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Grand-père

Grand-père

Titel: Grand-père
Autoren: Marina Picasso
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les autorités
vietnamiennes m’ont confiés afin qu’il établisse  – de concert avec un
architecte d’Hô Chi Minh-Ville  – les plans du « Village de la
Jeunesse ». Je veux qu’il construise à Thu Duc non pas des bâtiments
semblables à des casernes mais de petites maisons comportant chacune une
cuisine, une salle de bains, une salle à manger et des chambres. Je veux
également une école, un gymnase, un stade, une piscine, un parc. Je veux… je
veux… je veux que les enfants qui y habiteront retrouvent une famille. L’amour
qu’ils n’ont pas eu.
    La vie leur doit bien ça.
     
    Retour au Viêt-nam où mon destin me guide. Une fois de plus,
Gaël et Flore sont là pour le tisser avec moi. Nous sommes d’accord pour
adopter d’autres petits enfants. Et, si je les écoutais, plein de petits
enfants. Des « bébés » comme ils disent.
    Hô Chi Minh-Ville. À l’aéroport, un tapis rouge a été
déroulé au bas de la passerelle où m’attendent, sous le drapeau rouge étoilé de
jaune, les plus hauts dignitaires du pays. Ce n’est pas moi qu’ils viennent
honorer mais mon grand-père, le père de la Colombe , celui de Guernica .
    — Camarade Picasso, avez-vous fait bon voyage ?
    — Camarade Picasso, ce pays est le vôtre.
    Je suis une enfant du pays.
     
    Alors que les architectes et leurs ouvriers donnent le
premier coup de pioche sur le chantier qui deviendra en six mois la première
tranche du « Village de la Jeunesse », M me  Hôa me
reçoit à l’hôpital Grall où m’attend May, une petite fille âgée d’un an et demi.
Tout comme Florian, May était une pensionnaire de l’orphelinat de Gô Vap. Tout
comme Florian, May a connu de graves problèmes de malnutrition. Ses seuls
repères sont les infirmières et le personnel de Gô Vap et de l’hôpital Grall. Elle
refuse que je m’approche d’elle, refuse de sortir de son cocon. Elle se débat
et crie. Je dois l’apprivoiser, veiller à ne pas la brusquer. Je sais que ce
sera dur de couper avec ses racines, des racines qui, depuis sa naissance, ne
puisent que du malheur. La seule sève qu’elle connaisse.
     
    Ma vie est partagée entre le Viêt-nam et l’Europe. Le « Village
de la Jeunesse » est terminé, pourtant je veux développer sa structure d’accueil
en achetant le terrain militaire qui l’environne. Et les travaux recommencent
avec la même énergie, avec la même foi. Parallèlement, ma fondation fait
procéder à l’envoi régulier de plusieurs tonnes de lait destinées aux enfants
des orphelinats et hôpitaux d’Hô Chi Minh-Ville, elle fait creuser des puits
artésiens dans des villages de l’intérieur du pays, fait voter l’allocation d’un
budget à un village de retraités et d’anciens combattants afin qu’ils puissent
développer leur élevage et leur culture, contribue à ce que deux cents
étudiants de l’université de Daklat, au nord-est d’Hô Chi Minh-Ville, perçoivent
une bourse pour mener à bien leurs études. Vu le délabrement des hôpitaux pour
enfants et l’insuffisance de leurs équipements médicaux, ma fondation, avec des
subventions venues de France, se charge de restaurer l’Hôpital pédiatrique n° 1
et l’Hôpital pédiatrique n° 2 de la capitale mais aussi de financer l’installation
d’un bloc opératoire et d’une salle de réanimation. Enfin, je décide de rendre
hommage à M me  Hôa en faisant moderniser Gô Vap qui a accueilli
Florian et May. Avec l’accord des autorités, l’aménagement intérieur, les
peintures, l’ameublement sont changés. Des couturières se chargent de l’habillement
des petits pensionnaires. Des préaux sont construits pour leur permettre de jouer
à la saison des pluies.
    Je fais ce que je sens, et qui me colle à l’âme. Je ne
calcule pas. Je pare au plus pressé.
    Comme disait Picasso, je ne cherche pas, je trouve.
     
    Nouveau voyage à Hô Chi Minh-Ville avec Gaël, Flore et May
qui a deux ans et demi. Florian, âgé de vingt mois, est resté en France. Ensemble,
nous sommes venus chercher Dimitri dans un orphelinat tenu par Terre des Hommes.
    Dimitri. La première fois que j’ai vu Dimitri, comme dans un
roman d’amour, j’ai su que ce serait lui, lui, le nouvel enfant qui se
glisserait au sein de notre famille. Abandonné lorsqu’il avait trois jours, Dimitri
ne connaissait rien du monde. La moindre chose, un oiseau passant devant la
fenêtre de sa chambre, un coup de vent dans la cime d’un arbre, le
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