L'affaire Nicolas le Floch

de ce jeune homme avec lui-même l'a frappé. Il a dû se poser des questions. La Satin a appris cela, et la pauvrette en est malade d'angoisse.
    — C'est leur fils.
    — Tout juste ! Louis, qu'on le nomme. Elle lui a toujours caché, par égard, par délicatesse. Pensez donc, le moyen de faire un ménage entre un commissaire et un marquis, à ce qu'on dit, et une fille galante ! L'enfant a été très bien élevé, collège chez les frocards et toute la foire ! Il sera sur le pied de faire carrière.
    Nicolas n'écouta pas la suite du dialogue. Le cœur lui battait et une vague de bonheur envahissait sa poitrine. Rien n'avait plus d'importance. Il avait perdu son vieux roi, M. de Sartine s'éloignait dans les hauteurs et son avenir s'obscurcissait. Il risquait de rencontrer désormais amertume et ressentiment. De méprisables courtisans, insinués par souplesse à la Cour et se poussant par intrigues, pourraient s'appliquer à le mortifier en lui faisant sentir, à toute occasion, la perte de ses protecteurs et de son influence. Qu'importait ? Désormais, un autre poids venait de tomber dans la balance de son destin. La Paulet, à quelques toises, chantait avec des mots populaires les qualités de son fils. Quel présent plus précieux le destin pouvait-il lui offrir ? La vie, comme le libre océan contemplé enfant des bords de la plage de Batz, prenait et redonnait. L'angoisse et la tristesse l'abandonnèrent comme l'eau se retire du rivage avant la douzième vague, celle qui emporte tout. Au moment où la chance semblait le quitter, un fils lui était offert.
    La Marsa, juin 2001-mai 2002

Remerciements
    Ma gratitude s'adresse d'abord à Isabelle Tujague qui a déployé compétence, vigilance et patience pour la mise au point du texte. Elle va aussi à Monique Constant, Conservateur général du Patrimoine, pour ses encouragements et ses découvertes archivistiques sur la période. Ma reconnaissance est une nouvelle fois acquise à Maurice Roisse pour sa relecture intelligente et typographique du manuscrit et pour ses utiles suggestions. Je remercie enfin mon éditeur pour la confiance manifestée à l'occasion de ce quatrième volume.