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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Providence, pour voir. Mais cela nous effraie un peu.
    —    Pourquoi ?
    —    Ces enfants ne sont pas abandonnés pour rien. Nous craignons qu'ils ne traînent avec eux un héritage indésirable : diverses maladies, l'alcoolisme, ou des perversions encore
    pires...
    Même à la ville, tout le monde gardait des notions de l'élevage des animaux. Un cheval taré ne donnait jamais naissance à un bel étalon. Après un grand soupir, le marchand plongea :
    —J'ai une relation dans la Haute-Ville qui se trouve... dans une situation délicate. Il m'a demandé si je connaissais une bonne famille catholique. Comme je savais que vous désiriez un enfant, je lui ai promis de vous en parler.
    —    Vous voulez dire que l'une de ses filles... C'est la même chose dans la Basse-Ville, même parmi les ouvrières des ateliers. Des histoires circulent à propos de tous ces étrangers qui faisaient tourner des têtes, l'été dernier.
    —    Je vois que vous comprenez la situation. La mère vient d'un excellent milieu ; quant au père, rien ne laisse supposer des tares héréditaires.
    Le directeur des ateliers rougit, embarrassé, ne sachant trop quelle contenance adopter.
    —    Vous me prenez tellement par surprise, balbutia Létourneau, je ne sais pas comment répondre.
    —    Bien sûr, je comprends. Commencez par en parler à votre femme. Si vous songez à adopter, ce serait certainement la meilleure solution. Quelques jours après la naissance, avec les meilleurs soins médicaux... De plus, les parents de la jeune fille consentiront probablement une certaine somme.
    —    Si nous adoptons un enfant, ce ne sera pas pour être payé en retour.
    Au ton employé, Thomas craignit d'avoir blessé l'orgueil de son gérant. Il ajouta très vite :
    —    Votre attitude vous honore. Mais si cet enfant a un grand-père désireux de contribuer un peu à son avenir, ne lui refusez pas cette satisfaction. Il pourra au moins veiller à son
    éducation.
    Fulgence quitta la chaise placée devant le grand bureau de chêne, marcha jusqu'à la porte. Avant de sortir, il demanda encore :
    —    Est-ce que je connais les parents de cette jeune fille ?
    —    De nom, probablement. Si je leur sers d'intermédiaire, c'est parce qu'ils désirent garder l'anonymat. Si vous acceptez, je leur dirai simplement avoir trouvé une excellente famille. Vous ne connaîtrez jamais leur identité ni eux, la vôtre. Je sais être discret.
    —    Vous parliez tout à l'heure d'une contribution... pour son éducation.
    Le marchand sut à ce moment qu'il avait gagné la partie. Un peu soulagé, il expliqua :
    —    Tout passera par un notaire. Ces gens-là doivent respecter le secret professionnel.
    —Je dois parler à ma femme.
    —    Oui, bien sûr.
    Un moment plus tard, l'employé quittait la pièce la tête un peu bourdonnante, ses registres sous le bras.
    Le bureau du notaire Dupire se trouvait à l'avant de la grande maison de la rue Scott, dans une pièce lambrissée de noyer. Les lourds rideaux aux fenêtres, tout comme une lampe de bronze sur un coin de la table de travail, ajoutaient à l'allure austère et démodée de la pièce.
    —    Vous servez d'intermédiaire à un homme de la Haute-Ville dont la fille se trouve dans une position délicate, résuma le gros homme après avoir entendu la première partie du récit.
    —    J'ai dit un homme respectable.
    —    Bien sûr, bien sûr. Pourquoi cet homme ne vient-il pas me voir lui-même ?
    —    Le souci de discrétion.
    Dupire jeta un regard dubitatif sur son client, au point que celui-ci sentit le besoin de se justifier :
    —    Je sais que vous êtes fiable, mais j'ai croisé votre garçon dans votre antichambre il y a quelques minutes et la moitié des habitants de la rue m'ont vu entrer ici. Imaginez la visite d'un inconnu... Puis, il ne se sent pas très fier.
    —    Cet homme, ne serait-ce pas vous ?
    —    Pardon ?
    —    Le père de cet enfant à venir. Vous pouvez me le dire, vous savez.
    Tout de suite, Thomas esquissa un grand sourire, puis il prononça d'une voix amusée :
    —    Notaire, vous connaissez Elisabeth. Honnêtement, pensez-vous que j'ai la moindre envie d'aller mettre enceinte une autre femme ?
    Maître Dupire hocha la tête. Avec Elisabeth dans son lit, aucun homme sensé ne songerait à découcher. Puis les précautions du père de la pécheresse pour éviter d'être reconnu semblaient
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