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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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disparaître prudemment dans la forêt:
    – Ah la salope!… La putain!… Je la chasse!…
    Cependant, les Vendéens continuaient l’assaut malgré des pertes effroyables, et il relèverait d’un esprit partisan de nier leur courage. Quant à leurs officiers, ils possédaient suffisamment de métier pour savoir que le salut se trouvait vers l’avant: bientôt, ils seraient au contact, interdisant à l’artillerie de marine de poursuivre ses tirs, sauf à tuer les siens.
    Sur la gauche du dispositif républicain, la cavalerie s’élança pour la seconde fois en vingt-quatre heures contre l’aile droite de l’armée Blacfort.
    Au même instant, surgissant de terre, des troupes républicaines chargeaient l’aile gauche vendéenne, mais sur ses arrières. La lunette collée à son œil unique, Blacfort distingua les premiers degrés des échelles. Interdisant toute approche aux chouans, les Indiens avaient servi aussi à cela: dissimuler pendant un mois de formidables travaux de terrassements. En renfort immédiat, une partie de la 123 e avança au pas et au son des fifres et des tambours: les quarante grenadiers noirs avec leurs grands bonnets à poils, les Américains bannières au vent, les Indiens félins en uniformes gris, les Espagnols raides comme les tercios de jadis, les Anglais, les marins armés des redoutables biscaïens: cette fois, tandis que l’aile gauche vendéenne ployait sous l’assaut de la cavalerie, l’aile droite était enfoncée.
    Blacfort, effaré, vit alors le gros de la 123 e regroupé au centre se mettre en branle.
    Sur un haut cheval bai brun, le général Valencey d’Adana, plumes tricolores au vent, allait plusieurs mètres devant ses troupes compactes. Au son d’une musique atrocement joyeuse, trois compagnies de fusiliers de marine, soit trois cents hommes, se mettaient en marche sur toute la largeur du front et ces rectangles bleus avançaient avec une stupéfiante perfection.
    Dès que les Vendéens furent à vue, les fusiliers, se répartissant en deux lignes qui alternaient, ouvrirent un feu roulant.
    Et ce fut l’hallali.
    Des Vendéens tentèrent de rebrousser chemin vers la forêt mais, aussitôt, les canonniers de marine les foudroyèrent.
    Revenant à la charge pour la troisième fois, O'Shea enfonça définitivement l’aile gauche mais presque aussitôt, touché, l’Américain vida les étriers.
    Une troupe tout de noire vêtue, lancée au grand galop, contourna la cavalerie et les vingt-cinq hommes de la police secrète s’attaquèrent directement à Blacfort et son état-major, le général vendéen trouvant son salut dans la fuite vers la forêt tandis que ses officiers se faisaient massacrer. Cela fait, Gréville fit tourner bride à sa noire cavalerie pour attaquer les arrières vendéens. Les hommes de la Secrète se révélaient d’exceptionnels sabreurs, des combattants d’élite, et l’on comprit seulement alors que tous ces policiers avaient été au préalable officiers dans l’armée.
    Un dernier carré de Vendéens se forma alors et tourna toute sa haine contre les grenadiers noirs et les volontaires étrangers. On se battit au corps à corps, les Mayas et Bravos au couteau de pierre, les Espagnols à l’épée, les grenadiers à la baïonnette, les Anglais au sabre tandis que les Américains, toujours pressés, luttaient à coups de crosse en faisant éclater crânes et mâchoires.
    Puis arriva cet instant étrange dans les batailles où tout cesse brusquement, où l’évidence s’impose. Les Vendéens survivants, une centaine, levèrent les mains, aussitôt entourés par une nuée de baïonnettes.
    Des grenadiers noirs emportaient le corps inanimé du capitaine Hyppolite.
    Sur l’arrière, les hommes de la police secrète en campagne, soldats politiques, interrogeaient déjà les officiers prisonniers: les condamnés à mort par contumace, déjà jugés, étaient immédiatement fusillés, les autres se trouvaient prestement mains liées derrière le dos tandis qu’on les débarrassait violemment des écharpes et cocardes blanches.
    Valencey d’Adana, qui l’avait beaucoup surveillée en dissimulant son angoisse, voyait Victoire à côté de son cheval boiteux. Elle échangea quelques mots avec un Américain lequel, charitablement, abattit le cheval.
    – C'est fini!… lança Mahé.
    – À quel prix!… répondit Valencey d’Adana en baissant sa lunette d’approche. Des centaines de corps jonchaient le sol du camp retranché.
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