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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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Mais
ça coûte rien de s'informer, rétorqua Laurette. Bon. On va te laisser
travailler, Pierre, dit-elle à son gendre. On t'a assez fait perdre de temps.
     
    Le couple rentra
en silence à son appartement de la rue Emmett. À voir la figure pensive de
Laurette, il était évident qu'elle mijotait quelque chose.
     
    — Ils sont
chanceux ceux qui restent en haut de Sainte-
    Catherine,
dit-elle en mettant de l'eau à bouillir dans la bouilloire pour préparer des
tasses de café. Eux autres ont pas à se demander tous les mois si on viendra
pas les sacrer dehors parce qu'on démolit la maison.
     
    Son mari ne dit
rien. Il se contenta de replier La Presse qu'il avait laissée sur la table
avant leur promenade.
     
    — C'est sûr que
les loyers doivent être un peu plus chers que dans notre coin, mais il faut
reconnaître que les logements sont pas mal mieux entretenus.
     
    — C'est certain
qu'ils sont plus chers, dit Gérard sur un ton cassant. Tout ce que je sais,
c'est qu'on n'a pas pantoute les moyens d'aller rester ailleurs, ajouta-t-il,
l'air buté.
     
    — Il y a personne
qui te parle de déménager, fit Laurette. Mais même si tu continues à te boucher
les yeux et à dire qu'ils vont pas démolir la maison avant des années, il reste
que la compagnie nous fera pas encore signer de bail cette année parce qu'elle
a toujours dans la tête de
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    jeter la maison à
terre. C'est ça qui va arriver, que tu le
    veuilles ou non,
maudit verrat! Il sera pas nécessaire de déménager, persifla-t-elle, ils vont
nous sacrer dehors avec nos guenilles. On a juste à attendre d'être dans la rue
pour se réveiller. C'est pas plus grave que ça...
     
    — Calvaire que tu
peux être fatigante quand tu t'y mets! explosa Gérard en prenant la tasse de
café qu'elle venait de déposer devant lui, sur la table. Bon. On a assez parlé
de ça à soir. Là, je veux regarder la télévision tranquille.
     
    L'obscurité
venait de tomber lorsque Jean-Louis rentra.
     
    Il déposa les
clés de la Chevrolet sur le rebord de la fenêtre avant de se verser un verre de
cola.
     
    — J'ai mis dugas
dans le char, dit-il à son père, qui venait d'entrer dans la salle de
télévision.
     
    Le jeune homme
prit place à table, la mine sombre.
     
    Depuis le retour
de son père, la veille, il avait dû renoncer à utiliser la Chevrolet comme si
elle lui appartenait. Il lui fallait maintenant demander la permission de
l'utiliser quand il en avait besoin, comme l'été précédent.
     
    Sa mère,
installée à l'autre extrémité de la table, était occupée à confectionner sa
provision de cigarettes pour la semaine. Comme d'habitude, elle avait étendu le
contenu d'une boîte de tabac sur une feuille de journal pour le faire sécher un
peu et elle utilisait un tube métallique pour fabriquer ses cigarettes.
     
    Devant le silence
persistant de son fils, Laurette finit par lever la tête et remarqua son air
préoccupé.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe? On dirait que t'as perdu un pain de ta fournée.
     
    — Ah! rien,
répondit-il, évasif.
     
    — Dis-moi pas
qu'il se passe rien quand t'as le visage long comme un jour de carême.
     
    — C'est Marthe,
finit-il par avouer à contrecoeur.
     
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    — Qu'est-ce
qu'elle a? — Ben, à soir, je suis arrêté voir Carole pour lui dire que p'pa
était revenu à la maison, dit le jeune homme à voix plus basse.
     
    — Puis? — Marthe
m'a dit qu'elle allait peut-être retourner à Rivière-du-Loup où son père et sa
mère restent.
     
    — Pour tout le
temps? — On le dirait. Il paraît qu'une de ses cousines l'a appelée hier soir
pour lui dire qu'il y aurait une bonne job pour elle à la caisse populaire.
Elle a l'air pas mal tentée.
     
    — Qu'est-ce
qu'elle ferait de son appartement? Je pense pas que Carole ait les moyens de
rester là toute seule.
     
    — C'est sûr que
Carole serait obligée de se trouver autre chose.
     
    — Je trouve que
ce serait de valeur que Marthe parte, finit par déclarer Laurette après un
moment de réflexion.
     
    C'est une fille
qui a ben de l'allure... et elle est loin d'être laide, à part ça.
     
    — C'est vrai,
reconnut son fils.
     
    — On dirait que
ça te fait pas grand-chose qu'elle s'en aille.
     
    — Ça me fait
quelque chose, finit-il par avouer, l'air piteux.
     
    — Lui as-tu dit
au moins? lui demanda sa mère en train de perdre patience.
     
    — Ben...
     
    — Ben quoi? Oui
ou non? Depuis le temps que vous vous voyez, je
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