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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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les pays industriels ne nous
offrent-ils pas le spectacle de cette misère et de cet antagonisme
des riches et des pauvres ? Les enquêtes ordonnées par le
parlement anglais n’ont-elles pas établi que les populations des
districts manufacturiers de l’Angleterre en étaient réduites à cet
état d’abjection, d’ignorer même que l’Homme-Dieu fût mort en croix
pour le salut des hommes ? Est-ce là le progrès qu’on voudrait
nous imposer ? Ah ! sans doute, l’esprit routinier du
Breton perpétue souvent le mal, par sa résistance à toute
innovation ; mais notre pays n’a-t-il pas échappé par là à
tous les fléaux qui désolent les contrées prétendues
civilisées ? En se plaçant même à un point de vue purement
matériel, n’est-il pas vrai de dire, avec le savant docteur
Villermé, qu’entre toutes les provinces de France, la Bretagne sera
avant cinquante ans la plus florissante et
la mieux
riche ! »
    M. Villermé écrivait à M. A. de
Courson une lettre dont nous extrayons ce passage
remarquable : « Votre race d’élite si robuste, son esprit
profondément religieux, sa fermeté, son incroyable persévérance,
les qualités naturelles de votre sol, la mer qui le baigne, le
fertilise avec ses engrais et fournit à une si grande partie de la
population un emploi lucratif de son temps ; tout vous
servira, jusqu’à l’état arriéré actuel de votre agriculture et de
votre industrie. Il faut bien d’ailleurs que votre pays soit
bon ; car, malgré cet état arriéré, c’est un des plus peuplés
de la France ; et ce qui m’en plaît surtout, c’est qu’il est
un de ceux où les habitants sont le moins mécontents de leur sort,
et par conséquent le plus heureux. Si je parlais bas-breton, c’est
parmi vos compatriotes que je voudrais vivre. »
    C’est ainsi qu’un des économistes les plus
consciencieux de ce temps appréciait la Bretagne en 1813.
    Trois ans après, l’héritier du siège de saint
Corentin, le vénérable évêque de Quimper, disait à son
troupeau : « Le nom de Breton, quand il est bien porté,
est un gage d’attachement aux vieilles croyances, de fidélité aux
pratiques saintes, de constance dans le sentier du devoir. D’autres
peuples présenteront une apparence moins inculte, un habit moins
grossier, une parole moins rude ; qu’importe ? et
qu’avez-vous à leur envier, si vous conservez un esprit plus
convaincu, un cœur plus dévoué, une volonté plus énergique ?
Vous avez besoin, dit-on, d’être polis par la civilisation avancée
du siècle. Nous ne disputerons pas ;
mais prenez garde
qu’à force de vous polir, la civilisation ne vous use, ne vous
amoindrisse,
n’efface l’empreinte de votre caractère
religieux… Voilà pourquoi nous voyons avec un contentement réel que
vous teniez à vos vieux usages, à vos vieux costumes, à votre
vieille langue ; et nous ne parlons pas ici en littérateur
préoccupé de questions philologiques, en artiste épris de formes
pittoresques, mais en évêque convaincu, par l’expérience et la
raison, de l’étroite liaison qui existe entre la langue d’un peuple
et ses croyances, entre ses usages et ses mœurs, entre ses
habitudes et ses vertus. »
    Que dire après ces paroles, éloquentes parce
qu’elles sont vraies ? Qu’ajouter à ces citations de
MM. de Courson et Villermé, et de Mgr de
Quimper ?
    Ô peuple d’Armorique, reçois de la bouche de
tes enfants, de tes grands hommes et des étrangers dont tu fais
l’admiration, reçois comme une louange cette parole qu’on t’avait
jetée jusqu’ici comme une injure :
Ils
n’ont rien
oublié, ils n’ont rien appris.
    Tu n’as pas oublié ta vieille foi, ton Dieu
plus ancien que le monde, car le monde est son œuvre ; tu n’as
pas appris les vices, les désillusions, les sanglantes utopies
qu’enfante cette barbarie, fille des civilisations. Honneur à
toi ! honneur à tes fils !
    Et maintenant, nous n’avons pas besoin de le
dire, c’est à regret que nous quittons cette belle et sainte
Bretagne, dont nous avons essayé de dire la glorieuse et dramatique
histoire. Sympathique à ses joies comme à ses douleurs, à ses
triomphes comme à ses revers, puissions-nous avoir fait passer
quelques-unes de nos émotions dans le cœur de ceux qui ont lu ces
pages !
    FIN

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