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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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là. Sir Daniel est mon bon maître et mon tuteur.
    – Eh bien   ! voyons, voulez-vous me deviner une énigme   ? répliqua Clipsby   ; de quel parti est Sir Daniel   ?
    – Je ne sais, dit Richard en rougissant un peu   ; car son tuteur avait continuellement changé de parti dans les troubles de cette époque, et chaque changement lui avait procuré quelque accroissement de fortune.
    – Hé, répliqua Clipsby, ni vous ni personne   ; car, en vérité, il est de ceux qui vont se coucher Lancastre et se lèvent York.
    À ce moment le pont résonna sous les fers d’un cheval   ; on se retourna, et l’on vit arriver Bennet Hatch au galop. C’était un personnage à la face bronzée, grisonnant, la main lourde et l’aspect farouche, armé de l’épée et de la lance, une salade d’acier sur la tête, une jaque de cuir sur le corps. C’était un homme important dans le pays, la main droite de Sir Daniel en paix comme en guerre, et, pour le moment, par le crédit de son maître, bailli du district.
    – Clipsby, cria-t-il, vite à Moat-House, et envoie tous les traînards par le même chemin. Bowyer vous donnera des jaques et des salades. Il faut être partis avant le couvre-feu. Celui qui sera le dernier à la porte aura affaire à Sir Daniel. Faites-y bien attention. Je sais que tu es un propre à rien. Nancy, ajouta-t-il en s’adressant à une des femmes, le vieil Appleyard est-il en haut de la ville   ?
    – Vous pouvez y compter, répliqua la femme   ; dans son champ, pour sûr.
    Puis le groupe se dispersa, et, tandis que Clipsby traversait tranquillement le pont, Bennet et le jeune Shelton suivirent ensemble la route à travers le village, jusqu’au delà de l’église.
    – Vous allez voir le vieux sournois, dit Bennet   ; il va perdre plus de temps à grommeler et à bavarder sur Henri V qu’il n’en faudrait pour ferrer un cheval, et cela parce qu’il a été aux guerres de France.
    La maison où ils se rendaient était la dernière du village. Elle était isolée, entourée de lilas, et, au delà, sur trois côtés, il y avait un champ ouvert, montant vers la limite du bois.
    Hatch sauta de cheval, jeta les rênes par-dessus la palissade, et descendit dans le champ, Dick se tenant à son côté, vers l’endroit où le vieux soldat, piochait, enfoncé jusqu’aux genoux dans ses choux, et, de temps en temps, d’une voix éraillée, chantait quelque bribe de chanson. Il était complètement habillé de cuir, sauf son chaperon et sa palatine, qui était d’étoffe noire et attachée avec un lacet écarlate. Sa figure ressemblait à une coquille de noix, tant elle était brunie et ridée, mais ses vieux yeux gris étaient encore clairs et sa vue excellente. Peut-être il était sourd, peut-être il trouvait au-dessous de la dignité d’un vieil archer d’Azincourt de prêter quelque attention à ce qui se passait   ; mais, ni le son maussade de la cloche d’alarme, ni l’approche de Bennet et du jeune homme ne parurent l’émouvoir, et il continuait à piocher obstinément, et son mince filet de voix chevrotait   :
    Chère Dame, je vous prie,
    Veuillez me prendre en pitié.
    – Nick Appleyard, dit Hatch, Sir Olivier se rappelle à votre souvenir et ordonne que vous vous rendiez sur l’heure à Moat-House pour y prendre le commandement.
    Le vieillard leva la tête.
    – Salut, mes maîtres, dit-il en ricanant, et où va maître Hatch   ?
    – Maître Hatch part pour Kettley, avec tous les hommes à qui nous pouvons fournir un cheval, répliqua Bennet. Il paraît qu’il va y avoir un combat   ; Monseigneur attend du renfort.
    – Oui vraiment, répliqua Appleyard, et qu’est-ce que vous laissez comme garnison là-bas   ?
    – Je vous laisse six gaillards, et Sir Olivier par-dessus le marché, répondit Hatch.
    – Je ne tiendrai pas la place, dit Appleyard. Ça ne suffit pas. Il m’en faudrait une quarantaine pour bien faire.
    – Parbleu, c’est pour cela que nous venons vous chercher, vieux ronchonneur, répliqua Hatch. Quel autre que vous serait capable de rien faire dans une telle maison, et avec une pareille garnison   ?
    – Oui-dà, quand votre pied vous blesse, vous vous souvenez du vieux soulier, répliqua Nick. Il n’y a pas parmi vous un homme capable de monter à cheval ou de tenir une hache. Quant à tirer de l’arc, par saint Michel, si le vieil Henri V revenait, il se mettrait au but et vous laisserait tirer sur lui à un denier le
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