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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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Joanna se contenta de serrer les bras de Dick.
    Ils allèrent donc en avant, à travers des bocages ouverts et sans feuilles et sur des allées revêtues de neige, sous la face blanche de la lune hivernale   : Dick et Joanna marchant la main dans la main, au septième ciel   ; et leur frivole compagne, ayant oublié complètement les malheurs, suivait à un pas ou deux en arrière, tantôt raillant leur silence, et tantôt faisant d’heureuses descriptions de leur vie future et unie.
    Cependant, au loin dans les bois, on pouvait entendre les cavaliers de Tunstall qui continuaient leur poursuite   ; et de temps en temps des cris ou le bruit des armures annonçaient le choc des ennemis. Mais, en ces jeunes gens, élevés dans les alarmes de la guerre, et sortant d’une telle multitude de dangers, ni la crainte, ni la pitié ne pouvaient être éveillées facilement. Satisfaits d’entendre les sons s’éloigner de plus en plus, ils s’abandonnèrent au bonheur présent, marchant déjà, comme le dit Alicia, en un cortège nuptial   ; et ni la triste solitude de la forêt, ni la nuit froide et gelée n’eurent le pouvoir de faire ombre à leur bonheur ou de les en distraire.
    Enfin, du haut d’une colline, ils virent en bas le vallon de Holywood. Les grandes fenêtres de l’abbaye de la forêt brillaient avec des torches et des chandelles   ; ses hautes tourelles et ses clochers s’élevaient clairs et silencieux, et la croix d’or sur le plus haut sommet scintillait brillamment à la lune. Tout autour, dans la clairière ouverte, des feux de camp brillaient, la terre était couverte de tentes, et, au milieu du tableau, la rivière gelée serpentait.
    – Par la messe, dit Richard, les hommes de Lord Foxham sont encore là. Le messager s’est certainement perdu. Tant mieux alors. Nous aurons sous la main de quoi faire face à Sir Daniel.
    Mais, si les hommes de Lord Foxham étaient encore là, c’était pour une raison différente de celle que supposait Dick. Ils avaient bien marché sur Shoreby   ; mais, avant qu’ils fussent à mi-chemin, un second messager les avait rencontrés et leur avait ordonné de retourner à leur campement du matin, pour barrer la route aux fugitifs de Lancastre, et pour être d’autant plus près de l’armée principale d’York. Car Richard de Gloucester ayant terminé la bataille et écrasé ses ennemis dans ce district, était déjà en marche pour rejoindre son frère   ; et, peu après le retour des hommes de Lord Foxham, le bossu lui-même mit pied à terre devant la porte de l’abbaye. C’était en l’honneur de cet auguste visiteur que les fenêtres brillaient illuminées, et, au moment où Dick arrivait avec sa fiancée et son amie, toute l’escorte du duc était reçue dans le réfectoire avec toute la splendeur de cette puissante et riche abbaye.
    Dick, un peu malgré lui, fut amené devant eux. Gloucester, malade de fatigue, était assis, appuyant sur une main sa face blanche et terrifiante   ; Lord Foxham, à moitié remis de sa blessure, était à une place d’honneur à sa gauche.
    – Eh bien   ! demanda Richard, m’avez-vous apporté la tête de Sir Daniel   ?
    – Seigneur duc, répliqua Daniel, assez fermement, mais avec une crispation au cœur, je n’ai même pas la bonne fortune de revenir avec mon commandement. J’ai été, plaise à votre grâce, bien battu.
    Gloucester le regarda en fronçant terriblement les sourcils.
    – Je vous avais donné cinquante lances, Monsieur, dit-il.
    – Seigneur duc, je n’ai eu que cinquante hommes d’armes, répliqua le jeune chevalier.
    – Qu’est ceci   ? dit Gloucester. Il m’a demandé cinquante lances.
    – Plaise à Votre Seigneurie, dit Catesby doucement, pour une poursuite nous ne lui avons donné que les cavaliers.
    – C’est bien, répliqua Richard, et il ajouta   : Shelton, vous pouvez aller.
    – Restez   ! dit Lord Foxham. Ce jeune homme avait aussi une mission de moi. Il se peut qu’il ait eu meilleure chance. Dites, maître Shelton, avez-vous trouvé la jeune fille   ?
    – Grâce aux saints, Monseigneur, dit Dick, elle est dans cette maison.
    – En est-il ainsi   ? Eh bien alors, Seigneur duc, conclut Lord Foxham, avec votre bon plaisir, demain, avant que l’armée se mette en marche, je propose un mariage. Ce jeune écuyer…
    – Jeune chevalier, interrompit Catesby.
    – Vraiment, Sir William   ? s’écria Lord Foxham.
    – Je l’ai moi-même, et pour
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