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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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pressait. Ici il n’y a pas de maisons, ni pour manger ni pour s’abriter, et, demain dès l’aube, nous aurons froid aux doigts et le ventre vide. Qu’en dites-vous, amis   ? voulez-vous braver le froid pour le succès de l’expédition ou bien passerons-nous par Holywood pour souper chez notre mère l’Église   ? L’affaire étant quelque peu incertaine, je ne forcerai personne, mais, si vous m’en croyez, vous choisirez le premier plan.
    Les hommes répondirent presque d’une voix qu’ils suivraient Sir Richard où il voudrait.
    Et Dick, éperonnant son cheval, se remit en marche.
    La neige dans la piste avait été fort piétinée, et les poursuivants avaient ainsi un grand avantage sur les poursuivis. Ils s’avançaient vraiment d’un trot vif, deux cents sabots frappant alternativement le sourd pavage de neige, le cliquetis des armes, le hennissement des chevaux faisaient retentir d’un bruit guerrier les arches du bois silencieux.
    Maintenant la large piste des poursuivis arrivait sur la grand’route de Holywood   ; là elle devenait un moment indistincte   ; puis, à l’endroit où elle s’enfonçait de nouveau dans la neige vierge de l’autre côté, Dick fut surpris de la trouver plus étroite et moins piétinée. Évidemment, Sir Daniel, profitant de la route, avait déjà commencé à séparer sa troupe.
    À tout hasard, une chance valant l’autre, Dick continua à poursuivre la ligne droite, et celle-ci, après une heure de chevauchée, conduisit dans les profondeurs de la forêt, où, soudain, elle se dispersa comme une coquille qui éclate, en une douzaine d’autres dans toutes les directions.
    Dick tira sur la bride avec désespoir. La courte journée d’hiver était près de sa fin, le soleil, comme une orange rouge pâle, dépouillé de rayons, nageait bas dans les fourrés sans feuilles. Les ombres étaient longues d’un mille sur la neige, la gelée mordait cruellement les ongles, et l’haleine et la vapeur des chevaux montait en nuages.
    – Eh bien, nous sommes floués, confessa Dick. Dirigeons-nous sur Holywood, quand même. C’est encore plus près de nous que Tunstall   : – si j’en juge par la position du soleil.
    Ainsi ils inclinèrent à gauche, tournant le dos au disque rouge, allant vers l’abbaye à travers bois. Mais ce n’était plus comme avant. Ils ne pouvaient plus conserver leur vive allure sur un sentier affermi par le passage de leurs ennemis vers le but auquel ce sentier les conduisait. Il leur fallait maintenant enfoncer d’un pas lourd dans la neige encombrante, s’arrêter constamment pour chercher leur direction, patauger dans des amas de neige. Bientôt le soleil les abandonna   ; la lueur à l’ouest s’évanouit   ; et, maintenant, ils erraient dans une ombre noire, sous les étoiles glaciales.
    La lune, il est vrai, devait, à ce moment, éclairer le sommet des collines, et ils pourraient reprendre leur marche. Mais, en attendant, toute erreur pouvait les éloigner de leur route. Il n’y avait rien à faire, qu’à camper et attendre.
    On plaça des sentinelles   ; un espace fut déblayé de neige, et, après quelques essais, un bon feu flamba au milieu. Les hommes d’armes s’assirent serrés autour de ce foyer, partagèrent les provisions qu’ils avaient, et se passèrent la bouteille   ; et Dick ayant réuni le plus fin de cette grossière et maigre nourriture, l’apporta à la nièce de Lord Risingham   ; elle était appuyée contre un arbre, séparée de la soldatesque.
    Elle était assise sur une couverture de cheval, enveloppée dans une autre, et regardait droit devant elle cette scène éclairée par le feu. À l’offre de la nourriture, elle tressaillit, comme quelqu’un qui s’éveille d’un rêve, puis refusa en silence.
    – Madame, dit Dick, je vous en supplie, ne me punissez pas si cruellement. En quoi je vous ai offensée, je ne sais   ; il est vrai que je vous ai emportée, mais avec une violence amicale   ; il est vrai que je vous ai exposée à l’inclémence de la nuit, mais la hâte à laquelle je suis obligé a pour but de sauver une autre, qui n’est pas moins délicate, ni moins dépourvue d’amis que vous   ; ainsi,Madame, ne vous punissez pas vous-même, mangez, sinon par faim   ; du moins pour conserver vos forces.
    – Je ne veux rien prendre des mains qui ont tué mon cousin, répliqua-t-elle.
    – Chère Madame, s’écria Dick, je vous jure sur la croix que je ne l’ai pas
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