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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
Autoren: JACQUES GERNET
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près de trente kilomètres de son village. Après une longue course à
travers les taillis, il arrive à la route mandarine,
y rencontre un groupe de paysans auquel il se
joint. Soudain des cavaliers surgissent et crient à
la petite troupe de s’arrêter. Notre fugitif se
retourne et il aperçoit sept cavaliers. L’un d’eux
était vêtu de blanc et chevauchait un cheval
blanc : c’était, trait pour trait, l’homme qu’il
avait vu en rêve. Fou de peur, il traverse la route
et s’enfuit à toutes jambes. On lui ordonne à
grands cris de s’arrêter. Il n’écoute pas. Alors, le
cavalier vêtu de blanc fouette son cheval, le rattrape et, arrivé en face de lui, lui décoche une
flèche en plein cœur : ces sept cavaliers n’étaient
autres que des Barbares jürchets 22 .
    Si la croyance aux esprits peut provoquer de
tragiques méprises, elle est aussi, à l’occasion,
la source de confusions comiques.
    Lorsque, dans sa jeunesse, le ministre Lu
Anlao était pensionnaire de l’école préfectorale
de Caizhou (Henan, Sud-Est), il sortit un soir
en cachette avec huit de ses camarades. Ilsétaient sur le retour, au milieu de la nuit, quand
ils furent pris sous une grosse averse. N’ayant
pas de parapluies et n’osant passer la nuit
dehors à cause de la sévérité des règlements de
l’école, ils entrèrent dans un cabaret pour y
emprunter une grande pièce de toile. La maintenant au-dessus d’eux au moyen de piquets
attachés aux quatre coins, ils poursuivirent leur
route sous cet abri improvisé. Au moment où
ils approchaient du mur de l’école, un soldat du
guet, sa torche à la main, les aperçut de loin et
les interpella. Effrayés, ils s’éloignèrent à
bonne distance et attendirent sans oser avancer.
Le soldat revint sur ses pas, puis disparut. Ils
en profitèrent pour sauter par-dessus le mur de
leur école et restèrent toute la nuit le cœur battant, persuadés que leur escapade avait été
découverte et qu’ils allaient être sévèrement
réprimandés. Or, le lendemain matin, l’officier
du guet fit parvenir le rapport suivant à la préfecture : « La nuit dernière, après la deuxième
veille, au moment où une forte pluie s’est abattue sur la ville, les soldats du guet se trouvant
en tel lieu, un être étrange est apparu soudain
venant de la direction du nord. De forme indistincte, il était plat comme une natte à sa partie
supérieure et semblable à des hommes en
marche quant à sa partie inférieure. Il avait
approximativement vingt à trente pattes. Il s’est
approché du mur de l’école, puis il a disparusoudainement. » Du préfet au plus petit
employé, personne ne put arriver à identifier
cet animal qui fit, dans la région, l’objet de
commentaires interminables. Beaucoup conclurent qu’il s’agissait là d’un phénomène tout à
fait prodigieux et exposèrent à l’administration
qu’il convenait de procéder, dans chaque quartier de la ville, à des cérémonies d’expulsion
des calamités pendant trois jours et trois nuits,
cérémonies pour lesquelles l’image de la bête
serait reproduite afin que des sacrifices lui
soient offerts 23 .
    Les histoires de revenants, de génies, de
démons sont la grande majorité dans les recueils
d’anecdotes. Il en est pourtant qui ont un caractère moins fantastique, comme la suivante :
    A la 7 e lune de l’année 1150, un bateau qui
venait de la haute mer aborda dans un petit port
de la province du Fujian. Il n’avait pour tout
équipage que trois hommes et une femme et portait une cargaison de plusieurs milliers de livres
de bois d’aigle. L’un des passagers était un
Chinois originaire de Fuzhou. Parti en mer jadis,
il avait fait naufrage et n’avait dû la vie qu’à une
poutre de bois qui lui permit d’atteindre une
grande île inconnue. Or, ce Chinois aimait à
jouer de la flûte et il portait constamment son
instrument attaché à sa ceinture. Les insulaires
l’ayant mené près de leur roi, il se trouva que ce
souverain était lui aussi mélomane et il se réjouitfort de voir une flûte et d’en entendre jouer. Il
retint son hôte, le reçut à sa table et lui donna un
logis. Par la suite, il en vint même jusqu’à lui
offrir l’une de ses filles en mariage. Notre naufragé resta ainsi treize années chez ces gens qui
ne comprenaient pas sa langue, mais semblaient
avoir deviné qu’il était chinois. Un beau jour, il
décida de regagner son pays natal avec son
épouse et ses deux
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