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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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frères Morin. Physiquement,
il ressemblait beaucoup plus à sa mère qu'à son père. Il avait hérité de sa
figure ronde et de son épaisse chevelure brune. Toutefois, sa placidité et son
amour des jeunes lui étaient propres.
     
    Après ses études
secondaires, il avait opté pour l'enseignement.
     
    — Ça va te
rapporter combien cette job- à} lui avait alors demandé sa mère, qui trouvait
que ses études avaient déjà trop duré.
     
    — Si j'ai mon
brevet B, au-dessus de quatre mille piastres par année, m'man.
     
    — Pas plus que
ça! s'était-elle exclamée, dépitée. Ça sert à quoi d'avoir des diplômes si ça
rapporte pas mieux?
     
    28
    — C'est une belle
job pareil, avait approuvé son père.
     
    Elle est pas
salissante et un maître d'école a deux mois de vacances par année.
     
    Laurette avait
fini par accepter le choix de profession de son fils, fière au fond d'elle-même
que l'un des siens ait assez de talent pour faire des études poussées.
     
    — Ça va être un
«monsieur», se plaisait-elle à dire aux voisines qui lui demandaient ce que son
second fils faisait au moment où il étudiait encore. Pensez donc, il va devenir
un maître d'école, ajoutait-elle.
     
    Gilles avait
décroché son diplôme d'enseignant à l'École normale Jacques-Cartier de la rue
Sherbrooke en mai
    1960. Trois mois
plus tard, la Commission des écoles catholiques de Montréal l'avait engagé pour
enseigner à des jeunes de cinquième année, de l'école Le Plateau de la rue
Calixa-Lavallée. Durant les quatre années suivantes, le nouvel enseignant
s'était attaché à convaincre son directeur d'école de sa compétence et, en
règle générale, ses élèves l'aimaient bien.
     
    Un an et demi
auparavant, il avait rencontré Florence Messier, une institutrice de l'école
Jeanne-Mance, lors d'une réunion syndicale. Au premier abord, la jeune femme de
trente-trois ans avait une apparence assez rébarbative avec son chignon noir
impeccable et ses lunettes à monture dorée. Elle avait un visage sérieux. Son
chemisier blanc strictement boutonné et sa jupe noire lui conféraient même un
air austère.
     
    Pour une raison
inconnue, Gilles tomba immédiatement sous son charme dès qu'il la vit sourire.
Son sens de l'humour et sa gentillesse le conquirent. Ses yeux bleus pétillants
d'intelligence l'attirèrent comme un aimant.
     
    Bref, il tomba
amoureux de la jeune femme dès leur seconde rencontre. Il apprit vite à la
connaître et à l'apprécier.
     
    29
    Florence
demeurait dans un petit appartement de la rue Davidson avec sa mère. Enfant
unique et orpheline de père, Florence avait toujours pris soin d'elle. Peu à
peu, la jeune femme s'était enfermée dans un célibat que seules ses lectures
venaient égayer. Lorsqu'elle avait eu trente ans, elle s'était résignée à
l'idée de demeurer célibataire et avait organisé son emploi du temps en
fonction du choix que le sort semblait en voie de lui imposer. Sa mère et ses
élèves étaient devenus les deux seuls pôles d'attraction d'une vie bien rangée.
     
    L'arrivée
inopinée de Gilles Morin dans sa vie bouleversa la jeune institutrice.
Lorsqu'il lui demanda la permission de la fréquenter après l'avoir attendue
plus d'une heure à la porte de l'école Jeanne-Mance, à la fin d'un après-midi
de janvier, Florence avait d'abord prétendu que les sept ans qui les séparaient
étaient un obstacle insurmontable.
     
    Pourtant, il
plaida si bien sa cause qu'elle finit par céder et accepta de faire un essai.
Le samedi suivant, elle le présenta à sa mère, elle-même une institutrice
retraitée. Dès leur premier contact, il plut à Marguerite Messier, qui
encouragea sa fille à délaisser un peu ses livres au profit du jeune homme.
     
    Gilles se garda
bien de parler de ses nouvelles amours aux siens avant d'être assuré que la
jeune femme ne le rejetterait pas. Il attendit deux mois avant d'avouer s'être
fait une amie.
     
    — C'est qui cette
fille-là? lui avait alors demandé sa mère.
     
    — Une maîtresse
d'école, m'man.
     
    — Qu'est-ce que
t'attends pour nous la présenter? Est-
    ce que, par
hasard, t'aurais honte de nous autres? s'était empressée de dire Laurette,
méfiante.
     
    — Ben non, m'man.
C'est juste que j'attendais que ça devienne un peu plus sérieux avant de vous
la présenter.
     
    30
    — Ah Í Parce que
c'est sérieux, ton histoire? — On le dirait.
     
    — Invite-la à
venir souper à la maison dimanche
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