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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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mort. Ces émigrés ont en outre perdu la qualité de citoyen français, ce qui leur interdit toute participation à la vie politique. On peut ainsi être Français de naissance, de culture et de langue, mais être considéré comme un étranger dans son pays d'origine, même lorsque l'on y est rentré clandestinement, depuis plusieurs années. Les proscriptions qui ont suivi le coup d'Etat antiroyaliste du 18 fructidor an V (septembre 1797) sont venues le rappeler. La prison, le bannissement ou l'exil ont été promis aux royalistes inscrits sur les listes d'émigrés. De ce fait, la diaspora des émigrés qui s'était amenuisée après la chute de Robespierre s'est à nouveau renforcée à la fin du Directoire. En Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie, une autre France, royaliste pour l'essentiel, scrute avec attention l'évolution de la situation française. Mais elle reste très minoritaire.
    A la fin de 1799, la France compte un peu plus de 29 millions d'habitants. Sa population a augmenté de plus de 900 000 personnes en cinq ans, ce qui indique une certaine vitalité démographique. De fait, en 1799, on se marie un peu plus qu'en 1789 et un peu plus jeune, entre 29 et 30 ans pour les hommes et 27 ans pour les femmes. L'âge au mariage reste cependant tardif, ce qui demeure le 15
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    meilleur moyen de limiter le nombre des naissances. Malgré un léger fléchissement dans la décennie révolutionnaire, il naît encore en moyenne plus de trente-six enfants pour mille habitants. Mais des indices du déclin démographique apparaissent déjà, sauf dans l'Ouest où, après la saignée des années 1793-1794, une nette reprise s'est amorcée. L'importance du nombre des mariages et la persistance d'un fort taux de natalité montrent que les Français sont confiants dans l'avenir du pays, même s'ils manifestent quelques signes d'inquiétude sur la situation présente. Ainsi, ils sont de moins en moins nombreux à gagner les villes. Le mouvement de l'exode rural est donc partiellement stoppé, alors qu'une partie des citadins a même tendance à quitter les grandes villes. Ces dernières voient donc leur population stagner au profit des villes petites et moyennes et, naturellement, des villages qui demeurent la cellule de base des Français de 1799.
    La France est encore fortement rurale, puisque près de 81 % de la population vivent à la campagne. L'activité agricole est elle-même prédominante. La condition juridique des paysans s'est notablement transformée, depuis dix ans, sans que leur mode de vie en soit toutefois bouleversé. L'abolition des droits féodaux les a rendus libres de la tutelle des seigneurs, de même ql!e l'abandon de la dîme a rompu le lien financier qui les unissait à l'Eglise. La réforme fiscale a aussi contribué à rendre moins lourde la charge reposant sur leurs épaules, dans la mesure où l'impôt est davantage partagé que par le passé L'obtention de l'égalité civile reste assez formelle et ne modifie pas, pour l'heure, les habitudes des paysans. Quant à la vente des biens nationaux, elle ne leur profite que marginalement, puisque, au mieux, dans certains départements, les paysans ont acheté 20 % des terres mises en vente, l'essentiel étant acquis par des représentants de la bourgeoisie, dont les disponibilités financières sont plus grandes. La baisse des divers prélèvements pesant sur la paysannerie a soulagé un groupe très pressuré à la veille de la Révolution. En outre, dans de nombreuses régions, les nouveaux impôts rentrent mal, ce qui renforce un peu plus l'autonomie à l'égard du pouvoir central. Les paysans doivent faire face à d'autres contraintes, dont la principale est liée aux levées de soldats opérées depuis 1792. Toutefois, la ponction en hommes demeure modérée. Si la levée des trois cent mille hommes, en 1793, a été l'une des causes de la révolte vendéenne, dans l'ensemble, la ponction reste supportable, d'autant que les campagnes sont surpeuplées. Du reste, la loi Jourdan qui institutionnalise la conscription en 1798 prévoit des enrôlements limités, seuls 30 % d'une classe d'âge effectuant un service armé.
    La persistance de foyers de guerre civile est sans doute plus durement ressentie par la population. La France du Directoire connaît de nombreuses poches de résistance au gouvernement où se mêlent lutte contre l'État et brigandage. Néanmoins, ces zones restent
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