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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps
Autoren: Michel David
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bruyante.
     
    Coin Dufresne,
Laurette tourna vers le nord et son mari la suivit, persuadé qu'elle avait
l'intention de se limiter à faire le tour du quadrilatère qui les ramènerait
rue Fullum. Cependant, lorsqu'ils arrivèrent au coin de la rue
Sainte-Catherine, Laurette s'arrêta un bref moment pour lui demander:
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    — Est-ce que ça
te dérange qu'on aille voir l'ancien appartement où je restais quand j'étais
jeune? — Ah! C'est pour aller là que tu tenais tant à ce
    qu'on aille faire
une marche, fit son mari qui venait de comprendre.
     
    Laurette ne nia
pas. Ils traversèrent la rue, franchirent la centaine de pieds qui les séparait
de la rue Champagne et tournèrent à droite en face de l'hospice Gamelin. Aux
yeux de la quinquagénaire, la petite artère entre Dufresne et Poupart semblait
avoir conservé son charme d'antan. La seule différence venait peut-être du
nombre d'automobiles stationnées des deux côtés de la rue.
     
    Trois fillettes
jouaient à la corde à danser sur le trottoir, à courte distance du 2429. Cette
scène lui rappela l'époque lointaine où elle s'amusait au même jeu en compagnie
de Suzanne Tremblay et des soeurs Cholette, ses amies inséparables.
     
    Pendant un court
moment, elle s'attendit même à voir apparaître sa mère sur le pas de la porte
pour lui ordonner de rentrer mettre le couvert pour le souper.
     
    — Mon Dieu, que
le temps passe vite, ne put-elle s'empêcher de murmurer au moment où Gérard
sonnait à la porte.
     
    Pierre Crevier
vint leur ouvrir un instant plus tard, sa chemise couverte de bran de scie.
     
    — Un peu plus, je
vous entendais pas sonner, s'excusa-t-
    il. J'étais en
train de scier sur le balcon en arrière. Entrez.
     
    Venez voir de
quoi ça a l'air.
     
    Laurette entra
dans l'appartement avec un serrement de coeur. A première vue, rien n'avait
changé depuis sa dernière visite, soit le jour où elle avait fini de disposer
des maigres possessions de sa mère avec l'aide de ses deux belles-soeurs et de
ses frères.
    Les pièces vides
résonnaient étrangement sous ses pas.
     
    Le salon, à
gauche de l'entrée, n'avait pas plus changé que
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    la chambre des
maîtres, en face. Son ancienne chambre avait été repeinte d'une autre couleur,
mais sa fenêtre donnait toujours sur le passage voûté de la porte cochère.
     
    Elle découvrit
aussi une salle de bain de la même taille qu'autrefois, mais dotée maintenant
de l'eau chaude et d'une baignoire plus moderne. L'ancienne chambre de Bernard
et Armand, dont la fenêtre ouvrait sur le balcon arrière, lui parut plus vaste
qu'auparavant. Enfin, le seul changement notable dans la cuisine consistait en
de nouvelles armoires et un linoléum moins défraîchi que dans son souvenir.
     
    — Puis, madame
Morin, est-ce que ça vous rappelle des souvenirs? lui demanda Pierre qui
montrait l'état des cadrages des fenêtres à changer à Gérard.
     
    — Tu peux pas
savoir comment, répondit Laurette, émue. C'est ben plus grand que dans mon
souvenir, admit-
     
    elle en poussant
la porte arrière de l'appartement.
     
    — Je suppose que
c'est toujours comme ça quand il y a pas de meubles dans une maison, lui fit
remarquer Gérard.
     
    Le balcon avait été
reconstruit en bois traité à la créosote, mais le véritable changement était
que l'ancienne écurie qui avait si longtemps servi à abriter le cheval et la
voiture de son père avait disparu. Le vieux bâtiment avait été remplacé par un
hangar qui ressemblait beaucoup à celui que les Morin avaient, rue Emmett.
     
    — T'avais ben
raison, dit-elle à son gendre en rentrant.
     
    C'est vieux, mais
c'est un logement pas mal propre.
     
    — On voit qu'il a
été ben entretenu, reconnut Pierre.
     
    Même dans la
cave, il y a pas une traînerie. Pour moi, le père Vaccaro aura pas de misère à
le louer quand je vais avoir fini les réparations.
     
    — C'est vrai que
si le propriétaire met de l'argent à le faire réparer, il pense certainement
pas à faire démolir la maison.
     
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    — Ça me
surprendrait pas mal, dit son gendre.
     
    — D'après toi,
est-ce qu'il va demander cher pour le loyer? — J'en n'ai pas la moindre idée,
madame Morin. Mais si ça vous intéresse, je peux toujours lui demander.
     
    Laurette jeta un
coup d'oeil à son mari qui crut deviner ce qu'elle avait en tête.
     
    — Ah non!
J'espère que tu t'es pas mis dans la tête qu'on pourrait venir rester ici
dedans.
     
    — Ben non!
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