Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Imperium

Imperium

Titel: Imperium
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
dit.
    Je fis courir mon doigt vers le bas de mes notes.
    — « … bien que vous n’ayez jamais été mes amis. Je
crois aussi que j’ai fait la démonstration, par le courage que j’ai manifesté
au Sénat aujourd’hui, de ma volonté de m’opposer à ces criminels. Aucun autre
candidat au consulat ne l’a fait, ni ne le fera à l’avenir. J’en ai fait mes
ennemis en vous montrant ce qu’ils sont vraiment. Mais de toi, Catulus, comme
de vous tous, je n’attends rien, et si vous n’avez d’autre intention que
de m’insulter, je vous souhaite le bonsoir. »
    Isauricus siffla. Hortensius hocha la tête et prononça
quelque chose du genre « Je vous l’avais dit » ou « Je vous
avais avertis », je ne sais plus très bien, à quoi Metellus répliqua :
    — Oui, eh bien, je dois dire que, pour moi, la preuve
est concluante.
    Catulus se contenta de me foudroyer du regard.
    — Reviens, Cicéron, dit Lucullus en lui faisant signe.
Je suis satisfait. Le compte rendu est authentique. Mettons de côté pour le
moment la question de savoir qui a le plus besoin de qui et partons simplement
du fait que chacun de nous a besoin de l’autre.
    — Je ne suis toujours pas convaincu, grommela Catulus.
    — Alors laisse-moi te convaincre d’un simple mot,
intervint Hortensius avec impatience. César. César… avec l’or de Crassus, deux
consuls et dix tribuns derrière lui !
    — Ainsi, il va vraiment falloir traiter avec ces gens ?
fit Catulus avec un soupir. Bon, Cicéron, peut-être, concéda-t-il. Mais nous n’avons
certainement pas besoin de toi, ajouta-t-il d’un ton brusque en me
montrant du doigt alors que je m’apprêtais, comme toujours, à suivre mon
maître. Je ne veux pas de cette créature et de ses tours à moins d’un mille de
moi, à écouter tout ce que nous dirons pour tout noter avec son fichu système
plus que douteux ; s’il doit y avoir un accord entre nous, il ne doit
jamais être divulgué. Cicéron hésita.
    — D’accord, fit-il à contrecœur avant de m’adresser un
regard d’excuse. Attends-moi dehors, Tiron.
    Je n’avais pas à me sentir triste. Je n’étais qu’un esclave
après tout : une main supplémentaire, un outil, une « créature »,
comme l’avait dit Catulus. Je me sentis pourtant profondément blessé. Je
repliai mon polyptyque et pénétrai dans l’antichambre, puis continuai de
marcher à travers toutes ces salles d’apparat fraîchement plâtrées et résonnant
de mille échos – Vénus, Mercure, Mars, Jupiter –, tandis que les
esclaves en mules capitonnées se déplaçaient silencieusement parmi les dieux
avec une bougie fine pour allumer les lampes et les candélabres. Je sortis dans
la pénombre douce du parc, au chant des cigales et, pour des raisons que je ne
m’explique toujours pas, je m’aperçus que je pleurais. Sans doute étais-je
épuisé.
     
    L’aube était sur le point de se lever quand je me réveillai,
les membres raides, froids et humides de rosée. Pendant un instant, je ne sus
absolument plus où j’étais ni comment j’y étais arrivé, mais je pris alors
conscience que je me trouvais allongé sur un banc de pierre, devant la façade
de la maison, et que c’était Cicéron qui venait de me réveiller. Son visage,
penché au-dessus de moi, était sombre.
    — Nous en avons fini ici, dit-il. Et nous devons
retourner en ville le plus vite possible.
    Il désigna du regard la voiture qui attendait, et posa un
doigt sur ses lèvres pour m’avertir de ne rien dire devant l’intendant d’Hortensius.
Nous montâmes donc en silence dans la carpentum, et je me souviens de m’être
retourné alors que nous quittions le parc pour jeter un dernier coup d’œil sur
la grande villa, les torches brûlant encore sur les terrasses, mais moins vives
dans la pâle lumière du matin ; des autres aristocrates, il n’y avait pas
trace.
    Cicéron, conscient que, dans à peine plus de deux heures, il
devrait être prêt à partir de chez lui pour se rendre au Champ de Mars, ne
cessait de presser le cocher d’accélérer, et les malheureux chevaux furent
tellement fouettés qu’ils durent avoir les flancs à vif. Mais nous eûmes la
chance de trouver les routes désertes, à l’exception de quelques citoyens très
matinaux qui se rendaient en ville pour les élections, aussi pûmes-nous filer à
bride abattue et arrivâmes-nous à la porte Fontinale au moment où elle ouvrait.
Nous tressautâmes ensuite sur les pentes
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher