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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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émigrés. Une flotte anglaise allait
les amener au nombre de quinze à vingt mille. Sur cent vingt-cinq
généraux chouans, il ne s’en trouva plus que vingt pour signer la
paix à la Mabilais et reconnaître la république. Les autres
protestèrent et restèrent armés. Hoche eut donc raison de
dire : « On vient de traiter avec quelques individus, et
non avec les chefs du parti. » C’était tout le contraire du
traité de la Jaunais.
    La guerre recommença de toutes parts, et la
chouannerie ne fit qu’élargir ses mouvements. Ce fut alors que le
comte Louis de Frotté parvint à soulever la basse Normandie, sa
province natale. En même temps, le
grand coup
de Puisaye
allait se jouer à Quiberon. Après tant d’hésitation et de retard,
cette formidable expédition était prête. La France républicaine
allait dominer l’Europe ; c’était le moment pour l’Angleterre
de relever la France monarchique, mais pour la mieux briser en la
laissant retomber.
    L’expédition met à la voile le 10 juin
1795 ; elle porte la fleur de la noblesse française et l’élite
de sa marine. « Les Anglais, dit Napoléon dans ses
Mémoires,
avaient à dessein compris dans l’expédition
trois cents émigrés de cette arme. Ce moyen
infamant
de se
venger des triomphes du brave Suffren souriait à leur politique, et
ils anéantirent ainsi tous les auteurs et tous les témoins de cette
belle campagne de l’Inde, qui avait porté si haut la gloire du
pavillon français. » – Les émigrés abordent à Quiberon (27
juin 1795). Le débarquement achevé, émigrés et chouans confondus
s’assemblent autour de leurs prêtres. De la prière on passe au
combat ; mais déjà l’élan s’est ralenti. L’intrigue, la
discorde et la trahison, semées par l’Angleterre unie à la
république, se croisent de toutes parts. Cependant on s’empare
d’Auray, qui était
la clef de l’invasion.
    Hoche a tout appris à Rennes ; il réunit
toutes ses forces et tous ses talents pour vaincre ou pour mourir.
Il repousse les chouans de Vannes, mais il ne peut pénétrer dans
Auray. – D’autre part, les émigrés et les chouans perdent cinq
jours en revues et en disputes. Le 3 juillet, ils prennent enfin le
fort Penthièvre, et confient leur conquête aux prisonniers bleus.
Était-ce vertige ou perfidie ? On ne sait vraiment que
décider. Hoche reprend position devant Auray ; les chouans se
découragent, et c’est à grand’peine qu’on décide un engagement
général le 5 juillet ; mais le plan des chefs mécontente les
émigrés comme les paysans. – Dix mille chouans ont déjà fui devant
les colonnes républicaines, conduites par Hoche, qui s’avance avec
sa redoutable artillerie, sûr désormais de sa proie, cernée tout
entière dans la presqu’île de Quiberon. Le 15 juillet, nobles et
paysans sont écrasés et broyés par les canons de la
république ; les gentilshommes combattent en désespérés. Le 17
juillet, nouveau guet-apens de l’Angleterre. Le fort Penthièvre est
livré aux bleus par deux traîtres ; les émigrés se trouvent
désormais placés entre la mer et les baïonnettes républicaines.
L’escadre anglaise, feignant de ne pas voir le pavillon républicain
sur le fort, n’envoie pas la moindre barque au secours de ses
alliés. La presqu’île offrit alors le spectacle le plus
lamentable : de frêles bateaux sont à sec, on essaie en vain
de les mettre à flot, ceux qui s’y embarquent sont submergés à
l’instant ; d’autres s’engloutissent en voulant gagner les
vaisseaux à la nage. Pas un vaisseau ne bouge ; un affreux
soupçon glace les cœurs. Enfin arrivent les chaloupes anglaises, et
deux vaisseaux de l’escadre protègent de leur feu l’embarquement
des émigrés. On se jette en masse dans les chaloupes, on s’en
dispute l’abord avec frénésie, on les fait chavirer sous des masses
d’hommes. Quelle rigueur il fallut pour dompter les révoltes de
l’agonie ! Autour de chaque barque remplie, se cramponnent une
foule de malheureux à la nage. On les écarte à coups de rame, ils
reviennent éperdus. Pour sauver leur garnison vivante, les matelots
sabrent les poignets des mourants !
    On embarque ainsi dix-huit cents chouans ou
émigrés, pendant que les boulets anglais s’égarent sur les têtes
des royalistes. Était-ce volontairement ? On l’a dit, et nous
pouvons croire que Pitt, qui avait ordonné de sacrifier les
officiers de la marine française, avait aussi
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