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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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rendu un homme ordinaire aux dernières extrémités.
    On lui apporta plume, encre et papier sur une tablette. On le laissa se concentrer sur ce qu’il voudrait bien avouer. Il allait peut-être charger ses deux acolytes pour espérer quelque indulgence de la part de ses juges et sauver ainsi sa tête. Il fallait surtout qu’il nomme Rohan et dénonce les responsabilités réelles de celui-ci. S’il était à moitié dément, il n’en était pas pour autant insensé.
    La Tréaumont se concentra, écrivit laborieusement, puis proposa le feuillet à Brissac qui s’approcha pour s’en saisir et déchiffrer la trop courte confession :
    «  Je n’ai rien à vous dire et je ne vous ai point dit que je fusse criminel. Mais la peur qui ne m’a jamais surpris ni vos menaces ne tireront rien de moi . »
    Le major ne put réprimer un geste d’agacement. Le scélérat se moquait de lui, le narguait !
    — N’avez-vous rien à ajouter et devra-t-on vous soumettre à la question extraordinaire ?
    — Dans l’état où vous m’avez rendu…
    Brissac lui jeta un regard de dépit, s’abstint de répliquer et rejoignit Lebayle à l’autre extrémité de la pièce. Puis il l’entraîna à l’extérieur, laissant le prisonnier sous la surveillance de ses deux gardes et de deux gendarmes. Il lui tendit le billet :
    — Il a encore la force de me provoquer, de défier les autorités. Je ne comprends pas son attitude. Il sait qu’il aura la tête tranchée. Qui veut-il épargner par cette pirouette ? Rohan ?
    — Je suis dans la même expectative que vous, monsieur, je ne vois aucune finalité logique à ce comportement. On dirait qu’il mûrit un moyen de nous échapper. Le Palais est-il assez bien protégé pour repousser un assaut ?
    — Il faudrait cent hommes déterminés et armés jusqu’aux dents, mais rien n’est impossible. Je vais ordonner qu’on renforce la surveillance.
    Une cavalcade !
    L’un des gardes les héla depuis l’extrémité du couloir. Ils dégainèrent leur épée et se précipitèrent.
    — Que se passe-t-il, Langlois ?
    — Des choses étranges, monsieur. Il faut que vous veniez. Le prisonnier se trémousse dans son lit en ricanant comme s’il perdait la raison.
    — Grand Dieu ! Qu’a-t-il encore imaginé ? Allons-y.
    Ils rengainèrent et coururent au chevet du moribond car, à sa pâleur, à ses yeux caves, cette fois, il semblait perdu.
    La Tréaumont avait replié ses jambes pour dissimuler à ses geôliers, sous les couvertures, l’écoulement abondant de son sang qui imprégnait désormais le matelas.
    — Il a arraché ses pansements ! Vite, le médecin ! commanda le major.
    — Inutile…, souffla Hamel avec un sourire narquois. Même véloce… il ne parviendra pas à endiguer le flot et colmater… les brèches. Je m’en vais, Brissac, je t’échappe… Sans rancune… Ma fin sera plus honorable et la mort me paraîtra plus… douce… Un lit était bien le dernier endroit où j’aurais pensé mourir…
    Il n’y avait plus rien à tenter. Il ne révélerait jamais ses secrets. Rohan échappait à la potence. George de Hamel, sieur de La Tréaumont, mourut en quelques minutes.

XXXIX
    L E MARQUIS DE S EIGNELAY occupait la place d’honneur dans le salon privé de « L’Écu du Roy ». Il avait accepté cette invitation à condition de choisir l’auberge, une des meilleures tables de la capitale. Sur sa droite, étaient assis Lebayle et Lisa, ajustée dans sa plus belle robe, coiffée et parfumée pour la première fois de sa vie. Sur l’autre flanc du secrétaire d’État, mademoiselle Virginie Anceau, rayonnante, était couvée par les touchants regards de Jean-Charles du Cauzé de Nazelle, avec à sa gauche l’indispensable Pistol. En bout de table, monsieur de Brissac, très droit, affichait encore le demi-échec de sa mission.
    Cependant, il ne pouvait y voir un épilogue plus heureux. Si cette réunion amicale avait été possible en ce début de novembre pluvieux, c’est que le lourd dossier de la « cabale des Muses » allait se refermer et qu’une mise au point entre les principaux acteurs était souhaitable.
    Seignelay porta un toast au roi, puis aux dames qui honoraient et embellissaient leur tablée. Il avait insisté sur « dames » en se tournant d’abord vers la promise, arrachée au couvent par son prince charmant comme dans un conte de monsieur Perrault, puis en direction de Lisa dont les courbes et les formes légères
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