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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre
Autoren: Nicolas Remin
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Il trouvait que ce mot faisait penser à… bassin hygiénique .
    — Que s’est-il passé ? demanda-t-il. Mon dernier souvenir est un choc dans le dos, suivi de deux coups de feu. Après, je me suis évanoui.
    — Bossi est arrivé juste à temps au rio di San Barnaba. Il a tué Potocki.
    — Comment savait-il où j’étais ?
    — Il pourra te le raconter lui-même.
    La princesse lui lança un regard amusé.
    — Tu veux lui parler ?
    — Bossi est là ? Au bal ?
    — Pourquoi pas ? Nous lui devons une fière chandelle.
    Elle se pencha au-dessus du lit, épousseta quelques miettes sur la couette et ajouta en passant : — Marie-Sophie est là également.
    Comment ? Pendant un instant, il fut persuadé de rêver encore.
    — La reine est ici ?
    Maria hocha la tête en souriant.
    — Elle est allée ce matin au commissariat pour s’entretenir avec toi d’un sujet important. C’est ainsi qu’elle a appris ce qui t’était arrivé. Elle est aussitôt accourue au palais Tron pour demander de tes nouvelles.
    — T’a-t-elle dit de quoi il s’agissait ?
    La princesse secoua la tête.
    — Non.
    — Et comment se fait-il qu’elle soit ici ce soir ?
    — La comtesse et moi-même l’avons invitée. Elle vient à l’instant de danser avec Spaur.
    Pardon ? Quoi ? Par précaution, Tron préféra demander confirmation.
    — La reine de Naples vient de danser avec Spaur ?
    Sa fiancée hocha la tête.
    — Le commandant aussi est venu cet après-midi pour se renseigner sur ton état de santé – un supérieur attentionné, vraiment. Bon, bien entendu, il avait une idée derrière la tête. Il m’a laissée entendre qu’une invitation lui ferait plaisir. Et qu’il serait heureux si cette invitation s’étendait à une certaine demoiselle.
    Tron fronça les sourcils bien que, maintenant, plus rien ne l’étonnât.
    — Mlle Violetta est en haut ?
    — Il n’y avait pas moyen de refuser, répondit la princesse. Pourquoi pas, d’ailleurs ? Elle fait bonne figure.
    — La voilà introduite dans la société, commenta Tron d’un air songeur. J’espère que les intentions du baron sont sérieuses.
    Elle hocha la tête avant de se relever.
    — Avec un peu de chance, elle sera bientôt baronne. Tu veux que je t’envoie Bossi ?
    Tron enfonça sa tête enrubannée dans les oreillers. Son front couvert de sueur lui semblait tantôt brûlant tantôt glacé.
    — Dis-lui de me descendre quelques beignets dauphin , ordonna-t-il. Et enlève cette abominable tasse à bec de ma table de nuit ! Je n’en ai plus besoin.
     
    Après avoir reçu l’invitation de la princesse, Bossi avait apparemment couru louer une queue-de-pie. Cette tenue de soirée noire ne manqua pas de surprendre le commissaire qui ne se souvenait pas de l’avoir jamais vu sans uniforme et, de toute évidence, le sergent lui-même ne se sentait pas encore très à l’aise. Au moment où il entra dans la chambre, Tron remarqua avec amusement qu’il s’apprêtait à le saluer de façon réglementaire avant de se reprendre et d’esquisser une simple révérence – ce qui n’était pas aisé non plus avec une coupe en argent dans les mains. Il devait s’agir des beignets dauphin qu’il avait réclamés. Il sourit pour l’aider à se détendre.
    — Vous avez fière allure, sergent.
    Son subalterne rougit et se mit à toussoter.
    — La princesse m’a dit la même chose.
    — Elle vous est très reconnaissante. Nous vous sommes tous très reconnaissants.
    Il désigna une chaise près de son lit.
    — Comment avez-vous su où j’étais ?
    — Vendredi soir, en sortant de chez Troubetzkoï, je suis passé au commissariat pour prendre les clichés du père Terenzio que nous voulions montrer le lendemain à la reine.
    Il semblait soulagé que leur discussion se tourne vers le domaine professionnel.
    — Une fois sur place, j’ai regardé à nouveau les autres photographies. Et à ce moment-là, un détail m’a frappé sur celles du palais Mocenigo.
    La main de Tron qui s’apprêtait à cueillir un beignet s’immobilisa en l’air.
    — Le piano ?
    Bossi leva les sourcils.
    — Vous êtes au courant ?
    — Continuez, dit son chef.
    — Nous n’avions pas remarqué le trou dans le côté gauche. Un trou assez grand pour y entrer une manivelle.
    — Une manivelle ?
    — Il s’agit d’un piano mécanique. Quand on le remonte, il peut jouer plusieurs minutes.
    Le sergent regarda Tron.
    — Alors je me suis rappelé ce que Troubetzkoï avait dit au
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