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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999)
Autoren: David Robbins
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Le doigt augmentant la pression sur la détente, il avait attendu. Cinq secondes plus tard, la tête était apparue dans le réticule. Allemand stupide et imprudent. Mort.
    Viktor attendait maintenant qu’un autre imprudent se place dans son collimateur. Il arrivait parfois que le camarade de l’homme dont une balle avait emporté l’arrière du crâne saisisse son fusil ou ses jumelles pour se venger du tireur russe. Sous le choc, le survivant accomplissait un acte de courage et de loyauté envers le cadavre qui remuait encore près de lui. Zaïtsev et Viktor traquaient le courage aussi bien que la stupidité.
    Une minute s’écoula ; Zaïtsev poussa Viktor du coude.
    — Faut y aller, l’Ours.
    Medvedev abaissa sa lunette. Quittant le tas de briques derrière lequel ils étaient tapis, à cinquante mètres seulement du no man’s land, ils rampèrent à reculons jusqu’à une cuvette. Ils glissèrent leurs armes dans deux longs sacs en mousseline sale auxquels ils attachèrent une corde, puis ils continuèrent à reculer parmi les débris. Si près du front, un fusil ballottant sur leur dos aurait attiré l’attention.
    Il leur fallut cinq minutes pour traverser en rampant les trente mètres d’un boulevard à découvert et se réfugier dans la carcasse d’un bâtiment. Ils tirèrent alors les sacs à eux, lentement pour que le mouvement passe inaperçu dans la lumière de l’aube.
    Ils restèrent une heure à l’intérieur, au cas où un tireur nazi les aurait vus entrer et attendrait qu’ils ressortent. L’attente éprouverait la patience de l’ennemi ainsi que sa capacité physique à demeurer concentré sur son réticule pendant soixante minutes vides.
    Zaïtsev prit dans son sac à dos son carnet de tireur d’élite, y griffonna quelques mots puis le tendit à Medvedev.
    — Signe, Viktor.
    Medvedev lut le compte rendu de la chasse : 17/10/42. Quadrant NE, secteur de l’usine de tracteurs. Bunker allemand. Observateur avancé. 450 mètres. Coup dans la tête. Il signa. Témoin : adjudant Medvedev. D’un geste vif, Viktor dessina une paire d’oreilles rondes, un museau renfrogné et les fentes de deux yeux furieux. L’Ours, écrivit-il sous son croquis.
    L’adjudant Medvedev était un Sibérien aux larges épaules, un homme sombre et puissant, dont le nom venait de medved, « ours » en russe. Il avait pour compagnon un autre Sibérien au visage rond et plat de Mongol, Vassili Zaïtsev. Plus petit que Viktor, Zaïtsev était sec et nerveux, rapide. Comme le lièvre, zayats en russe, dont il tirait son nom.
    Ils étaient les deux seuls membres de l’unité de tireurs d’élite de leur division qui opéraient directement sur le front. Les douze autres restaient enterrés sous les ruines, quelques centaines de mètres plus loin. Opérer si près des Allemands faisait appel à toutes leurs qualités de chasseur, éprouvait leurs nerfs et leur ruse, mais cela permettait aux deux Sibériens d’atteindre les troupes nazies à plusieurs centaines de mètres du front. Leur lunette dénichait non seulement des fantassins, des mitrailleurs et des observateurs d’artillerie, la chair à canon habituelle, mais aussi des officiers pris par surprise.
    Viktor extirpa de son sac une bouteille de vodka à moitié pleine, inclina le goulot vers Zaïtsev.
    — Joli coup, Lièvre.
    Il but, mit la bouteille dans la main tendue de l’adjudant-chef.
    — T’as plus de patience que moi, ajouta-t-il.
    Zaïtsev s’essuya les lèvres.
    — Comment ça ?
    — Moi, j’aurais tiré dans cette foutue gourde ! s’esclaffa l’Ours.
    Le colonel de SS Heinz von Krupp Thorvald se tourna vers l’auditoire qui l’applaudissait.
    Une quinzaine de ses élèves s’étaient rassemblés devant le champ de tir pour voir leur maître, le directeur de l’école des tireurs d’élite des SS, gagner un pari.
    Le lieutenant Brechner s’avança, mit un billet de dix marks dans la main du colonel puis inclina le buste de manière théâtrale. Thorvald accepta l’argent, rendit la courbette et fit signe au soldat haletant qui venait de parcourir les mille mètres du champ, une cible en papier à la main.
    Thorvald montra le carré de papier à Brechner, passa l’index dans le trou percé au centre de la cible, l’agita.
    — Un ver, dit-il. Qui sort de la tête d’un Russe.
    Un rire monta du groupe d’élèves. La capacité de leur colonel à tirer aussi loin était sans intérêt sur le plan de la tactique militaire car,
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