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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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d'aller vivre en appartement et celui dont lui avait
parlé Valérie, sa copine, semblait convenir parfaitement à ses besoins et à sa
bourse.
     
    Le sommeil la
surprit au moment où elle calculait dans sa tête ce qu'allait lui coûter son
installation. Il lui faudrait se contenter de meubles usagés pour commencer
parce que les trois cents dollars économisés depuis qu'elle travaillait ne
suffiraient sûrement pas.
     
    Chapitre 2
    Un dimanche Un
mois plus tard, un printemps précoce se décida enfin à montrer le bout de son
nez dans la région montréalaise.
     
    Depuis une
dizaine de jours, le temps doux avait fait son apparition et la neige s'était
doucement mise à fondre, révélant des déchets qu'elle avait pudiquement
dissimulés aux regards durant tout l'hiver. Dans la rue Emmett, toute trace de
glace avait même disparu sur les trottoirs inégaux.
     
    Dès le milieu de
l'avant-midi, le soleil réchauffait suffisamment l'air pour que l'eau se mette
à circuler sous la mince couche de glace laissée par la nuit avant de s'écouler
dans les caniveaux.
     
    Le troisième
dimanche de mars, Laurette se leva tôt et se dirigea sans bruit vers la cuisine
pour ne pas réveiller les siens. Son premier geste consista à allumer le poêle
pour réchauffer la pièce. Depuis près de deux semaines, les nuits étaient moins
froides et les Morin n'utilisaient plus que la fournaise à huile du couloir
durant la nuit pour maintenir une certaine chaleur dans l'appartement. Elle
brancha ensuite la bouilloire et se prépara une tasse de café avant de soulever
la toile qui masquait l'unique fenêtre de la pièce. Le jour venait à peine de
se lever.
     
    — Ah ben bonyeu,
il manquait plus que ça! s'exclama-t-elle
    en voyant le ciel
obscurci par de gros flocons qui tombaient serrés. C'est pas vrai! Ça va pas
recommencer!
     
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    Déjà, le toit
rouillé du hangar, le balcon et les marches de l'escalier conduisant chez les
Beaulieu étaient recouverts d'une épaisse couverture de neige qui, en ce
dimanche matin, feutrait l'atmosphère.
     
    Déprimée par le
spectacle, elle s'assit dans sa chaise berçante et alluma sa première cigarette
de la journée. Elle profita de ce moment de solitude pour planifier ce qu'elle
allait servir pour souper à ses invités. Elle avait suffisamment de jambon et
le gâteau au chocolat préparé la veille par Carole allait suffire.
     
    — S'ils sont pas
contents avec ça, dit-elle à mi-voix, ils se lécheront la patte et ils iront
manger au restaurant ou chez eux.
     
    Quand elle disait
«eux», elle parlait de la famille de sa fille aînée, Denise, ainsi que de son
fils Richard et de sa femme, Jocelyne.
     
    Depuis quelques
années, Denise venait visiter ses parents un dimanche après-midi sur deux avec
son mari et ses trois enfants. Les Crevier habitaient la rue Frontenac près de
Notre-Dame, depuis leur mariage, neuf ans plus tôt. Pierre était toujours
débardeur au port de Montréal et c'était même lui, le colosse, qui avait aidé
son beau-père à obtenir son emploi de gardien de sécurité dans les entrepôts du
port après quatre longs mois de chômage.
     
    Pour sa part,
Richard avait épousé Jocelyne Ouellet cinq ans plus tôt et le jeune couple
s'était installé rue Plessis, dans un appartement récemment rénové. Le
troisième fils des Morin ne venait pas rendre visite à ses parents de façon
aussi régulière que sa soeur aînée, mais il ne se passait guère de mois sans
qu'il apparaisse une ou deux fois rue Emmett.
     
    — Si Richard
était pas venu, on aurait pu se tasser et faire juste une tablée, se dit la
mère de famille avec
    38
    mauvaise humeur.
Là, on va être poignes pour faire manger les enfants à part. Viarge que j'haïs
ça! Après ça, on va les entendre crier tout le temps qu'on va manger.
     
    À huit heures,
elle alla réveiller tous les siens pour qu'ils se préparent pour la messe.
     
    — Habillez-vous
chaudement, prit-elle la peine de les prévenir. Il neige à plein ciel. On
retourne en hiver à matin!
     
    Environ une heure
plus tard, Carole fut la première à endosser son manteau et à chausser ses
bottes.
     
    — Tu vas arriver
ben trop en avance, lui fit remarquer sa mère en train de brosser ses cheveux devant
le petit miroir suspendu au-dessus de l'évier de la cuisine.
     
    — André s'en
vient me chercher pour aller à la messe, se contenta de dire sa fille.
     
    Laurette ne fit
aucun commentaire, mais son rictus disait
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