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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler
Autoren: Ron Hansen
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l’amnésie et un désintérêt total pour les procès de
Nuremberg, se plaignait continuellement de sa santé, et était évité par les
autres prisonniers qui l’avaient surnommé « Fräulein Anni ». Affirmant
qu’il avait travaillé sous les ordres « du plus grand fils que l’Allemagne
ait produit au cours de ses vingt siècles d’existence », il écrivit :
« Même si je le pouvais, je ne voudrais pas effacer la période nazie de ma
vie. Je ne regrette rien. » Lorsque onze de ses coaccusés furent exécutés,
Hess s’en amusa. Même après la guerre il continua à déclarer que les Juifs d’Allemagne
devraient être emprisonnés « pour leur propre sécurité ». Ce n’est qu’à
soixante-quinze ans qu’il autorisa sa femme Ilse à lui rendre visite. Le
Hesserl d’Hitler, son Rudi, était le seul pensionnaire de la prison de Spandau
lorsqu’il mourut en 1987 à l’âge de quatre-vingt-treize ans, après quoi la
prison fut détruite.
    Le 20 avril 1945, Adolf
Hitler célébra son cinquante-sixième anniversaire dans l’espace confiné d’un
bunker inachevé de béton armé, enfoui sous le jardin de la chancellerie du
Reich à Berlin. Les murs des trente pièces suintaient, des restes de nourriture
jonchaient les couloirs, les sols étaient couverts d’un enchevêtrement de
câbles électriques, le bombardement de la ville par l’Armée rouge faisait un
bruit angoissant, et, avec soixante-dix personnes entassées sous terre et trop
peu de sanitaires, la puanteur était si atroce qu’un membre du personnel
raconta par la suite que « c’était comme si on travaillait dans une
pissotière ».
    C’est une Eva Braun frivole et transie d’amour
qui vint rejoindre Adolf, pour trouver un vieillard piaillant, hystérique, voûté
et prématurément sénile, au teint terreux, dont les yeux autrefois perçants
étaient à présent larmoyants et injectés de sang, dont les cheveux avaient
grisonné subitement, dont les mains tremblaient, qui sentait mauvais, qui grelottait,
qui ne pouvait même plus tenir un fusil, qui perdait l’équilibre en marchant, que
son valet devait aider à mettre au lit. Des taches de soupe et de moutarde
souillaient sa veste d’uniforme marron. Il avait souvent de la bave sur les
lèvres et il crachotait ou sifflait dans ses fausses dents quand il parlait. Des
armées imaginaires ignoraient ses ordres, il était entouré de traîtres, ses
amis les plus chers l’avaient trompé ou mis en danger.
    Eva Braun était sa maîtresse secrète depuis
treize ans, « la femme à ma disposition à Munich ». Le 1 er avril, il affirmait encore à sa secrétaire : « Eva est bien gentille,
mais seule Geli pouvait m’inspirer une véritable passion. Épouser Eva est hors
de question. La seule femme à qui j’aurais pu me lier pour la vie était ma
nièce. »
    Pourtant, il épousa bien Eva Braun dans la
salle des cartes du bunker, le 28 avril, un peu avant minuit. Elle portait une
robe de taffetas de soie noire. Ils jurèrent devant un officier d’état civil qu’ils
étaient de pure origine aryenne et exempts de toute maladie héréditaire, et ce
fut fait. Ensuite Hitler but du tokay et évoqua le bon vieux temps en
plaisantant avec Joseph et Magda Goebbels, tandis qu’Eva envoyait chercher le
phono et Red Roses, le seul disque qu’ils aient sous la main. Les
officiers dansèrent avec les cuisinières et les secrétaires. Exceptionnellement,
Eva et les autres osèrent fumer. À quatre heures du matin, Hitler signa ses
dernières volontés et son testament politique, distribuant ses possessions, reniant
le Reichsführer Himmler et le Reichsmarschall Göring à cause des
bruits qui couraient sur leurs propositions de reddition, affirmant que la
Luftwaffe, l’armée et les SS l’avaient tous trahi, et se félicitant pour son
rôle dans l’élimination de la juiverie internationale tout en conseillant aux
autres nations d’agir de même, aussi impitoyablement.
    — Et maintenant, déclara-t-il après avoir
signé, il ne nous reste plus qu’à mourir.
    Eva écrivit une lettre à sa sœur pour lui
annoncer son mariage, admettant que tout était perdu : « Je ne
comprends pas comment tout cela a pu arriver, il y a de quoi perdre sa foi en
Dieu ! » Elle fit d’autres lettres à des amies qui étaient si
puériles et d’une sentimentalité si dégoulinante que l’aviatrice qui avait
promis de les porter les déchira, écœurée.
    Lorsqu’il devint chancelier
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