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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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fort entendu en matière de police. Je m’y entends un peu aussi, et, pour vous le prouver, voici dix guinées d’avance. Vous en aurez quarante autres si vous pouvez me donner quelques renseignemens sur l’affaire dont vous trouverez le détail dans cet écrit. Comme je dois partir incessamment pour l’Angleterre, vous remettrez votre réponse par écrit à M…, mon agent à Édimbourg, ou à Sa Grâce le lord grand commissaire. C’est tout ce que j’avais à vous dire.
    Ratcliffe salua et se retira.
    – J’ai blessé son orgueil, pensa-t-il en s’en allant, en disant que je trouvais une ressemblance… Et cependant, si le père de Robertson avait demeuré à un mille de la mère de Son Honneur, je ne saurais qu’en penser, le diable m’emporte, quelque fier que soit celui-ci !
    Quand sir Georges fut seul avec Butler, il ordonna qu’on servît du thé et du café ; et quand on eut exécuté cet ordre, il lui demanda s’il avait reçu depuis peu des nouvelles de sa femme et de sa famille.
    Butler, un peu surpris de cette question, répondit qu’il n’en avait pas reçu depuis plusieurs jours.
    – Alors, dit sir Georges, je serai le premier à vous annoncer que, depuis votre départ, on a fait une invasion dans votre paisible demeure. Ma femme, à qui le duc d’Argyle a permis d’habiter sa Loge de Roseneath pendant quelques semaines qu’elle doit passer dans vos environs, a établi chez vous son quartier-général, pour être logée plus près des chèvres, à ce qu’elle dit, mais plutôt, je crois, parce qu’elle préfère la société de mistress Butler à celle du digne capitaine chargé de faire les honneurs du château de Sa Grâce.
    M. Butler répondit qu’il avait souvent entendu le feu duc et le duc actuel parler avec de grands éloges de lady Staunton ; qu’il était charmé que son humble habitation eût pu convenir à une dame de leurs amies ; que c’était une bien faible reconnaissance de tous les services qu’il en avait reçus.
    – Lady Staunton et moi ne devons pas vous en avoir moins d’obligation de votre hospitalité. Mais puis-je vous demander, M. Butler, si vous comptez retourner bientôt chez vous ?
    – Très incessamment, répondit Butler. Les séances de l’assemblée sont terminées ; j’ai fini les affaires particulières que j’avais à Édimbourg, et je ne désire rien tant que de me retrouver au milieu de ma famille. Mais j’ai une somme assez considérable à emporter, et pour faire le voyage plus sûrement, j’attendrai le départ d’un ou deux de mes confrères qui retournent du même côté.
    – Mon escorte vaudra bien la leur, M. Butler, et je compte partir demain. Si vous voulez m’accorder le plaisir de votre compagnie, je me charge de vous conduire sain et sauf à la manse de Knocktarlity, pourvu que vous me permettiez de vous y accompagner.
    M. Butler accepta cette proposition avec empressement et sir Georges dépêcha sur-le-champ un de ses domestiques, porteur d’une lettre du ministre, pour annoncer à sa femme leur prochaine arrivée. Cette nouvelle ne tarda pas à se répandre dans le village, et l’on sut bientôt dans tous les environs que M. Butler revenait avec un seigneur anglais, et rapportait les fonds nécessaires pour le paiement de son acquisition.
    Cette résolution soudaine d’aller à Knocktarlity avait été adoptée par sir Georges Staunton eh conséquence des divers incidens de la soirée. Malgré le changement qui s’était opéré dans ses traits et dans sa fortune, il sentait qu’il avait poussé l’audace trop loin en se hasardant si près du théâtre où il s’était porté à tant d’actes de violence ; il connaissait trop bien, par expérience, la finesse et la pénétration d’un homme tel que Ratcliffe, pour ne pas éviter soigneusement de se retrouver avec lui. Il supposa une indisposition pour ne pas sortir de la soirée, et prit congé par écrit de son noble ami le grand commissaire, alléguant l’occasion qui se présentait de faire le voyage de compagnie avec M. Butler, comme une raison pour quitter Édimbourg plus tôt qu’il ne se l’était proposé.
    Il avait eu une longue conférence avec son agent au sujet d’Annaple Baïlzou, et celui-ci, qui était aussi l’homme d’affaires de la famille d’Argyle, fut chargé de recueillir tous les renseignemens que Ratcliffe ou autres pourraient se procurer sur le sort de cette femme et du malheureux enfant ; aussitôt qu’il
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