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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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n'avait pas cessé de songer à la
signification de ce qui s'était produit ce soir-là. Pas de possibilité de
promotion, pas d'augmentation possible de traitement. Un salaire inchangé
signifiait l'obligation de continuer à demeurer rue Emmett.
     
    C'était l'unique
solution s'il voulait économiser un peu.
     
    Le fils de
Laurette Morin était semblable à la majorité des hommes travaillant à la
banque. Il voulait faire carrière dans le domaine. Si la plupart des femmes se
contentaient d'occuper un poste de caissière, les hommes désiraient
généralement gravir le plus rapidement possible les échelons allant de commis à
gérant dans une succursale. Dans cette perspective, le travail de moniteur
indiquait que vous étiez apte à prendre des responsabilités et que vous visiez
déjà le poste de comptable, prochaine étape de votre ascension.
     
    Le moniteur se
détachait déjà de la masse des employés en étant responsable de la formation et
du travail des commis et des caissiers. Il allait de soi que son salaire était
supérieur à celui d'un simple caissier.
     
    Seul dans sa
chambre, il cherchait désespérément à sortir de l'enfer dans lequel il se
sentait piégé. Pendant un moment, il songea à démissionner pour chercher à se
faire engager par une autre banque... Mais il y renonça rapidement en se
rappelant qu'il avait déjà posé sa candidature à la Banque de Montréal et à la
Banque Nationale avant d'être engagé à la Banque d'Épargne. On avait rejeté sa
demande aux deux endroits parce qu'il ne parlait pas suffisamment bien
l'anglais.
     
    La solution
serait probablement de demander un nouveau transfert de succursale... Mais ce
genre de demande
    26
    était, en
général, assez mal vu par les autorités et la réputation du transféré le
suivait habituellement à son nouveau lieu de travail. La preuve en était qu'à
la succursale Saint-
    Denis, où il
avait travaillé plus de trois ans, on l'avait à peine mieux traité.
     
    Jean-Louis finit
par éteindre sa lampe de chevet sans ouvrir son roman et il s'endormit avant
même que ses parents aient éteint le téléviseur dans la cuisine, après les
informations. Pendant que Laurette se préparait pour la nuit, Gérard régla à la
baisse le chauffage du poêle et de la fournaise avant d'entrer dans leur
chambre à coucher.
     
    Ils firent
rapidement leur prière commune, agenouillés chacun de leur côté du lit.
     
    — T'as pas trop
baissé le chauffage? demanda Laurette en s'étendant dans le lit.
     
    — Ben non.
     
    — Laisse la porte
de chambre entrouverte pour laisser entrer un peu de chaleur. On gèle ben raide
ici dedans. À matin, il y avait de la glace sur les plinthes quand je me suis
levée, ajouta-t-elle. Dans ce maudit appartement-là, il y a jamais moyen
d'avoir chaud.
     
    — Je le sais. Ça
fait trente-quatre ans que tu me répètes la même affaire chaque hiver, répliqua
Gérard en entrouvrant la porte avant de se glisser dans le lit à son tour.
     
    Avant, tu te
plaignais de la fournaise à charbon en disant qu'elle chauffait pas assez.
Depuis quatre ans, t'arrêtes pas de te lamenter de la fournaise à l'huile. T'es
jamais contente.
     
    — Maudit verrat,
c'est pas de ma faute si cette cabane-
    là est pas
chauffable! rétorqua sèchement Laurette.
     
    A l'extérieur, le
bruit d'une voiture s'arrêtant devant la maison fut suivi de claquements de
portières. Puis une autre auto freina tout près de la première. Un instant plus
tard, la porte d'entrée s'ouvrit. Il y eut des pas et des
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    chuchotements
dans l'entrée. Laurette se souleva sur un coude pour demander: — C'est qui ça?
— Nous autres, m'man, répondit une voix masculine.
     
    — T'es avec
Carole? — Oui, m'man, répondit Carole à son tour. Mon oncle vient de me laisser
devant la maison juste au moment où Gilles arrivait.
     
    — Faites pas trop
de bruit pour pas réveiller Jean-
    Louis. Il dort
déjà.
     
    Les deux jeunes
souhaitèrent une bonne nuit à leurs parents et disparurent chacun dans leur
chambre.
     
    Gilles prit la
précaution de tirer le rideau séparant sa chambre de celle de son frère avant
d'allumer sa lampe de chevet. Il se déshabilla rapidement, s'empara d'un crayon
à l'encre rouge et d'une pile de travaux d'élèves, et s'installa contre ses
oreillers avec l'intention de corriger des copies durant quelques minutes avant
de dormir.
     
    Le jeune homme
était le plus petit, mais le plus costaud des trois
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