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Il suffit d'un amour

Il suffit d'un amour

Titel: Il suffit d'un amour
Autoren: Juliette Benzoni
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se croirait obligé à la sévérité. Seule avec lui, une jolie femme s'en tire en général très bien...
    Catherine allait le remercier quand le soldat revint, l'officier sur les talons. La chance, ce soir-là, était pour Catherine ; l'officier de garde était Jacques de Roussay. La reconnaissant, il pressa le pas, et vint à elle avec un large sourire :

    — Vous avez demandé à me voir, dame Catherine ? Quelle grande joie ! Que puis-je pour vous ?
    — Dire à Monseigneur le Duc que je désire l'entretenir un moment et sans témoin. Il s'agit d'une chose de la plus haute importance...
    Le visage ouvert du jeune capitaine se rembrunit. De toute évidence, il y avait quelque chose qui n'allait pas et, comme Saint-Rémy, discrètement, saluait et se retirait, il tira la jeune femme à part.
    — C'est que Monseigneur est à sa toilette. Il se prépare pour le souper que, ce soir, il offre aux échevins et aux dames de la Cité. De plus, je ne vous cacherai pas qu'il est d'une humeur... Il a même cravaché Briquet, son chien favori, pour une broutille. Jamais personne ne l'a vu ainsi. Il faut avouer qu'il y a un peu de quoi.
    Sincèrement, dame Catherine, je ne saurais trop vous conseiller de remettre à demain votre visite. Je ne suis pas sûr que même vous soyez reçue courtoisement.
    Depuis la scène affreuse qui lui avait enlevé Arnaud, il s'était opéré en elle une transformation. Plus rien ne lui faisait peur. Elle fût allée trouver Lucifer dans son antre brûlant si bon lui avait semblé. Jacques de Roussay reçut d'elle un regard sévère :
    — Messire, dit-elle sèchement, l'humeur de Monseigneur m'importe peu ! Ce que j'ai à lui dire intéresse son honneur et si vous avez peur de m'annoncer, eh bien, je m'annoncerai moi-même, voilà tout ! Je vous souhaite le bonsoir !
    Joignant le geste à la parole, elle ramassa ses jupes d'une main et s'élança sous la voûte. Roussay rougit de colère et la rattrapa.
    — Je n'ai pas peur, Madame, et la meilleure preuve est que je vais vous annoncer dans l'instant. Mais n'en prenez qu'à vous de ce qui pourra advenir ! Je vous aurai prévenue.
    — Allez toujours, je me charge du reste...
    Quelques instants plus tard, Catherine entrait chez le duc. En l'apercevant, elle comprit que Jacques de Roussay n'avait rien exagéré en ce qui concernait l'humeur du prince. Il ne se retourna même pas lorsqu'elle lui fit la révérence. Debout devant l'une des fenêtres de sa chambre, d'où l'on apercevait la Grand'Place éclairée de torches, il tournait le dos à la porte et se tenait là, mains nouées dans le dos, tête nue et vêtu d'une ample robe de chambre de velours pourpre. Sans bouger, il jeta :

    — Votre insistance à me déranger est étrange, Madame. Vous apprendrez, pour votre gouverne, que je ne donne ce droit à personne et que, lorsqu'il me plaît de voir quelqu'un, je l'appelle.
    La veille même, cette algarade eût peut-être fait rentrer Catherine sous terre mais, à cette seconde, elle ne l'émut nullement.
    — Fort bien, Monseigneur, je me retire ! Après tout, il m'importe peu que l'on vous connaisse à partir de ce soir pour le prince le plus dépourvu d'honneur de la Chrétienté !
    Philippe bondit et se retourna tout d'une pièce. Il avait la même expression glaciale qu'au champ clos, mais deux taches rouges marquaient ses pommettes pâles.
    — Mesurez vos paroles ! fit-il rudement et ne prenez pas pour excuse le fait que je vous ai, un jour, montré de l'indulgence...
    — Et même un peu plus ! Mais je m'en vais puisque je déplais à Monseigneur.
    Elle amorçait déjà un demi-tour quand la voix de Philippe la cloua sur place.
    — Restez ! Et expliquez-vous ! Quelle est cette histoire d'honneur dont on me rebat les oreilles ? Mon honneur se porte, sachez-le, le mieux du monde. Le fait que mon champion ait été battu n'a rien d'avilissant car son vainqueur est vaillant...
    — Vraiment ? fit Catherine avec une insolence calculée. Le fait, en effet, n'aurait rien de déshonorant si vous ne l'aviez rendu tel en faisant jeter ce vaillant vainqueur dans une basse-fosse...
    Une sincère surprise se peignit sur le visage de Philippe et Catherine sentit son courage s'accroître. Saint- Rémy avait raison. Le duc ne paraissait pas au courant.
    — Que voulez-vous dire ? Qu'est-ce que ce conte de bonne femme
    ? Allons, parlez... De quelle basse- fosse est-il question ?
    — De celle où messire de Luxembourg a dû jeter à cette heure les
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