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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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donné l’ordre
horrible de tirer sur les émigrés. Sombreuil ne résistait plus
qu’avec huit cents hommes à plus de quinze mille
républicains : il faut enfin se rendre. Hoche veut sauver ces
braves, et les fait conduire à Auray par une escorte si faible et
si compatissante, qu’ils pouvaient tous s’évader chemin faisant. Un
petit nombre seulement en profitèrent. Les autres, esclaves de leur
honneur, et comptant sur la capitulation verbale, se laissèrent
enfermer, malgré leurs gardiens, qui les suppliaient de fuir.
Tallien et la Convention répondirent à cette noble confiance en
leur donnant des juges et des bourreaux, malgré les réclamations de
Hoche et les protestations des officiers et des soldats
républicains. Ainsi périrent les quatre mille prisonniers de
Quiberon ; ils furent fusillés à Vannes et à Auray. Sombreuil
passa le premier et refusa le bandeau, en disant :
« J’aime à voir mon ennemi ; » et, comme on voulait
le faire agenouiller : « Je ne m’agenouille que devant
Dieu, » ajouta-t-il. Il avait vingt-six ans.
    Ainsi finit l’expédition de Quiberon :
l’histoire des guerres civiles n’offre pas de plus épouvantable
catastrophe.
    Pitt, un jour, osa dire en plein parlement
d’Angleterre ces paroles qui sont pour lui comme le stigmate mis
par Dieu au front de Caïn : « Il n’a coulé aucune goutte
de sang anglais à Quiberon. – C’est vrai, lui répondit Sheridan, le
sang anglais n’y a pas été versé ; mais l’
honneur anglais
y a coulé par tous les pores ! »
    Il semble que l’histoire de la Révolution dans
l’Ouest devrait finir à l’expédition de Quiberon ; mais nous
avons voulu la compléter par un rapide coup d’œil sur les
insurrections de 1800 à 1815, et sur la Bretagne et la Vendée
depuis cette époque jusqu’à nos jours.
    La chouannerie, écartée de Quiberon, survécut
au désastre des émigrés, et y répondit par quelques succès à droite
de la Loire et dans le Maine. La guerre continua sur ces deux
points, de plus en plus morcelée, mais de plus en plus furieuse. De
son côté, Cadoudal réorganise et ranime dans le Morbihan la
division de Tinténiac. Puisaye rentre en Bretagne, et se fait
reconnaître encore pour général. Frotté cherche à introduire
l’ordre et la victoire dans la chouannerie normande. Projets
héroïques, mais impuissants ! L’épuisement et la force des
choses domptent les plus indomptables champions : Hoche
désarme la chouannerie bretonne, mancelle et normande, par le même
système que la Vendée : mort à tous les chefs, amnistie à tous
les paysans (juillet 1796).
    La république avait pacifié l’Ouest en
revenant à la modération ; les patriotes s’en écartèrent dans
la joie du triomphe et préparèrent de nouvelles révoltes. Les
chouans deviennent plus terribles que jamais. – Hoche quitte
l’Ouest et va mourir empoisonné, dit-on, à l’armée de
Sambre-et-Meuse. Le 18 fructidor (3 septembre 1797) voit échouer la
conspiration des royalistes et de Pichegru contre le Directoire,
qui fait fusiller une masse de chouans à Grenelle. Les violences
recommencent de part et d’autre. Sous le nom de
chauffeurs
[10] et sous
le masque royaliste, tous les brigands du pays se livrent aux
crimes les plus affreux ; la police républicaine se souvient
des
faux chouans,
et grossit les
chauffeurs
de la
canaille jacobine
de Paris, envoyée en Bretagne
« pour égorger en criant
Vive le roi !
en priant
le
ci-devant bon Dieu,
et pour déshonorer la chouannerie
dans ses œuvres vives (Dépêche secrète). » À ces crimes
provoqués par lui-même, le Directoire répond par des exécutions en
masse ; la Terreur recommence dans l’Ouest, et la guerre s’y
éternise.
    Il ne fallut rien moins que le premier consul
Bonaparte pour désarmer encore une fois la Bretagne et la Vendée
royalistes. Cadoudal s’échappe, et va à Londres préparer de
nouvelles attaques contre le futur empereur. Il arrive à
Paris ; mais abandonné, trahi, loin de ses fidèles paysans, il
est arrêté, condamné et fusillé (juin 1804). Avec lui finit la
chouannerie ; mais elle relève la tête en présence du
despotisme impérial ; la Vendée imite son exemple, et
Louis XVIII rentre en France (1814). Napoléon sort de l’île
d’Elbe et revient à grands pas sur Paris ; les chefs bretons
et vendéens, que la restauration avait désarmés, retrouvent des
armes contre l’empereur et contre l’étranger tout
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