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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres
Autoren: Paul C. Doherty
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citation : « Tu
ne porteras point de faux témoignage contre ton voisin » ? La plupart des
gens la traduisent par : « Tu ne feras pas de faux serment... »
Vous avez employé « témoignage » pour les déclarations au procès de
Sir Roger. En effet, vous avez dit : « S’ils ont porté de faux
témoignages, que cela retombe sur leur tête ! » Quelle coïncidence !
Molkyn a été décapité, on a fait éclater la cervelle de Thorkle. Le carreau d’arbalète
a atteint Deverell au visage et lui a traversé le cerveau. Et quand on
retrouvera le cadavre de Blidscote, on constatera que le coup mortel a été
porté à la tête.
    Le juge s’assit, mains sur les genoux, yeux
fixés sur le plancher.
    — Je voudrais vous poser une question, Sir
Hugh.
    Il releva la tête.
    — Avez-vous arrêté le véritable meurtrier ?
    — Je sais qui il est, répondit Corbett.
    — M’en donnez-vous votre parole ?
    — Je vous la donne.
    Sir Louis releva le bord de sa chape et tira sur
des fils.
    — Si on me juge, je voudrais que ce soit à
Westminster.
    Corbett ignora le hoquet de Sir Maurice.
    — Accordé.
    — Je suis juge, reprit Sir Louis avec un
rictus. J’ai juré de soutenir la vérité et de veiller à ce que les lois du roi
soient respectées. Je vous l’ai déjà dit, Sir Maurice. Je n’appréciais guère
votre père : c’était un ribaud, un coureur de jupons. Dieu merci, vous
êtes différent. Même feu mon épouse...
    Il fit une pause.
    — Aucune femme n’était en sécurité avec Sir
Roger, mais je n’ai jamais pensé que c’était un meurtrier. Pourquoi aurait-il
tué la veuve Walmer puisqu’il jouissait de ses faveurs ? Pourtant les
preuves étaient bien là, surtout celle apportée par Maître Deverell, sans
parler des bracelets et du couteau. En tout cas, j’ai cru que le jury rendrait
une sentence de non-lieu. Que Sir Roger serait acquitté, mais déshonoré et
forcé de quitter le comté. Quand Molkyn a énoncé le verdict : « Coupable
sans appel à la clémence », j’ai été étonné. La justice a suivi son cours
impitoyable.
    Il sourit.
    — Sir Hugh a raison. J’ai caché mes doutes ;
j’ai récapitulé les preuves : le jury était responsable. Et, surtout, les
meurtres avaient cessé.
    Il s’interrompit et s’humecta les lèvres.
    Corbett se leva, remplit à demi un gobelet de
vin et le lui apporta. Sir Louis le remercia d’un regard.
    — Oh, j’ai mené ma propre enquête ! J’ai
découvert que Molkyn avait exercé de fortes pressions dans la salle des
délibérations. J’avais de profonds soupçons au sujet de la disparition de
Furrell et étais navré pour Sorrel et pour vous, Sir Maurice. J’ai fait de mon
mieux. J’ai essayé de remplacer le père que j’avais supprimé avec tant de
brutalité de votre vie.
    Il serra le gobelet entre ses mains.
    — Mais quand les meurtres ont repris, j’ai
compris que je m’étais trompé. Quelqu’un s’était introduit dans ma salle de
tribunal. Je n’avais été qu’un jouet pour le vrai tueur dont j’avais couvert la
vilenie de mon sceau. Lui et les autres avaient usé de la loi pour envoyer un
innocent au gibet.
    Il clappa de la langue.
    — Je me suis senti stupide. J’ai compris
pourquoi Molkyn me jetait parfois des regards narquois et pourquoi Deverell
détalait comme le rat qu’il était. Je savais que le roi serait obligé d’intervenir.
J’ai donc encouragé Sir Maurice à rédiger ces missives, mais me suis demandé ce
qui se passerait s’ils échappaient à la justice. Le reste, Sir Hugh, s’est
déroulé comme vous l’avez narré. À mes yeux j’ai accompli de justes exécutions :
je tenais pour responsables Molkyn, Thorkle et Deverell. Il se peut que je n’arrête
pas le véritable assassin, cependant je suis juge royal : parjure et
corruption sont des crimes majeurs. Je me suis donc renseigné sur leurs
habitudes : l’ivrognerie de Molkyn, Thorkle dans sa grange à battre loin
de sa femme aux yeux ardents et le furtif Deverell avec son cernel.
    — Et Blidscote ? s’enquit Corbett.
    — Ah, oui, notre gros bailli corrompu !
Ce n’était pas par hasard que Molkyn et Thorkle avaient été choisis. Blidscote
était aussi coupable qu’eux. Je lui ai suggéré de me retrouver près de la
Swaile. Je voulais voir la terreur décomposer sa face bouffie. Je ne voulais
point qu’il fuit : son corps, lesté de pierres, est encore là-bas.
    Tressilyian posa le gobelet sur
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