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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Bonaparte menace alors
d’écraser la Vendée. La paix est enfin signée à Montfaucon par tous
les chefs de la rive gauche, le 18 janvier 1800. Bonaparte proclama
dès lors les Vendéens
un
peuple de géants.
En
1801 vint le concordat, dans lequel la Vendée encore a sa grande
part. Bonaparte le reconnut publiquement en faisant représenter la
France catholique par l’abbé Bernier, qui avait soulevé les
premiers Vendéens autour de la croix de Jésus-Christ.
    Les causes qui avaient enfanté l’insurrection
vendéenne donnèrent aussi naissance à la chouannerie bretonne, qui,
poussée à bout par les excès de la Montagne, et ranimée par le
dernier sang de la Vendée sa sœur, se dressait pleine de vigueur et
d’audace, au moment où celle-ci expirait sous les colonnes
infernales. Les chouans et les Vendéens étaient frères, mais
seulement par le principe de vengeance et d’affranchissement qui
les armait en commun. Tout, du reste, était différent, pour ne pas
dire opposé entre eux. La guerre de Vendée fut particulièrement une
guerre de défense ; celle de la chouannerie, organisée plus
tard, fut surtout une guerre de représailles. Les chouans rendirent
aux républicains feu pour feu, sang pour sang, et terreur pour
terreur.
    La chouannerie sortit de la basse Normandie et
du bas Maine, où elle eut pour fondateur et pour premier chef Jean
Cottereau, dit
Jean Chouan
[9] , qui donna
son nom à cette lutte si longue et si opiniâtre. Connu de bonne
heure pour sa haute taille, sa force, son esprit et son courage,
Jean Chouan devint l’oracle du village de Saint-Ouen. Il était
toujours le premier et le dernier au choc des gabeloux ou douaniers
du sel, avec lesquels la contrebande du sel qu’il exerçait le
mettait souvent en lutte. Généreux et modeste avec ses compagnons,
il se dévouait sans cesse pour eux, et leur laissait partager la
gloire et le profit de ses exploits.
    Dès l’année 1792, au premier attentat
religieux de l’Assemblée nationale, Jean Chouan prit les armes avec
les gars de son village. La levée en masse vint bientôt grossir sa
troupe, et tous les proscrits de la Mayenne et de la Sarthe
s’insurgèrent en même temps que ceux de la Bretagne et de la
Vendée. La vie de ces hommes hors la loi ne fut plus qu’un combat
perpétuel. Tous ceux qui étaient persécutés comme eux, et surtout
les prêtres réfractaires, cherchèrent un refuge dans leurs rangs.
Leur premier quartier général fut le bois de Misdon (près Laval),
formé de hêtres, de chênes et de bouleaux. Dans le plus fourré de
ce taillis, chaque chouan se creusa une demeure, ou plutôt un
terrier, qu’il recouvrit de feuilles et de broussailles, et dont
l’œil ne pouvait deviner l’entrée. Six mois se passèrent ainsi (les
six mois de l’hiver de 1793), pendant lesquels les chouans ne
purent guère sortir que la nuit de ces cabanes, traqués qu’ils
étaient pendant le jour par les milices et les garnisons. Les
paysans des environs les nourrissaient, et les femmes surtout
vinrent à leur aide ; personne ne songea à les trahir.
    La chouannerie demeura isolée et sans
organisation jusqu’à l’expédition des Vendéens dans le bas Maine.
C’est là la première période de son histoire ; la seconde
période s’ouvre le 25 octobre 1793, au fond du bois de Misdon. Avec
cinq mille paysans, Jean Chouan suivit la Vendée jusqu’au désastre
du Mans : là il perdit sa mère, qu’il aimait tendrement, et
regagna le bois de Misdon. Il trouva la closerie (ferme) pillée, et
ses frères jurèrent avec lui mort aux républicains. Tous ses
compagnons et tous les chouans de Bretagne qui avaient eu le même
sort firent le même serment ; et la chouannerie proprement
dite, s’organisant dès lors et correspondant d’un pays à l’autre,
entra dans sa troisième et terrible période, celle de la vengeance
et de la guerre sans merci. Nous avons dit plus haut les excès
républicains qui l’expliquent, s’ils ne la justifient pas. Terreur
pour terreur, ceux qui commencèrent furent les plus coupables. La
révolution pouvait s’établir autrement que par l’incendie et le
massacre, tandis que la chouannerie, ainsi attaquée, ne pouvait se
défendre utilement qu’en rendant des traitements pareils.
    En même temps que les chouans multipliaient
leurs relations entre eux, ils coupaient, par mille moyens plus ou
moins sanglants, toutes celles de leurs ennemis. Plus de voyages,
plus de convois, plus de
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