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La Régente noire

Titel: La Régente noire
Autoren: Franck Ferrand
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d’un valet. Saint-Vallier s’inclina très bas.
    Renée de France, à peine sortie de l’enfance, et bien que préparée comme une poupée, n’était ni très jolie, ni très gracieuse. Cependant personne n’aurait pu nier qu’elle offrait la plus jolie, la plus gracieuse des solutions aux grands soucis du connétable de Bourbon.
    — J’apprécie beaucoup madame votre fille, lâcha-t-elle du haut de ses douze ans.
    Saint-Vallier la trouva charmante : il en dirait le plus grand bien à qui de droit. Diane n’en demandait pas davantage. Elle tendit à la princesse une corbeille garnie de massepains, de noisettes et de raisins confits, puis se tourna vers le valet.
    — Tu reconduiras M. de Saint-Vallier dans ses appartements. Assure-toi qu’il ne manque de rien.
    Le gentilhomme fit discrètement provision de friandises. Diane ajouta un mot complice à son adresse.
    — Si vous êtes matinal, dit-elle, je vous montrerai dès demain que je n’ai rien perdu de mes talents de cavalière.
    — Mais je pense bien ! N’êtes-vous pas la Diane de ces forêts ?
    Elle répondit par un sourire énigmatique.
    Château de Saint-Germain.
    M arguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, sœur aînée du roi, était une femme simple et vraie. À l’approche de la trentaine, elle s’éloignait résolument des faux-semblants, pour traquer partout la vérité des êtres et des choses. Elle-même, dans une Cour où l’on cultivait l’artifice, ne goûtait plus que l’authenticité ; ce qui la conduisait vers une solitude comblée de rêveries, d’écrits et de prières. Car la foi occupait dans sa vie une place croissante. Et lorsque sa mère, si possessive, lui octroyait un moment de liberté, c’est à la méditation qu’elle le consacrait presque toujours. Elle se levait tôt ; on la trouvait en dévotion bien avant l’aube, puis, vers six heures, elle se plongeait dans une correspondance avant tout spirituelle.
    Ce matin-là, sa tranquillité fut troublée par l’irruption inopinée du chancelier de France. Il paraissait enrhumé.
    — Je n’ignore pas, madame, dit-il en forme d’excuse, qu’il est affreusement tôt, mais je voulais être certain de vous parler en toute quiétude.
    — J’ai déjà eu le temps de suivre une messe...
    — La foi de Votre Altesse Royale est digne d’admiration.
    — Je sais bien que les temps sont à l’irréligion... Mais pour moi, je ne m’y résous point. Je rappelais au roi, pas plus tard qu’hier, qu’il n’est de puissance qu’illusoire sans une Église saine et forte.
    Le chancelier se moucha bruyamment. Elle reprit :
    — À propos, monsieur, je n’ai pas encore eu l’occasion de vous remercier pour votre soutien du mois dernier.
    — Le mois dernier, madame ?
    — Quand vous avez dissuadé la Sorbonne d’intenter cet absurde procès à Mgr Briçonnet  10  !
    — C’était peu de chose... Je connais votre attachement à l’évêque de Meaux.
    — C’était beaucoup, au contraire, et je vous en sais gré. Voyez-vous, monsieur le chancelier, il se passe de grandes choses, à Meaux, ces temps-ci. Les prêtres que le bon évêque a réunis autour de lui sont bel et bien le ferment d’une nouvelle Église. Une Église plus sincère, plus vraie !
    La princesse se garda de prononcer le mot, mais Duprat savait qu’elle n’était plus très loin d’espérer une Église réformée . Or l’idée de réforme, qu’elle fût religieuse ou autre, le rendait nerveux.
    — Si la princesse m’y autorise, osa-t-il, je ne saurais trop l’inviter à la prudence en cette matière.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Eh bien... Mgr Briçonnet n’est certes pas mal-pensant, et il n’était point visé par l’Université quand elle a condamné, récemment, les hérésies du sinistre Luther. Simplement, vous savez comment naissent les réputations... L’empereur accuse notre roi de faire le lit des hérétiques ; il serait dommage que les bonnes intentions de certains prélats ne finissent par desservir, partout en Europe, les intérêts de Sa Majesté.
    Marguerite ne répondit pas, mais son visage, imperceptiblement, s’était fermé. Duprat s’essuyait encore le nez ; il poursuivit.
    — À ce propos, il me faut mettre en garde Votre Altesse royale contre un jeune écuyer qui vient d’intégrer la Maison du duc d’Alençon. Un garçon méritant, sans doute...
    — Vous voulez parler de ce cavalier qui a sauvé son frère à la chasse, et que mon
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