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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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femme.
     
    Laurette,
satisfaite, le vit pénétrer dans leur nouvelle chambre à coucher. Elle n'avait
pas envie de dormir. Elle était trop excitée de se retrouver dans la maison de
son enfance. Elle prit sa vieille chaise berçante et la plaça exactement là où
sa mère mettait la sienne, devant la fenêtre de la cuisine. Elle s'y assit
lourdement, sentant pour la première fois la fatigue de cette longue journée.
     
    Soudain, à la vue
du reflet de sa figure dans la vitre de la fenêtre, elle réalisa qu'elle avait
maintenant presque le même âge que sa mère quand elle était décédée et les
larmes lui vinrent aux yeux.
     
    — Ben, m'man,
comme tu peux le voir, je suis revenue, dit-elle à voix basse en se passant une
main lasse sur le front.
     
    Épilogue.
     
    En ce début de
soirée du 13 novembre, une petite neige folle tombait doucement sur Montréal au
moment où une grosse Ford Crown Victoria 1982 bleu nuit vint s'immobiliser
lentement devant le 2429 de la rue Champagne.
     
    — J'en ai pas
pour longtemps, dit Richard à sa femme en s'extirpant de sa voiture.
     
    Le quadragénaire
aux tempes grises fit quelques pas et alla sonner à la porte. Un instant plus
tard, son père vint lui répondre et le fit entrer.
     
    — Ta mère est
presque prête, lui dit Gérard en endossant son paletot.
     
    À soixante-douze
ans, Gérard Morin était demeuré assez alerte, même s'il s'était légèrement
voûté avec les années. Il ne lui restait plus qu'une mince couronne de cheveux
blancs et sa vue avait encore baissé.
     
    — J'arrive, dit
Laurette en sortant de sa chambre à coucher.
     
    La femme de
soixante-dix ans vêtue d'une robe rouge vin s'avança lourdement dans le
couloir. Avec l'âge, elle s'était peut-être un peu tassée, mais elle n'avait
toujours pas perdu de poids. Elle avait conservé son épaisse chevelure
maintenant blanche et, depuis quelques années, elle devait porter en tout temps
ses lunettes.
     
    — T'es pas tout
seul, j'espère? dit-elle en acceptant l'aide de son fils pour mettre son
manteau.
     
    — Non, m'man.
Jocelyne est dans le char.
     
    — Et les enfants?
     
    535
    — Catherine et
Daniel aimaient mieux aller passer la soirée chez des amis d'école, répondit
Richard en ouvrant la porte.
     
    — Il me semble qu'ils
auraient ben pu laisser faire les amis pour venir fêter le cinq centième char
que leur père a vendu, intervint Gérard, réprobateur.
     
    — Vous le savez
aussi ben que moi, p'pa. On fait pas ce qu'on veut avec les enfants,
aujourd'hui.
     
    Richard et Jocelyne
n'avaient pourtant pas trop à se plaindre de leurs deux enfants. Catherine, qui
allait avoir seize ans le mois suivant, était une adolescente studieuse et
obéissante. Il en allait tout autant de Daniel, le garçon à qui Jocelyne avait
donné naissance deux ans après l'adoption de Catherine.
     
    Richard donna le
bras à sa mère pour l'escorter jusqu'à la voiture pendant que son père
verrouillait la porte de l'appartement.
     
    — Barre ben la
porte, dit Laurette à son mari. Il manquerait plus qu'on se fasse voler à cette
heure.
     
    — Ben oui, ben
oui, fit Gérard, légèrement exaspéré.
     
    — Verrat! C'est
pas chaud à soir, dit-elle aux deux hommes en réprimant difficilement un
frisson.
     
    Richard ouvrit la
portière arrière de sa voiture et sa mère se glissa péniblement sur la
banquette. En plus de ses ennuis avec le diabète, la septuagénaire faisait face
à des problèmes d'arthrite depuis deux ou trois ans. «C'est normal que j'aie
poigne ça, disait-elle, résignée. J'ai vécu toute ma vie dans un logement où on
passait nos hivers à geler tout rond, bonyeu!»
     
    Gérard vint
rejoindre sa femme à l'arrière de la voiture.
     
    Richard se mit au
volant et démarra lentement pour ne pas inquiéter sa mère qui était toujours
aussi craintive quand elle prenait place à bord d'une automobile.
     
    536
     
    ÉPILOGUE — On
aurait ben pu fêter ça à la maison, dit Laurette au moment où la voiture
arrivait au coin des rues Sainte-
    Catherine et
Dufresne. J'ai un bon jambon dans le frigidaire.
     
    Ça vous aurait
éviter de gaspiller de l'argent pour rien.
     
    — Ben non, madame
Morin, fit Jocelyne en tournant la tête vers sa belle-mère. Richard tient
absolument à fêter au restaurant son cinq centième char vendu.
     
    Richard se
contenta de hocher la tête. Le cadet des fils de Laurette pouvait se vanter
d'avoir bien réussi. Son acharnement au
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