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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
Autoren: JACQUES GERNET
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transformation des établissements religieux en centres d’hébergement 11 . Par
la suite, malgré le très grand nombre des
constructions nouvelles, les difficultés de logement subsistèrent : l’augmentation incessante et
trop rapide de la population, et les incendies qui
ravageaient fréquemment la ville et ses faubourgs en furent la cause.
    Dès le milieu du XIII e siècle, toute la superficie à l’intérieur des remparts est bâtie, et la
continuité des constructions en bordure des rues
et des ruelles semble avoir frappé les Chinoiseux-mêmes. En effet, les villes chinoises étaient
jadis très au large dans leurs remparts qui englobent souvent une grande étendue de terrains
vagues, de vergers, de jardins ou même de
champs cultivés 12 . C’était le cas de Chang’an, la
capitale de la dynastie des Tang du VII e au X e siècle. La superficie de cette ville n’était pas
très inférieure à celle du Paris d’aujourd’hui.
Hangzhou présente donc, en raison de la densité
de ses constructions, un spectacle inhabituel.
« La cité de Hangzhou, écrit en 1275 un des
habitants de la ville, est grande, étendue, surpeuplée. Les maisons y sont hautes et serrées les
unes contre les autres. Leurs poutres se touchent
et leurs auvents sont continus. Il n’y a pas un
seul pouce de terrain inoccupé 13 . » De son côté,
Oderic de Pordenone, qui décrit Hangzhou
quelques années après Marco Polo, témoigne
ainsi de son admiration :
    « Catusaye (Hangzhou) est la plus grande
ville du monde. Elle a bien cent milles de tour
et, à l’intérieur de ce grand pourtour, il n’est pas
un espace laissé libre et qui ne soit habité par de
nombreuses gens. Ainsi, dans maintes maisons,
on trouve dix ménages et plus. Cette cité compte
plusieurs faubourgs, et sa population dépasse
celle de toute autre ville. Elle a douze portes
principales en dehors de chacune desquelles, à
huit milles de distance, il y a de grandes cités
plus grandes que la cité de Venise. Des portessusdites jusqu’à ces cités, des rues et des faubourgs s’étendent sans interruption. De sorte
qu’un homme pourra bien marcher six ou sept
jours, et il lui semblera encore n’avoir fait que
peu de chemin, parce qu’il se sera toujours
trouvé entre des villes, entre des rues 14 . »
    L’occupation des terrains libres ne suffit pas.
Le manque de place et l’accroissement de la
population imposèrent la construction de maisons d’habitation de plusieurs étages. C’était là
encore une nouveauté. Oderic parle de maisons
de huit ou dix étages, mais certains voyageurs
arabes donnent les chiffres plus modestes et sans
doute aussi plus vraisemblables de trois à cinq.
    Un passage du Livre de Marco Polo paraît indiquer que c’est la cour elle-même, émue par les
difficultés de logement à Hangzhou, qui incita
les propriétaires, par diverses mesures, à exhausser leurs maisons ou à construire en hauteur.
    « Le roi, dit Marco Polo, faisait encore une
autre chose. Quand il chevauchait parmi la cité
et qu’il apercevait quelque petite maison, il
demandait pourquoi elle était si petite ; et si on
lui disait que c’était celle d’un pauvre homme
qui n’avait pas de quoi la hausser, le roi commandait aussitôt qu’elle fût faite grande et belle
comme les autres, et il payait les dépens. Et s’il
advenait que la maison fût à un homme riche, il
lui ordonnait de la hausser tout aussitôt. Par
cette raison, il n’y avait dans toute sa capitale duroyaume de Mangi, laquelle a nom Quinsay
(Hangzhou), aucune maison qui ne fût belle et
grande, sans parler des grands palais et des grands
hôtels dont il y avait abondance par la cité 15 . »
    Les témoignages de voyageurs occidentaux
sur les constructions de plusieurs étages à
Hangzhou sont si nombreux qu’ils ne laissent
aucun doute, malgré le silence des textes chinois
ou le caractère un peu vague de leurs formules 16 .
On ne s’expliquerait d’ailleurs pas comment une
ville aussi peu étendue aurait pu abriter une
population aussi dense en 1270, si les maisons y
avaient été généralement basses, comme dans
les autres villes chinoises de cette époque. Les
maisons en hauteur donnèrent à Hangzhou une
physionomie typiquement urbaine, elles accrurent
fortement la densité des habitants et, par là, ce
mode de construction eut des conséquences très
importantes sur le genre de vie et l’intensité des
rapports sociaux.
    On l’a vu, l’agglomération ne
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