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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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doucement cette fois-ci, pour avertir les autres que je ne représentais aucun danger, avant de me laisser entrer.
    Je passai donc le portail et traversai la cour jusqu’à la loggia du rez-de-chaussée. Là, dans la relative fraîcheur, je m’arrêtai un instant. Plusieurs portes-fenêtres étaient ouvertes. Les bruits de conversation que je distinguais se mêlaient au bourdonnement des insectes butinant dans le jardin.
    Écartant les rideaux blancs qui ondulaient dans la brise, je fis mon entrée dans une grande et belle pièce au sol d’ardoise et au haut plafond voûté. Le mur du fond était occupé par une cheminée en pierre au-dessus de laquelle trônait une tapisserie qui selon la rumeur avait jusqu’à très récemment appartenu au roi Charles viii de France. Quant à savoir comment elle était arrivée entre les mains du propriétaire des lieux, j’en étais réduite aux suppositions.
    Mais l’eussé-je voulu, j’aurais pu lui poser la question en cet instant même. Luigi d’Amico était posté non loin de là et s’avança en me voyant entrer, tout sourire.
    — Francesca, comme c’est bon de te revoir !
    Il n’était pas possible de douter de la chaleur de son accueil, ni de manquer d’y répondre. D’Amico était un grand homme aux joues roses, dont la nature quelque peu bourrue masquait un intellect brillant. Il avait grandi dans un foyer modeste, mais tout jeune déjà avait fait montre d’une certaine adresse à comprendre les arcanes de l’argent. C’est ainsi qu’il s’était lancé dans la profession de banquier et qu’en peu de temps, semblait-il, il s’était retrouvé à la tête d’une petite fortune. Alors que la plupart des hommes dans sa situation seraient devenus mécènes, prêts à payer pour se faire immortaliser, d’Amico s’était tourné vers sa véritable passion : la philosophie naturelle. Il m’avait dit une fois vouloir arriver à comprendre la nature aussi parfaitement qu’il comprenait l’argent, c’est-à-dire fort bien.
    — Et comment va notre cher ami, ton employeur ? me demanda-t-il lorsque nous eûmes échangé les politesses d’usage.
    — Relativement bien.
    Fait surprenant, d’Amico n’avait jamais tenté de se servir de notre accointance pour obtenir des informations sur Borgia. Il n’y avait que deux explications possibles à cela : soit il possédait une noblesse de caractère qui n’existait nulle part ailleurs sur terre, soit il avait de meilleures sources que moi au Vatican. Pour autant qu’il me soit agréable, j’étais passablement certaine qu’il s’agissait de la seconde option.
    — Tant mieux, dit-il alors que nous rejoignions les autres. Ce jour-là, nous étions une douzaine de présents. Avec mon arrivée, le contingent féminin se montait désormais à deux. L’autre femme était venue séparément à la villa. Ce n’était que l’un des nombreux lieux où nous nous retrouvions, en prenant garde de n’en fréquenter aucun bien longtemps pour ne pas attirer l’attention.
    Pourquoi tant de précautions, me direz-vous ? Car nous avions tous fait le serment de partir en quête du savoir, même lorsque cela nous mettait en porte-à-faux avec les préceptes de notre Mère la sainte Église. Si ce n’est pas assez passionnant comme cela pour vous, si peut-être vous aviez espéré me voir en chemin pour un rendez-vous galant que je vous aurais décrit en détails lubriques, laissez-moi vous préciser qu’en contrepartie de nos efforts pour sonder les mystères de la nature, nous prenions en permanence le risque de nous retrouver accusés d’hérésie et condamnés aux bûchers qui brûlaient présentement à travers toute la chrétienté. Si je suis tout à fait en faveur des gémissements, voire des cris, qui accompagnent une nuit de passion, ce sont ceux que l’on arrache aux malheureux condamnés à périr par le feu qui me tiennent éveillée la nuit.
    Mais je digresse ; c’est une habitude que j’ai.
    Nous avions pris pour nom Lux, telle la lumière que nous espérions apporter au monde. J’étais la plus jeune et la plus récente des membres du groupe, auquel mon père avait appartenu avant sa mort prématurée. Les autres étaient rassemblés autour d’une table à l’autre bout de la pièce. À ma surprise, il manquait un homme à l’appel : Rocco Moroni, le maître verrier aux doigts de fée qui m’avait ouvert les portes de Lux. Deux ans plus tôt, Rocco s’était mépris sur moi au
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