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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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avec Fersen. On aimerait imaginer des rendez-vous galants, la reine baissant la tête avant d’effeuiller la marguerite, le beau Suédois lui prenant le poignet, les deux amants échangeant des voeux éternels devant le temple d’Éros, puis s’embrassant fougueusement. Il n’en fut rien :entre eux, ce furent plutôt les larmes sous les saules pleureurs qui cerclent l’édifice. L'amourette commence pourtant sous les auspices les plus favorables : dès septembre 1773 la jolie Dauphine rencontre le comte, dragon de la garde suédoise de son métier et séducteur par loisir. Il est jeune, brave, noble, étranger, fait tourner toutes les têtes, en profite, sans jamais toutefois y laisser son coeur, elle est la femme la plus convoitée du royaume, et la plus esseulée. En guise de patron pour veiller sur l’affaire, Louis XV, roi de la fornication et des plaisirs adultères, assiste à la présentation. En janvier, Marie-Antoinette et Fersen se revoient lors d’un bal masqué. Vêtus de dominos et de loups noirs, ils s’enlacent, incognito, au rythme de cette nouvelle danse qui fait chavirer les âmes les plus endurcies, la valse. Fersen ne reconnaît pas la jeune Dauphine, ou fait mine de ne pas la reconnaître, mais la serre de plus en plus fort, pour lui parler au creux de l’oreille, de cette future reine, si aimable, qu’il n’a vue qu’une seule fois, mais dont déjà il raffole. Le bal a lieu à l’Opéra, et bientôt Marie-Antoinette se retire dans sa loge, suivie de Fersen, qui n’en ressort qu’à trois heures du matin.
    Plus tard, dans son lit, après avoir salué son balourd de mari qui s’est retiré, éreinté, le ventre plein, le dos et les pieds usés de s’être tenu debout toute la soirée, pestant contre ces mondanités quile contraignent à rester éveillé, la Dauphine ne trouve pas le sommeil, et c’est tant mieux. Elle a enfin rencontré son prince charmant, celui qu’on lui promet et qu’elle s’est promis depuis tant d’années, avec un peu de retard. Elle repasse une à une les phrases de leur conversation, les petits gestes qu’il a eus, toutes ses attentions, et la chaleur qui l’a envahie lorsqu’il a pris sa main. Il n’en faut pas plus à une âme, même préromantique, pour se voir au paradis.
    Leur amour est impossible? Qu’importe ! elle sera bientôt reine et fera ce qu’elle voudra. Nul doute que son époux ne s’y opposera pas : il veut son bonheur et a déjà depuis longtemps la parfaite physionomie du mari cocu. Elle songe en souriant que, pour la première fois depuis longtemps, c’est la reine de France qui aura un favori. Dès le lendemain, elle commande de nouvelles robes pour le séduire, invente mille et une occasions de se retrouver seule en sa compagnie. Hélas, Fersen repart en Suède, puis en Angleterre : elle attend, comme une femme de marin, ou comme la petite sirène d’Andersen, qu’il revienne, rejouant sans cesse leurs retrouvailles, lui parlant dans sa tête comme s’il était là, imaginant qu’en ce moment même, il pense à elle. Mais à son retour le beau jeune homme, bien que la couvrant de compliments, se montre poli, loyal, franc, et tristementvertueux, à son égard du moins. Il est convié à Trianon tous les dimanches, passent des heures avec elle sans que rien ne se produise. Ses amies, au courant, les laissent-ils en tête-à- tête, seuls dans un boudoir où tout respire l’amour? Il la complimente de sa mine superbe et lui demande s’il est vrai qu’elle va bientôt donner un enfant au roi. Le remercie-t-elle de ne pas l’écarter du droit chemin, la mort dans l’âme, baissant les yeux et à demi offerte ? Il répond que son séjour en Angleterre a fait de lui un gentleman . Marie-Antoinette commence à s’impatienter et craint qu’une fois de plus, ses désirs ne deviennent jamais réalité. Son doux rêve s’éloigne à vue d’oeil. Elle comble Fersen de toutes les faveurs, le laisse, contre les médisances des courtisans, déambuler à Versailles en uniforme suédois. Elle n’en retire que des quolibets et, de la part de son tendre dragon, un « la reine (…) est la plus jolie et la plus aimable princesse qui soit », lamentable.
    Les espoirs et les agaceries durent jusques en 1778, date à laquelle Fersen repart en Angleterre… pour se marier ! Les noces ne se font pas, et Marie-Antoinette soupire d’aise : « Tu m’appartiens », murmure-t-elle. Elle redouble d’attentions à son égard,
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