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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort
Autoren: Paul C. Doherty
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suivi. J’allais vous rattraper quand j’ai aperçu ce drôle de corbeau...
    Ranulf repoussa le cadavre du pied.
    — ... On aurait dit qu’il sortait de nulle part. Il vous pistait, alors j’ai décidé de rester en arrière pour voir ce qui allait se passer. Vous connaissez la suite.
    Corbett lui sourit :
    — Et je te dois une fière chandelle, Ranulf ! Je suis désolé de m’être emporté.
    Mais Ranulf, ne se laissant pas amadouer, reprit :
    — J’ai attendu. Quand il m’a tourné le dos, ce fut facile. Il ne m’a pas entendu, ajouta-t-il orgueilleusement. Et vous non plus, n’est-ce pas ?
    Corbett opina en riant jaune :
    — En effet. Mais je n’ai jamais été aussi heureux de te revoir ! Donne-moi un coup de main, maintenant.
    Ranulf aida son maître à se relever, brossant avec empressement – et énergie – le dos de sa cape, comme s’il prenait plaisir à accentuer ses claques vigoureuses.
    — Merci, Ranulf ! Cela ira.
    Corbett s’agenouilla près de son assaillant, le retourna sur le dos et ôta la cagoule. Il ne l’avait jamais vu. Des yeux vitreux, des traits maigres, un teint cireux, des cheveux gras, un visage grêlé, tout désignait le tueur à gages. Londres grouillait de ces anciens soldats, de ces vétérans prêts à tuer pour une bourse d’or.
    Corbett se releva.
    — Je me sens mieux, Ranulf. Il faudrait que tu ailles chez l’échevin. Raconte-lui ce qui s’est passé. Dis-lui que, s’il a des questions, il les pose au roi et prie-le de venir chercher le corps.
    Ranulf ne se le fit pas dire deux fois. La perspective de le prendre de haut avec l’échevin bedonnant et pompeux, dont il lorgnait la jeune épouse depuis longtemps, était une tentation à laquelle il n’avait pas l’intention de résister. Malgré le sol glissant, il parcourut à toute allure Bread Street et Cheapside. Plus tôt il en aurait fini, plus tôt il pourrait aller voir son fils.
    Corbett, quant à lui, monta dans sa chambre et se versa une généreuse rasade de vin. Assis sur le bord du lit, le gobelet entre les mains, il but quelques bonnes gorgées afin de réprimer le tremblement de ses membres et de calmer son estomac barbouillé. Il avait échappé de justesse – et de façon inattendue ! — à la mort, et craignait que la frayeur mêlée au soulagement ne le fît honteusement vomir. La nuit tomba et il alluma les bougies pour éloigner ces ténèbres qu’il redoutait tant. Puis il se reversa du vin et se mit à réfléchir. Le tueur avait reçu ses ordres de quelqu’un, l’un des chanoines de St Paul, vraisemblablement. Corbett ne devait donc pas être loin de résoudre l’énigme, sinon pourquoi lui aurait-on envoyé cet assassin ? Il avait appris quelque chose dont la signification réelle lui avait échappé, mais quoi ? Le regard fixé sur son gobelet, il fit distraitement tourner sa boisson. Tout d’un coup, avec la soudaineté d’une flèche surgie de la nuit, la solution lui traversa l’esprit. Il devint si fébrile qu’il remplit à nouveau son verre, buvant cinq ou six bonnes gorgées en faisant tournoyer le résidu avant de reprendre d’autre vin. À présent, il se rappelait ce qu’il avait vu sur le maître-autel, le jour de la mort de Montfort, et en même temps revoyait la tache sur la chasuble dans l’armoire de la sacristie. Il aurait voulu revenir sur-le-champ à St Paul, mais les gens qu’il voulait y interroger seraient sans doute partis. En outre les gorgées trop rapidement avalées commençaient à faire leur effet. Il était exténué et avait sommeil. Il souffla donc la bougie et s’efforça, dans la pénombre, de calmer les battements désordonnés de son coeur.
    À St Paul, Sir Philip Plumpton était également au comble de l’émotion. Tout avait commencé au début des vêpres. Dans le choeur, aux côtés des autres chanoines, il avait entonné les réponses liturgiques, mais son esprit était ailleurs : il revivait les événements de la journée. Son regard s’était posé sur l’autel et il s’était souvenu de la façon dont il avait disposé, sur l’ordre de Corbett, le calice, la patène, les ostensoirs, les burettes et les cierges. Il se rappelait bien chaque objet ainsi que l’aspect de l’autel après la mort du doyen. C’était sa fonction et il s’enorgueillissait du soin avec lequel il avait reconstitué l’autel pour ce sermonneur de clerc. Même des détails mineurs comme les burettes... Il s’était
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