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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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irrépressible, vers les sommets, atteignait son plus haut degré de puissance, emplissait l’église comme si elle allait en faire éclater les murs solides et se répandait à l’air libre – même alors, s’il écoutait attentivement dans cette intention, l’auditeur pouvait déceler ce même cri de douleur. Qu’était-il ? La plainte d’un cœur humain surchargé de peine, coupable peut-être et disant le secret de sa culpabilité ou de sa peine au grand cœur de l’humanité ; implorant sympathie ou pardon à chaque instant, en chaque accent et jamais en vain ! C’était ce profond et continu appel en sourdine qui donnait au pasteur son incomparable ascendant.
    Durant tout le temps du sermon, Hester resta immobile comme une statue au pied du pilori. Si la voix d’Arthur Dimmesdale ne l’avait point clouée là, une puissance magnétique inévitable n’en aurait pas moins été exercée sur elle par cet endroit où elle faisait remonter la première heure de sa vie d’ignominie. Il y avait en elle le sentiment – trop imprécis pour se muer en pensée mais qui lourdement écrasait son esprit – que sa vie tout entière, tant son passé que son avenir, déroulait son orbite autour de ce lieu comme s’il en eût été le centre, le seul point qui lui assurât une unité.
    Quant à la petite Pearl, elle avait quitté les côtés de sa mère pour courir s’amuser à sa fantaisie sur la Place du Marché. Elle égayait la foule sombre comme un rayon de lumière capricieux, de même un oisillon au brillant plumage illumine tout un arbre au feuillage foncé en s’élançant, çà et là, tantôt à demi visible, tantôt à demi caché dans l’épaisseur crépusculaire des rameaux. Ses mouvements étaient harmonieux mais souvent aussi brusques et inattendus. Ils trahissaient la vivacité toujours en éveil de son esprit, doublement infatigable en sa danse légère, aujourd’hui que l’enfant vibrait au contact de l’inquiétude de sa mère. Toutes les fois que gens ou choses excitaient sa curiosité, sans cesse sur le qui-vive, Pearl s’élançait pour se saisir, en quelque sorte, de ces gens ou de ces choses comme de sa propriété et sans souci aucun du décorum.
    Les Puritains la regardaient faire et, même s’ils souriaient, n’en inclinaient pas moins à tenir l’enfant pour un rejeton du Malin en voyant le charme indicible que dégageait ce bel et excentrique petit personnage tout scintillant d’activité. Pearl prenait sa course et allait regarder le sauvage Indien en face. Et l’Indien se sentait devant une nature plus sauvage encore que la sienne. Puis, avec une audace naturelle doublée d’une réserve tout aussi caractéristique, elle volait au milieu d’un groupe de marins aux joues basanées – sauvages de l’Océan comme les Indiens étaient les sauvages de la terre. Et les marins la regardaient, tout ébaubis et pleins d’admiration, comme si un flocon d’écume de mer avait pris la forme d’une petite fille et avait été doué d’une âme née des phosphorescences qui fulgurent sous la proue des navires, la nuit. Un de ces matelots – le capitaine, en fait, qui s’était entretenu avec Hester Prynne – fut tellement frappé par l’aspect de Pearl qu’il tenta de l’attraper pour lui dérober un baiser. Trouvant aussi impossible de se saisir d’elle que d’un oiseau-mouche, il enleva de son chapeau la chaîne d’or qui s’y enroulait et la lui lança. Pearl en entoura aussitôt sa taille et son cou avec un tel talent que cette chaîne se mit à faire partie de son personnage qu’il devint impossible de l’imaginer sans tous ces maillons rutilants.
    – Ta mère est bien cette femme là-bas à la lettre écarlate ? dit le marin. Voudrais-tu point lui porter de ma part un message ?
    – Oui, si le message me plaît, répliqua Pearl.
    – Eh bien, va lui dire, reprit le capitaine, que je me suis entretenu derechef avec ce vieux docteur noir de face et bossu d’épaule et il se charge d’emmener à bord son ami, le seigneur dont elle me parla. Donc que ta mère ne prenne souci que d’elle-même et de toi. Vas-tu aller le lui dire ? Petite enfant-sorcière ?
    – Dame Hibbins dit que mon père est le Prince des Airs, rétorqua Pearl avec un malicieux sourire. Si tu m’appelles de ce vilain nom, je lui parlerai de toi et il donnera la chasse à ton bateau à grands coups de vent !
    Reprenant sa course en zigzags, l’enfant revint à sa mère et lui
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