décidée par la Cour, serait à moitié pendu, puis dépendu et éventré, décapité et écartelé. Sa tête serait fichée sur le Pont de Londres et les autres parties de son corps expédiées aux quatre villes principales du royaume ».
    Corbett ouvrit les yeux :
    — Peu me chaut ce que m’a dit le roi, maugréa-t-il entre ses dents. Dès l’arrivée de Branwood, je pars !
    Ranulf acquiesça machinalement. Il pensait à la voluptueuse Amisia, à présent pensionnaire aisée au couvent des clarisses, et surtout au flot de louanges décernées par le roi pour son décryptage du message codé. Yeux clos, il murmura une prière, ce qui n’était guère dans ses habitudes. Il espérait seulement que Corbett ne s’était pas trompé. Il ne leur restait plus qu’à attendre. Le roi, sur l’insistance du clerc, avait fait fermer les ports et réduire le trafic maritime à destination et en provenance de France. Ainsi le roi Philippe ne saurait jamais si Achitophel avait réussi sa mission ou non. Cependant, d’après les informations venant de Paris, un grand événement se préparait : un agent de Corbett avait rapporté que Jacques de Châtillon, oncle du roi et commandant de l’armée française en Flandre, s’était rendu au Louvre pour un bref entretien avant de regagner la frontière. Les alliés d’Edouard – édiles et bourgmestres de certaines villes flamandes – signalaient des mouvements de troupes. Mais peu de renseignements provenaient de Courtrai. Édouard avait gardé le secret aussi longtemps que possible et ses espions en Flandre n’indiquaient que peu d’activité dans ces parages, sinon aucune.
    Une clameur s’éleva et Ranulf sortit de sa rêverie. Une procession macabre de personnages tout de noir vêtus entra sur la place, précédée par une sonnerie de trompettes. Ranulf distingua les panaches noirs qui ondulaient sur la tête des chevaux. Deux bourreaux aux tenues sombres, suivis de nombreux officiers municipaux, entouraient la peau de boeuf sur laquelle Branwood gisait, ligoté. Des archers ouvraient la marche, fendant la foule. Le cortège s’arrêta au pied de l’estrade. On détacha le condamné et on le fit monter de force, précédé par six bourreaux, costumés en démons.
    Un seul coup d’oeil suffit à Corbett. Branwood était méconnaissable : ses cheveux et sa barbe étaient emmêlés et son corps, du bas-ventre jusqu’au cou, n’était plus qu’une plaie. Deux bourreaux l’exposèrent au bord de l’estrade pour que la populace le voie, puis le ramenèrent vers l’échelle et le noeud coulant.
    — En voilà assez ! Je m’en vais ! murmura Corbett.
    Suivi de Ranulf, il joua des coudes pour se réfugier dans l’agréable pénombre de l’entrée du prieuré St Barthélémy. Maltote les y attendait, livide, les longes de leurs montures à la main.
    — Allons-y ! s’écria Corbett.
    Ils sautèrent en selle et partirent. Corbett détourna les yeux pour ne pas voir la silhouette qui gigotait au bout de la corde au roulement funèbre des tambours. En quelques minutes, ils avaient quitté la place et s’enfonçaient avec peine dans les ruelles exiguës menant à Aldersgate. A la fin, Corbett s’arrêta.
    — C’est fini, Ranulf, chuchota-t-il en flattant l’encolure de son cheval. En route pour Leighton ! Lady Maeve nous attend !
    — Et l’oncle Morgan ? s’enquit le serviteur.
    Corbett
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