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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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d’un sourire navré qui signifiait : « Accordons-lui cette grâce, un militaire n’a qu’une parole. »
    Deux soldats encadrèrent Lanefranc résigné et l’emmenèrent dans le couloir. La porte du cabinet se rouvrit à la volée. La Tréaumont en robe de chambre prune s’encadra, campé, un pistolet dans chaque poing. Son regard flamboyait de haine et de détermination :
    — Vous ne me tenez pas, monsieur de Brissac !
    Il leva le bras droit et le visa à la tête. À cette distance, il ne pouvait pas rater sa cible. Incrédule, ne cillant pas, Brissac le toisa, persuadé que Hamel était incapable de tirer sur un ancien compagnon d’armes, qui plus est mandaté par le roi.
    — Je n’ai rien à perdre, tu le sais bien. Il me reste à fuir et, avec un peu de chance, échapper aux poursuites. Mais pour cela, je n’ai pas le choix, il me faut t’abattre.
    Il pressa la détente un peu trop sèchement. La balle effleura Brissac qui n’avait pas bougé d’un pouce, mais atteignit le soldat la Rose à l’épaule.
    — Comment ! s’insurgea le major, vous tirez ! Mais vous êtes un criminel !
    — Oui, je suis un criminel !
    La Tréaumont leva son bras gauche, un rictus sardonique agitait sa lèvre. Géraud n’avait pas les raisons de Brissac : il se jeta de côté et tira. Deux autres détonations répliquèrent en écho.
    La fumée des armes entraîna quelques secondes d’indécision. Dans le contre-jour, le géant tressaillit. Son visage se déforma. Il lâcha son arme qui rebondit sur le plancher et porta les mains à son ventre. Il tomba lourdement sur les genoux, s’affaissa. Trois taches sombres s’élargissaient sur sa robe de chambre.
    Les autres étaient indemnes.
    — Pourquoi avez-vous agi de la sorte, Hamel ? regretta Brissac très contrarié.
    Le blessé tourna ses yeux enfiévrés vers le vieil officier affligé et grimaça :
    — Tu as gagné, de quoi te plains-tu ? Chassé de l’armée, avais-je une autre issue ? Ton roi ne sait pas reconnaître les mérites de ceux qui le servent fidèlement, surtout s’ils ont du caractère, alors, ils empruntent une autre voie. Toi-même n’as guère été récompensé de tes… bons et loyaux services.
    — Il n’est pas question de moi.
    — Ne compte pas à ce que je te fasse des révélations. D’autres poursuivent… la mission salvatrice que nous nous sommes fixée… le quadrille est lancé… au grand galop.
    — Ne te réjouis pas La Tréaumont. La cabale est déjouée. Rohan et Affinius ont été arrêtés. Des Préaux et la marquise de Villars le seront avant ce soir. Les Hollandais se sont définitivement repliés. Les côtes sont protégées… Emmenez-le au Palais de Justice afin de lui administrer les premiers soins.
    Brissac se détourna, mine sombre. On réquisitionna une voiture pour transporter les deux blessés. On les installa dans des chambres où un médecin examina leur état. Il se montra rassurant, surtout pour la Rose, et les pansa.
    Le major et le commissaire ne quittèrent pas des yeux leur précieux prisonnier. En chemin, le premier avait confié qu’il avait failli à sa mission par un excès de confiance. Il considérait encore à tort La Tréaumont comme un homme d’honneur pour l’avoir côtoyé par le passé quand sa bravoure de colosse révélait toute sa puissance sur les champs de bataille. Et puis, son caractère violent, imprévisible, l’avait entraîné à des abus impardonnables. Principal conspirateur et fomenteur du complot avec Affinius, il fallait qu’il survive pour subir la question, réponde de ses crimes, et surtout qu’il révèle le rôle exact de Rohan car il n’y avait aucune preuve matérielle de la trahison du chevalier !
    Lebayle fut désolé de n’avoir pas été informé de la volonté de Sa Majesté. Il avait voulu préserver la vie de Brissac et les deux gardes avaient aussi tiré parce qu’ils avaient cru en avoir reçu l’ordre.
    — Les blessures ne sont pas mortelles, confirma le praticien. J’ai réussi à extraire les balles qui n’ont touché aucun organe vital. Il lui faudra du repos, beaucoup de repos. Il ne sera pas transportable avant deux semaines.
    Brissac remercia le médecin et revint auprès de son prisonnier lui demander s’il avait la force de parler.
    — Donne-moi de quoi écrire, répliqua La Tréaumont mezza voce .
    Il était affaibli mais non point exsangue. Sa puissante constitution lui permettait de supporter ce qui aurait
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