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La Religion

La Religion

Titel: La Religion
Autoren: Collectif
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Il allait apprendre d’étranges langues et coutumes et les nombreux arts de la guerre. Il allait apprendre que Dieu est un, que Mahomet est son prophète, et aspirer à combattre et mourir au nom d’Allah. Car la destinée inconnue vers laquelle il chevauchait allait vouer sa vie à l’ombre de Dieu sur cette terre. Au padishah de la mer Blanche et de la mer Noire. Au protecteur de tous les peuples du monde. Au sultan des sultans et roi des rois. Au maître des lois, le Magnifique. À l’empereur des Ottomans, le shah Soliman.

P REMIÈRE PARTIE
    UN MONDE DE RÊVES

DIMANCHE 13 MAI 1565
    Château Saint-Ange, le Borgo, Malte
    LA SITUATION, TELLE QUE STARKEY la voyait, se présentait ainsi : la plus grande armada depuis l’Antiquité, transportant la meilleure armée du monde moderne, avait été envoyée par le shah Soliman pour conquérir Malte. Un succès turc exposerait l’Europe à un déferlement de terreur islamique. La Sicile serait immédiatement pillée. Une reconquête musulmane de Grenade n’était pas impensable. Rome elle-même tremblerait. Pourtant, en dehors de ces probables récompenses stratégiques, l’ambition la plus forte de Soliman était d’exterminer les chevaliers de Saint-Jean – ce singulier groupe de moines soldats et guérisseurs, connu par certains comme les chevaliers de la Mer, et par d’autres comme les hospitaliers, et qui, dans une ère d’inquisition, osaient encore se dénommer eux-mêmes « la Religion ».
    L’armée du Grand Turc était commandée par le pacha Mustapha, qui avait déjà écrasé les chevaliers une fois – et dans une citadelle incommensurablement plus forte que celle-ci – lors du célèbre siège de Rhodes, en 1522. Depuis lors, Soliman – qui, malgré ses nombreux accomplissements, mettait au premier rang de sa politique son devoir sacré de conquérir le monde pour l’islam – s’était emparé de Belgrade, de Budapest, de Bagdad et de Tabriz. Il avait vaincu la Hongrie, la Syrie, l’Égypte, l’Iran, l’Irak, la Transylvanie et les Balkans. Vingt-cinq îles vénitiennes et tous les ports d’Afrique du Nord étaient tombés aux mains de ses corsaires. Ses navires de guerre avaient mis en pièces la Sainte Ligue à Preveza. Seul l’hiver l’avait fait reculer devant les portes de Vienne. Personne ne doutait de l’issue du plus récent jihad de Soliman. Contre Malte.
    Sauf peut-être quelques-uns des chevaliers eux-mêmes.
    Fra Oliver Starkey, lieutenant turcopolier 1 de la langue anglaise, se tenait devant la fenêtre du bureau du grand maître. De cette perspective haut placée sur le mur sud du château Saint-Ange, il pouvait détailler la géographie complexe du champ de bataille à venir. Encerclés par les hauteurs avoisinantes, trois triangles de terre formaient les limites du Grand Port, résidence des chevaliers de la Mer. Saint-Ange se tenait à l’apex de la première péninsule et dominait le Borgo, la principale ville. Là étaient enserrées les auberges des chevaliers, l’Infirmerie sacrée, l’église du couvent de San Lorenzo, les maisons des habitants de la cité, les quais principaux et leurs entrepôts, et tout le bazar grouillant d’une minuscule métropole. Le Borgo était protégé du reste de l’île par une énorme enceinte incurvée – une muraille semée de bastions défensifs et fourmillant de chevaliers et de miliciens à l’exercice.
    Starkey regarda au-delà de la crique des Galères vers la seconde langue de terre, L’Isola, où les voiles d’une douzaine de moulins à vent tournaient avec une tranquillité aussi étrange qu’incongrue. Des carrés de fantassins se déplaçaient en formation, le soleil faisant étinceler leurs casques et, derrière eux, des esclaves musulmans, enchaînés par paires, s’épuisaient au sifflet de leurs gardes-chiourme à élever des blocs de grès jusqu’aux contreforts de Saint-Michel, la forteresse qui séparait L’Isola du reste des terres. Une fois commencé le siège, la seule communication entre L’Isola et le Borgo se ferait par le fragile pont de bateaux traversant la crique des Galères. Au nord, un demi-mille au-delà du Grand Port, tout au bout de la troisième péninsule, se dressait le fort Saint-Elme. C’était l’avant-poste le plus isolé et, une fois assiégé, on ne pourrait y accéder que par mer.
    L’effervescence des préparations baignait le panorama tout entier. Fortifications et manœuvres ; fossés et
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