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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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    J’avais quatre flèches noires dans ma ceinture,
    Quatre pour les torts que j’ai sentis.
    Quatre pour le nombre de mauvais hommes
    Qui m’ont opprimé bien des fois.
    Un est parti   ; un est bien parti   ;
    Le vieil Apulyaird est mort.
    Une est pour maître Bennet Hatch,
    Qui brûla Grimstone, murs et toit.
    Une pour Sir Olivier Oates,
    Qui coupa la gorge à Sir Harry Shelton.
    Sir Daniel, vous aurez la quatrième
    Et vous ne l’aurez pas volé.
    Vous aurez chacun votre part,
    Une flèche noire dans chaque cœur noir
    Mettez-vous à genoux pour prier.
    Vous êtes des voleurs morts, votre compte est bon.
    Jon RÉPARE-TOUT
    du Bois Vert,
    et sa gaillarde compagnie.
    Item, nous avons d’autres flèches et de bonnes cordes pour d’autres de votre espèce.
    – Hélas   ! Charité et Grâces chrétiennes   ! s’écria Sir Olivier d’une voix lamentable. Messieurs, nous vivons dans un monde mauvais et pire de jour en jour. Je jurerai sur la croix de Holywood que je suis aussi innocent du tort fait à ce bon chevalier, soit en action, soit en pensée, que le nouveau-né non encore baptisé. On ne lui coupa d’ailleurs pas la gorge   ; car en cela aussi ils se trompent, et il y a encore des témoins respectables pour le prouver.
    – Cela ne sert à rien, Monsieur le chapelain, dit Bennet. Ce discours n’est pas de saison.
    – Pas du tout, maître Bennet, pas du tout. Restez à votre place, brave Bennet, répondit le prêtre. Je ferai paraître mon innocence. Je ne veux pour rien au monde perdre ma pauvre vie par erreur. Je prends tout homme à témoin que je ne suis pour rien dans cette affaire. Je n’étais même pas à Moat-House. Je fus envoyé en course avant neuf heures…
    – Sir Olivier, dit Hatch, l’interrompant, puisqu’il vous plaît de ne pas terminer ce sermon, je prendrai d’autres moyens. Goffe, sonnez le boute-selle.
    Et, tandis que la fanfare sonnait, Bennet s’approcha tout près du prêtre ébahi et lui parla à l’oreille avec violence.
    Dick Shelton vit l’œil du prêtre se tourner vers lui un instant avec un regard effaré. Il avait quelque raison d’observer, car ce chevalier Harry Shelton était son propre père. Mais il ne dit mot et garda une physionomie impassible.
    Hatch et Sir Olivier discutèrent un moment sur leur changement de situation   ; il fut décidé entre eux que dix hommes seulement seraient gardés, tant pour tenir garnison à Moat-House que pour escorter le prêtre à travers le bois. En outre, comme Bennet devait rester, le commandement du renfort devait être pris par maître Shelton. Il n’y avait, d’ailleurs, pas autre chose à faire   ; les hommes étaient des lourdauds, stupides et maladroits en guerre, tandis que Dick, non seulement était populaire, mais était sérieux et résolu plus que son âge ne le comportait. Bien que sa jeunesse se fût passée dans ces rudes campagnes, il avait reçu de Sir Olivier un bon enseignement pour les lettres, et Hatch lui-même lui avait appris le maniement des armes et les premiers principes du commandement. Bennet avait toujours été bon et obligeant   ; il était de ces hommes qui sont cruels comme la tombe envers ceux qu’ils appellent leurs ennemis, mais brutalement fidèles et dévoués envers ceux qu’ils appellent leurs amis   ; et, pendant que Sir Olivier entrait dans la maison voisine pour adresser, de son élégante et rapide écriture, un mémoire des derniers événements à son maître, Sir Daniel Brackley, Bennet se rapprocha de son élève, pour lui souhaiter bonne chance au départ.
    – Il faut prendre le plus long, maître Shelton, dit-il   ; faire le tour par le pont   ; il y va de la vie   ! Ayez un homme sûr cinquante pas devant vous pour attirer les coups   ; et allez doucement jusqu’à ce que vous ayez passé le bois. Si les gredins tombent sur vous, galopez   ; il ne sert à rien de leur faire face. Et toujours en avant, maître Shelton   ; ne me revenez pas, si vous tenez à la vie   ; il n’y a rien de bon à espérer dans Tunstall, souvenez-vous-en. Et, maintenant, puisque vous allez aux grandes guerres, et que je continue à demeurer ici au grand péril de ma vie, en sorte que les saints peuvent seuls savoir si nous nous rencontrerons ici-bas, je veux vous donner mes derniers conseils au moment du départ. Ayez l’œil sur Sir Daniel   ; il n’est pas sûr. Ne mettez pas votre confiance dans ce faquin de prêtre   ; il n’a pas de mauvaises
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