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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18
Autoren: Jules Michelet
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que tel touchait plusieurs fois avec un seul titre.
    Duverney durement ferme aux seigneurs la source aisée des dons du roi, les forêts de l'État. Bien plus aisément que l'argent, le roi donnait des bois (sans trop savoir ce qu'il donnait). Plus de permission de couper les futaies (25 mars 1725).
    La noblesse de cour cria. Mais quelle stupeur quand Duverney supprima la noblesse de ville, l'oligarchie municipale qu'avait créée Louis XIV. Il soumit à l'impôt quatre mille petits rois de clochers. Ils avaient acheté presque pour rien une mine d'or. Réglée par eux en famille, à huis clos, dans une obscurité profonde, la fortune des villes était la leur. État doux et commode, et vraiment respectable par une durée de quarante ans. La foudre tombe. Duverney les rembourse en rentes, et rend au peuple son droit d'élection.
    Révolution immense, et qui eût changé les mœurs mêmes, recréé une nation. Hélas! c'était bien tard. Celle-ci n'était guère en état d'en user. On ne savait plus même ce que c'était qu'élection. La ville, si paisible,se trouvait dérangée. Ennuyeux mouvement. Heureusement, le sage Fleury dix ans après rétablit le repos, les municipalités héréditaires, le gâchis et l'obscurité. Ils purent tout à leur aise tripoter le présent, engager l'avenir, tellement qu'en 89 la seule ville de Lyon devait trois cents millions.
    Nous dirons tout à l'heure les autres imprudences de Duverney, l'essai d'égalité d'impôt, le bureau des blés et farines (imité par Turgot), l'organisation des milices (copiée aussi plus tard). Il se trouva avoir irrité toute classe. Il périssait et il devait périr également par le mal, par le bien. Les brutalités tyranniques qu'on avait supportées des autres (de mauvaises mesures sur les monnaies, sur l'intérêt), de lui parurent insupportables.
    Une étrange défense d'étendre la ville de Paris, une ordonnance draconienne sur le petit vol domestique parurent (avec raison) ridicules et barbares, et blessèrent le bon sens public.
    Un procès maladroit fut plus funeste encore à lui, à madame de Prie. Le ministre Leblanc, favori du Régent, avait beaucoup gâché et pris dans l' Extraordinaire de la guerre; plus, laissé l'État engagé pour quarante millions. Cette caisse de l' Extraordinaire , un capharnaüm, un chaos, fut éclaircie par Duverney. Il y eut plaisir, il est vrai. Leblanc était son ennemi, surtout détesté par Madame de Prie, qui poursuivait en lui un amant de sa mère, coupable (selon elle) d'avoir tué un de ses amants (Richelieu, Mém. IV).
    Ainsi, embrouillant toute chose, la folle, dans le procès de vol, en mêlait maladroitement un criminel.Leblanc, par ordre du Régent, eût fait faire certains meurtres. Fable absurde, incroyable! Que ce prince, si débonnaire pour ses ennemis mêmes, eût commandé des crimes! comment le croire? On haussait les épaules.
    Elle espérait brusquer, emporter tout par une commission. Mais Leblanc en appela au Parlement qui évoqua l'affaire. Les Orléans, bien loin d'être abattus, au contraire en furent relevés. On applaudit le bon jeune Orléans qui allait au Parlement soutenir les accusés. On siffla outrageusement les gens de madame de Prie, qu'elle envoyait siéger, trois ducs et pairs. Le Parlement, quelquefois si sévère, ici tout à coup indulgent, emporté par l'opinion, par l'élan de Paris, ne voulut voir en cette affaire qu'erreur, légèreté, irrégularité. Il ordonna restitution, consacra la réforme de Duverney, ce qui sauva à l'État une somme de quarante millions. Mais Leblanc et consorts furent sauvés et blanchis plus qu'ils ne méritaient. Duverney fut honni, maudit pour sa sévérité. On fit un triomphe aux voleurs. [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE II
CHUTE DE M. LE DUC
1725-1726
    La France est d'autant plus brisée, découragée alors, qu'elle n'est nullement innocente de sa ruine. Ce n'est pas seulement Law ou le Régent qu'elle accuse, c'est sa propre crédulité, la foi légère qu'elle eut aux utopies. Elle en garde longtemps le dégoût des idées, la terreur des innovations et celle même des réformes utiles. Elle gît si malade qu'elle repousse et craint les remèdes. Mais plus elle se défie des idées, plus elle a tendance à tomber au fétichisme personnel, plus elle semble devenir (en plein XVIII e siècle) idolâtrique et grossièrement messianique. Elle espère au miracle, n'espérant plus dans la raison. Le mal épidémique des
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