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Imperium

Imperium

Titel: Imperium
Autoren: Robert Harris
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que d’un jour d’élections, et Cicéron
était, comme toujours lors de ce genre d’occasions, parfaitement dans son
élément. Je doute qu’il y eût un seul de ses partisans dont il oublia de serrer
la main ou avec lequel il n’établit pas, un instant durant, un rapport
privilégié donnant à son interlocuteur l’impression d’avoir été spécialement
remarqué.
    Juste avant de partir, Quintus le prit à part et, avec
emportement si je m’en souviens, lui demanda où il avait bien pu passer la
nuit. Cicéron, conscient du monde autour d’eux, lui répondit d’une voix
tranquille qu’il lui raconterait tout cela plus tard. Mais cela ne fit qu’énerver
Quintus davantage.
    — Pour qui me prends-tu ? demanda-t-il. Ta servante ?
Dis-le-moi tout de suite !
    Cicéron lui parla donc très rapidement du trajet jusqu’au
palais de Lucullus et de la présence là-bas de Metellus, de Catulus ainsi que
de celle d’Hortensius et d’Isauricus.
    — Toute la bande patricienne ! chuchota Quintus
avec excitation, son irritation entièrement envolée. Par tous les dieux, qui
aurait imaginé une chose pareille ? Est-ce qu’ils vont nous soutenir ?
    — Nous avons discuté pendant des heures et des heures,
mais ils n’ont pas voulu s’engager sans s’être entretenus au préalable avec les
autres grandes familles, répondit Cicéron en jetant des coups d’œil inquiets
autour de lui pour le cas où quelqu’un écouterait.
    Voyant qu’il y avait trop de vacarme pour qu’il pût être
entendu, il continua :
    — Hortensius, il me semble, aurait volontiers donné son
accord tout de suite. Catulus reste viscéralement contre. Les autres feront ce
que leurs intérêts leur dictent. Nous n’avons plus qu’à attendre.
    Atticus, qui avait tout entendu, demanda :
    — Mais ils ont cru à l’authenticité des preuves que tu
leur as présentées ?
    — Il me semble, oui. Grâce à Tiron. Mais nous
discuterons de tout ça plus tard. Prenez l’air brave, messieurs, ajouta-t-il en
leur prenant à chacun la main, nous avons une élection à gagner !
    Rarement candidat mit en scène spectacle plus splendide que
Cicéron ce jour-là en se rendant sur le Champ de Mars, et l’on doit au moins en
remercier Quintus. Nous devions former un cortège de trois ou quatre cents
personnes avec des musiciens, des jeunes gens portant des rameaux verts
entrelacés de rubans, des jeunes filles lançant des pétales de roses, des amis
comédiens de Cicéron venant du théâtre, des sénateurs, des chevaliers, des
marchands, des forains, des habitués des tribunaux, des représentants des
guildes, des clercs juridiques, des représentants des communautés romaines en
Sicile et en Gaule cisalpine. Nous déclenchâmes un formidable vacarme d’acclamations
et de sifflets en arrivant sur le Champ, et il y eut un grand mouvement d’électeurs
dans notre direction. D’après mon expérience, on dit toujours de toute élection
que celle qui est en train de se dérouler est la plus lourde de sens qui ait
jamais eu lieu, et, ce jour-là du moins, c’était sans doute vrai. S’y ajoutait
en plus l’excitation due au fait que personne ne savait comment les choses
allaient tourner étant donné l’activité parmi les agents corrupteurs, le nombre
élevé des candidats et l’hostilité qui régnait entre eux à la suite des
attaques de Cicéron au Sénat contre Hybrida et Catilina.
    Nous avions anticipé des conflits et Quintus avait pris la
précaution de poster certains de nos partisans les plus musclés juste derrière
et devant son frère. Alors que nous approchions des enclos de vote, je me
sentis de plus en plus inquiet, car je pouvais voir Catilina et sa clique un
peu plus loin, près de la tente du président du bureau de vote. Certains de ces
bandits se mirent à nous lancer des quolibets lorsque nous arrivâmes dans le
parc, mais Catilina lui-même, après un bref regard méprisant en direction de
Cicéron, reprit sa conversation avec Hybrida. Je glissai au jeune Frugi que j’étais
surpris qu’il ne tentât pas la moindre manœuvre d’intimidation – ce
qui, après tout, était sa tactique habituelle –, à quoi Frugi, qui n’avait
rien d’un naïf, répondit :
    — Il n’en éprouve pas le besoin tellement il est
certain de sa victoire.
    Ses paroles me mirent profondément mal à l’aise.
    C’est alors qu’il se produisit un événement des plus
remarquables. Cicéron et tous les autres
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