Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Il suffit d'un amour

Il suffit d'un amour

Titel: Il suffit d'un amour
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
veines de Catherine.
    — À vrai dire... Il croit bien galoper à votre suite. Nous lui avons fait croire que vous aviez pris les devants pour rejoindre une dame fort en peine de vous. Quant à ceux qui gardaient cette tente, nous n'avons eu aucune peine à nous en rendre maîtres.
    — Ce qui veut dire ? interrogea Arnaud avec hauteur.
    — Que vous êtes mes prisonniers et que je compte vous apprendre le respect qui est dû à mon seigneur le duc. Il serait trop facile, en vérité, de venir insulter les gens jusque chez eux et, ensuite, de s'en retourner tranquillement.
    Fou de rage, Arnaud avait bondi sur son épée et en menaçait le Bourguignon, mais quatre hommes se jetèrent sur lui, le maîtrisèrent promptement, tandis que les quatre autres, avec un bel ensemble, tombaient sur Xaintrailles. Celui-ci les laissa faire avec un superbe détachement.
    — Est-ce ainsi, hurla Arnaud, que vous respectez les lois de la chevalerie et celles de l'hospitalité ? Voilà donc ce que valent la parole et la sauvegarde de votre maître.
    — Laisse donc, fit Xaintrailles avec mépris, son maître passe son temps à pleurer comme une femme sur le sort de la chevalerie. Il s'en proclame le plus fidèle soutien, mais il marie sa sœur à l'Anglais. C'est un Bourguignon, cela dit tout ! Nous avons agi comme des fous en nous fiant à la parole de ces gens-là...
    Jean de Luxembourg avait pâli et levait déjà la main pour frapper Xaintrailles, mais Catherine avait bondi et s'interposait.
    — Messire, s'écria-t-elle, savez-vous bien ce que vous faites ?
    — Je le sais, Madame, et m'étonne de vous trouver encore ici chez ces gens, vous que notre duc honore de son amour. Pourtant, vous n'avez rien à craindre et je ne lui dirai rien de votre présence céans. Il est inutile de le chagriner. De plus je vous dois quelques remerciements pour avoir retenu ces messieurs...
    La voix furieuse d'Arnaud lui coupa la parole.
    — C'était donc cela ? Voilà pourquoi tu es venue ici, avec tes yeux humides et tes mots d'amour, sale petite putain ! Ma parole, j'ai failli te croire, j'ai failli oublier mon frère massacré, ma vengeance et la haine que j'ai voué à tes pareils... tout cela à cause de toi...
    Ce n'est pas vrai ! Je te jure que ce n'est pas vrai ! s'écria Catherine désespérée en se jetant sur le jeune homme que les archers maintenaient par les bras et les épaules. Je t'en conjure, ne crois pas cela, je ne suis pas la maîtresse de Philippe, je ne savais pas que l'on te tendait un piège... Tu ne veux pas me croire ? Je t'aime Arnaud !...
    Elle voulut glisser ses bras au cou du jeune homme, mais il se raidissait contre elle, relevant le menton pour qu'elle ne pût atteindre son visage. Le regard du chevalier fila par-dessus la tête de la jeune femme, atteignit Jean de Luxembourg.
    — Sire Capitaine, fit-il froidement, s'il vous reste seulement l'ombre du respect que vous devez à vos pairs en chevalerie, emmenez-nous au plus vite ou bien ôtez de là cette fille dont votre prince veut bien se contenter, mais dont la véritable place est au bor-del. Je vous prie de me débarrasser de son contact puisque je ne suis pas libre de le faire moi-même
    — C'est trop juste ! répliqua Luxembourg. Ôtez cette femme de là, vous autres, et emmenez les prisonniers au château...
    Deux archers s'approchèrent de Catherine qui tentait encore de s'accrocher à Arnaud, l'arrachèrent du jeune homme et la jetèrent brutalement sur le lit sous l'œil du capitaine bourguignon.
    — En vérité, fit celui-ci, ce pauvre Garin de Brazey ne méritait pas le sort que lui a fait monseigneur : encanaillé par ordre et plusieurs fois cocu, c'est trop pour un seul homme !
    Secouée de sanglots convulsifs, Catherine éperdue vit les gardes emmener Arnaud. Son visage semblait changé en pierre et il franchit le seuil sans même un regard pour elle. Xaintrailles suivit entre ses gardiens toujours aussi détendu. Il chantonnait à nouveau sa chanson de tout à l'heure : « Belle, quelle est votre pensée ? Que vous semble de moi ?... »
    Catherine demeura seule dans le pavillon de soie bleue, seule avec les armes abandonnées et tous ces objets masculins que, tout à l'heure sans doute, les hommes de Jean de Luxembourg viendraient piller.
    Mais elle ne regardait rien, pour le moment, de ce qui l'entourait.
    Écroulée sur le lit bas, la tête entre ses bras, elle sanglotait sur son espoir déçu, son amour bafoué, renié, sali... Comme il
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher