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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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voulais d’abord servir ma prisonnière   ; mais à vrai dire la pénitence ne me permettra plus de supporter la vue de la nourriture. Je devrais plutôt jeûner, chère Madame, et prier.
    – Appelez-moi Alicia, dit-elle, ne sommes-nous pas de vieux amis   ? Et maintenant venez, je mangerai avec vous, bouchée par bouchée, à parts égales   ; si donc vous ne mangez pas, je ne mangerai pas non plus   ; mais, si vous mangez de bon cœur, je dînerai comme un paysan.
    Et tout aussitôt, elle commença   ; et Dick qui avait un excellent estomac se mit en devoir de lui tenir compagnie, d’abord avec une grande répugnance, mais, peu à peu, la situation l’entraînant, avec une ardeur d’une conviction croissante   ; jusqu’à ce que, à la fin, il oublia même de surveiller son modèle et de bon cœur répara les dépenses de forces de sa laborieuse journée.
    – Chasseur de lions… dit-elle enfin, vous n’admirez pas une fille en pourpoint d’homme   ?
    La lune était levée maintenant   ; il n’attendait plus que pour le repas des chevaux. Au clair de lune, Richard, toujours pénitent, mais maintenant rassasié, la vit qui le regardait avec un peu de coquetterie.
    – Madame… balbutia-il, surpris de cette nouvelle attitude.
    – Non, interrompit-t-elle, il ne sert à rien de le nier   ; Joanna me l’a dit. Mais venez, chevalier, chasseur de lions, regardez-moi… suis-je si vilaine… allons   !
    Et ses yeux brillaient.
    – Vous êtes un peu petite, vraiment… commença Dick.
    Et elle l’interrompit de nouveau, cette fois d’un sonore éclat de rire, qui acheva sa confusion.
    – Petite   ! cria-t-elle. Eh bien, maintenant, soyez aussi honnête que brave   ; je suis une naine ou un peu mieux   ; mais malgré cela… voyons, dites-moi   !… malgré cela assez jolie à regarder   ; n’est-ce pas   ?
    – Oui, Madame, extrêmement jolie, dit le chevalier en détresse, faisant de pitoyables efforts pour paraître à l’aise.
    – Et un homme serait très content de m’épouser   ? poursuivit-elle.
    – Oh   ! Madame, très content   ! approuva Dick.
    – Appelez-moi Alicia, dit-elle.
    – Alicia   ! dit Sir Richard.
    – Eh bien, alors, chasseur de lions, continua-t-elle, puisque vous avez tué mon cousin, et m’avez laissée sans soutien, vous me devez en honneur une réparation   ; ne la devez-vous pas   ?
    – Oui, Madame, dit Dick. Bien que, sur mon âme, je ne me tiens coupable qu’en partie de la mort de ce brave chevalier.
    – Voulez-vous m’échapper   ? s’écria-t-elle.
    – Non pas, Madame. Je vous l’ai dit, sur votre ordre je me ferai même moine.
    – Alors, en honneur, vous m’appartenez   ? conclut-elle.
    – En honneur, Madame, je suppose… commença le jeune homme.
    – Allons   ! interrompit-elle, vous êtes trop rusé. En honneur, m’appartenez-vous jusqu’à ce que vous ayez réparé le mal   ?
    – En honneur, oui, dit Dick.
    – Écoutez alors, continua-t-elle, vous ne feriez qu’un triste moine, il me semble. Et, puisque je peux disposer de vous à ma volonté, je vais vous prendre pour mon mari. Non, maintenant taisez-vous   ! cria-t-elle. Il ne vous servira de rien de parler. Car voyez combien cela est juste, que vous, qui m’avez arrachée de mon foyer, m’en donniez un autre. Et quant à Joanna, elle sera la première, croyez-moi, à approuver ce changement   ; car, après tout, comme nous sommes bonnes amies, qu’importe avec laquelle de nous deux vous vous mariiez   ? Cela n’a aucune importance.
    – Madame, dit Dick, j’irai dans un cloître, s’il vous plaît me l’ordonner, mais me marier avec qui que ce soit en ce monde, autre que Joanna Sedley, je n’y consentirai ni par violence d’homme ni par caprice de femme. Pardonnez-moi si je dis franchement ma pensée, mais lorsqu’une jeune fille est très hardie, il faut bien qu’un jeune homme soit plus hardi encore.
    – Dick, dit-elle, mon bon garçon, venez et embrassez-moi pour cette parole. Non, ne craignez rien, vous m’embrasserez pour Joanna, et, quand nous nous rencontrerons, je le lui rendrai et dirai que je l’ai volé. Et quant à ce que vous me devez, eh bien, cher nigaud, il me semble que vous n’étiez pas seul dans cette grande bataille   ; et même, si York arrive au trône, ce n’est pas vous qui l’y aurez mis. Mais pour bon, tendre et honnête, Dick, vous êtes tout cela. Et si je pouvais en mon cœur envier quelque chose
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