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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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coup.
    – Mais si, Nick, il y en a encore qui savent tendre l’arc, dit Bennet.
    – Bien tendre l’arc, s’écria Appleyard, oui   ; mais qui me tirera un beau coup   ? Pour ça, il faut l’œil et une bonne tête sur les épaules. Et puis, qu’est-ce que vous appelez tirer loin, Bennet Hatch   ?
    – Eh bien, dit Bennet en regardant autour de lui, ce serait assez loin d’ici jusqu’à la forêt.
    – Oui, ce serait assez loin, dit le vieux, regardant par-dessus son épaule, et il mit la main au-dessus de ses yeux pour mieux voir.
    – Eh bien, qu’est-ce que vous regardez, demanda Bennet en ricanant   ; voyez-vous Henri V   ?
    Le vétéran continua à regarder la colline en silence. Le soleil brillait, éclatant, sur les prairies en pente. Quelques moutons blancs broutaient. Tout était muet, sauf le tintement lointain, de la cloche.
    – Qu’y a-t-il, Appleyard   ? demanda Dick.
    – Voyez les oiseaux, dit Appleyard.
    Et, en effet, au-dessus de la forêt, à un endroit où elle faisait une pointe dans les champs, et se terminait par deux beaux ormes verts, à peu près à une portée de flèche du champ où ils se trouvaient, une bande d’oiseaux voletait de sommet en sommet, comme effarée.
    – Quoi, les oiseaux, dit Bennet   ?
    – Hé, répondit Appleyard, vous êtes un sage d’aller à la guerre, maître Bennet. Les oiseaux sont de bonnes sentinelles   ; dans les forêts, ils sont la première ligne de bataille. Voyez, à présent, si nous étions ici dans un camp   ; il pourrait-y avoir par là des archers cachés pour nous observer, et vous seriez ici sans vous en douter.
    – Bah, vieux radoteur, dit Hatch, il n’y a personne plus près de nous que Sir Daniel à Kettley   ; vous êtes aussi en sûreté ici que dans la Tour de Londres, et vous voulez effrayer un homme avec des moineaux et des pinsons.
    – Écoutez-le, grogna Appleyard, combien de vagabonds qui donneraient leurs deux oreilles pour tirer sur un de nous. Par saint Michel, ils nous haïssent comme deux putois.
    – C’est vrai qu’ils haïssent Sir Daniel, répondit Hatch un peu calmé.
    – Oui, ils haïssent Sir Daniel et ils haïssent tous ceux qui marchent avec lui, dit Appleyard   ; et, en première ligne, dans leur haine, il y a Bennet Hatch et le vieil archer Nicolas. Tenez, s’il y avait un homme solide sur la lisière du bois, et vous et moi devant lui comme nous voilà, par saint Georges, qui croyez-vous qu’il choisirait   ?
    – Vous, je parie, répondit Hatch.
    – Mon surcot contre une ceinture de cuir que ce serait vous, cria le vieil archer. Vous avez brûlé Grimstone, Bennet, et ils ne vous pardonneront jamais ça, mon maître. Quant à moi, je serai bientôt dans un bon endroit, Dieu merci, et à l’abri de tous les coups de flèche de leurs rancunes. Je suis un vieillard et je m’approche du lieu de repos où mon lit est prêt. Mais vous, Bennet, vous resterez ici à vos risques, et, si vous arrivez à mon âge sans être pendu, c’est que le loyal vieil esprit anglais sera mort.
    – Vous êtes le plus méchant butor de la forêt de Tunstall, répliqua Hatch, visiblement troublé par ces menaces. Allez, prenez vos armes avant l’arrivée de Sir Olivier. Assez bavardé. Si vous aviez parlé aussi longtemps avec Henri V, ses oreilles auraient été plus riches que sa poche.
    Une flèche siffla dans l’air comme un énorme bourdon. Elle frappa le vieil Appleyard entre les omoplates et le traversa de part en part. Il tomba, en avant, la face dans les choux. Hatch, avec un cri étouffé, sauta en l’air, puis, le corps plié en deux, courut gagner l’abri de la maison. En même temps, Dick Shelton s’était réfugié derrière un lilas, et avait tendu et épaulé son arc,menaçant la pointe de la forêt.
    Pas une feuille ne bougea, les moutons paissaient paisiblement, les oiseaux s’étaient calmés   : mais le vieillard était étendu avec une flèche d’une aune dans le dos   ; et Bennet se tenait derrière la palissade, et Dick accroupi et prêt derrière le buisson de lilas.
    – Voyez-vous quelque chose   ? cria Hatch.
    – Pas un rameau ne bouge, répondit Dick.
    – C’est une honte de le laisser ainsi par terre r dit Bennet très pâle, et revenant d’un pas hésitant. Ayez l’œil sur le bois, maître Shelton, ayez bien l’œil sur le bois. Les saints nous protègent   ! C’était un fameux coup.
    Bennet releva le vieillard sur ses genoux. Il
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