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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint
Autoren: Fiona Buckley
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d’argent sur sa robe de satin blanc semblaient luire d’un éclat particulier. Je fis la révérence, comme mes compagnes, et me redressai avec appréhension. Je devais obtenir bien vite une entrevue, or la reine n’était pas dans ses meilleures dispositions.
    Le regard vif d’Élisabeth passa sur l’assemblée, puis elle déclara :
    — Nous allons accorder une audience privée. Un artisan anglais souhaite nous faire présent d’un mécanisme ingénieux, de sa propre invention, d’après mon bon Cecil. Nous sommes informée que cet homme attend déjà, aussi ne sied-il pas de tarder davantage.
    Nous partîmes donc, pressés dans le sillage royal, salués par des trompettes à chaque tournant, déferlant à travers les galeries et entraînant d’autres courtisans en chemin, parmi lesquels l’évêque de Quadra. Élisabeth imposait sa cadence et marchait aussi vite qu’on le pouvait sans courir. Elle connaissait des moments de fatigue, mais, ces instants exceptés, elle nous épuisait tous à force de danses et de promenades, à pied ou à cheval. Elle galopait à fond de train par tous les temps. Plusieurs de ses suivantes feignaient de ne savoir monter qu’en croupe pour ne pas risquer de se rompre le cou. Son idée de la danse et de la marche n’était pas moins énergique. Nous atteignîmes la salle d’audience avec une rapidité inouïe.
    Cette pièce, longue et claire, avait de grandes fenêtres surplombant la Tamise et un parquet de chêne ciré. Sur une estrade tout au bout se trouvaient une chaise à haut dossier, sur lequel était jetée une couverture en fourrure, ainsi qu’une petite table. Dans la cheminée, à mi-distance, un feu de bois crépitait en dégageant d’agréables effluves.
    Élisabeth s’installa sur le siège et Lady Katherine Knollys, qui était sa parente et l’une de ses dames préférées, disposa avec grâce les plis de ses jupes immenses. Kat Ashley déploya la fourrure sur ses genoux. La foule des courtisans se regroupa de part et d’autre de l’estrade et, de façon plus dispersée, le long des murs. Dudley, de Quadra et certaines des suivantes, y compris moi-même, prîmes place sur l’estrade, près de la reine. Des pages se tenaient à proximité, prêts à se charger d’une commission. Élisabeth tendit un index orné d’une bague vers l’un d’eux et l’envoya dire à Sir William Cecil qu’elle attendait.
    Je remarquai que de Quadra s’approchait peu à peu de moi. Il s’arrêta un instant près de Jane Seymour 1 pour s’enquérir poliment de sa santé, car elle avait été souffrante et semblait encore pâle, puis, d’un pas discret, vint à côté de moi. Il n’était pas très grand ; nos yeux se trouvaient presque au même niveau. Nous n’étions pas amis (on ne va pas fouiller dans les documents d’un ami), toutefois nous ressentions une sorte de respect mutuel. Je lui murmurai quelques mots pour le saluer.
    — Votre fille se porte-t-elle bien, dame Blanchard ? demanda-t-il en français, que nous utilisions comme langage commun. J’ai ouï dire que vous l’avez confiée à des amis de Lady Cecil.
    — Oui, les Henderson. Ils résident à Thamesbank, sur le fleuve, près de Hampton. Que c’est gentil à vous de vous en soucier ! Elle semble heureuse, là-bas. Sa nourrice, Bridget Lemmon, est avec elle. Je me réjouis de la savoir installée dans une maison où elle recevra l’éducation d’une jeune fille convenable, mais où l’on montre de la bonté.
    De Quadra hocha la tête.
    — Je sais que votre allocation vous permettait à peine de subvenir à ses besoins et que les Cecil sont venus généreusement à votre secours. En reconnaissance des services rendus à la reine l’an passé, j’imagine ?
    — Tout à fait, éludai-je, étouffant un petit rire.
    De Quadra tentait de glaner des renseignements. Certes, l’allocation se révélait insuffisante, puisqu’elle n’avait jamais été destinée à des dames n’ayant que ce seul moyen de subsistance, or la mort de Gerald m’avait laissée démunie. Sans l’ombre d’un doute, de Quadra devinait que ces « services » se poursuivaient, résolvant ainsi mes problèmes financiers. Rien ou presque ne se passait à la cour sans que l’ambassadeur d’Espagne en eût au moins une vague idée. Toutefois, je n’allais pas le conforter dans ses soupçons. Pas après ce que je venais de découvrir dans son portefeuille.
    — Je doute que Bridget apprécie autant le
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