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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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démembrés.
    — Et quelle est la morale, à votre avis ? demanda le professeur en souriant à la classe assemblée sous le chêne.
    Aucune main ne se leva. Les élèves savaient qu’ils devaient se garder de parler, même pour répondre à une question, quand il racontait une histoire.
    Ils sont prêts, pensa-t-il en observant leurs visages, la confiance de leurs mouvements. Ils sont impatients de se faire à leur tour une réputation au combat, de placer leur réticule sur le cœur de cibles en chair et en os. Je sais comment un homme peut tuer, mais je m’étonne encore qu’il soit si pressé de risquer sa vie pour le faire.
    — La morale, jeunes ignorants, est la suivante : ne cherchez jamais à être un héros, ni sur un cheval ni ailleurs. Restez à couvert.

2
     
    Quelques minutes après que le corps de Hofstetter eut été emmené à l’arrière, la compagnie de Nikki reçut l’ordre d’aller prendre position à l’ouest de l’usine de tracteurs. L’assaut final avait été donné contre l’usine voisine, les Barricades. Ce serait le coup de grâce ; il ne faudrait qu’une ou deux semaines de plus pour déloger les rouges des Barricades et les pousser dans la Volga.
    Le capitaine Mercker divisa sa compagnie de quatre-vingts soldats en pelotons de dix hommes. Il craignait que des tireurs embusqués ou des mitrailleuses mobiles ne fauchent ses troupes ou les bloquent si toute la compagnie avançait d’un coup. Il compta les dix premiers hommes, désigna Nikki.
    — Caporal, vous connaissez notre objectif ?
    Nikki inclina sèchement la tête.
    — Oui, mon capitaine.
    — Vous prenez le commandement du premier peloton. Approchez-vous à quinze cents mètres des Barricades, trouvez un lieu sûr où la compagnie pourra se regrouper.
    — Bien, capitaine.
    — En avant. Et gardez la tête baissée.
    Nikki examina les neuf hommes qui devaient se précipiter derrière lui. Tous avaient un visage jeune, blême et sinistre, comme le sien. Tous interchangeables, pensa-t-il. Jetables après utilisation, comme autant de chiffons. Il récita une brève prière silencieuse pour qu’ils soient encore neuf la prochaine fois qu’il les compterait.
    — Vous mettez vos pas dans les miens, dit-il. Vous faites exactement comme moi.
    Il courba le dos, fléchit les genoux. Au bout de son bras, son fusil frôlait le sol. Il tendit le cou et leva la tête, comme une tortue. Dans cette position, pénible mais permettant à un homme debout d’offrir la plus petite cible possible, Nikki sortit à découvert dans la rue.
    Il courut par à-coups, longeant les contours des bâtiments et les gravats. Derrière lui, ses neuf hommes imitaient le moindre de ses gestes. Ils s’accroupissaient et attendaient l’un après l’autre derrière l’abri qu’il avait choisi, reprenaient haleine dans les cratères de bombe et les fossés où il s’était jeté. Nikki choisissait chaque position avec soin, sachant que chaque pas qu’il faisait serait répété neuf fois. Il ne restait jamais à découvert plus de dix mètres. Sur une distance aussi courte, il fallait qu’un tireur soit exceptionnellement bon ou chanceux pour pouvoir le mettre en joue et le toucher. S’il tombait dans la ligne de mire d’une mitrailleuse rouge, il aurait peut-être encore le temps de se plaquer au sol et de se mettre à l’abri derrière quelque chose, n’importe quoi. Ce qui le préoccupait le plus, c’était ses nerfs. Il savait qu’une erreur pouvait lui coûter la vie mais aussi celle du cinquième ou du dernier soldat de son groupe.
    À deux reprises des détonations claquèrent. Nikki se figea. Les balles n’atteignirent pas ses hommes et ne furent pas suivies d’autres coups de feu. Ce n’étaient que les convulsions sporadiques de la bataille de Stalingrad, comme si une loi non écrite interdisait un silence prolongé. Il recouvrait son souffle, repartait.
    Depuis un moment déjà, l’objectif était en vue. Les trois gigantesques usines s’alignaient le dos au fleuve :
    l’usine de tracteurs, les Barricades et Octobre-Rouge. Autour d’eux, sur un kilomètre à la ronde, s’étendait le champ de bataille labouré par les bombes, jonché d’engins de guerre disloqués, comme des morceaux de charbon jetés sur le sol avec une pelle. À quinze cents mètres du bâtiment du milieu, les Barricades, Nikki traversa un large boulevard et se jeta dans une tranchée abandonnée. Puis il fit signe à ses hommes de le rejoindre et
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