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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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s’enquit-il en jetant des regards furtifs à gauche et à droite, attirant de fait d’autant plus l’attention sur lui – et par extension, sur moi.
    Je l’attrapai par la manche et l’emmenai à l’écart, auprès d’une grande cheminée où l’on serait plus tranquilles. Les coups de marteau et de scie qui nous parvenaient de l’aile adjacente du palais du Vatican où Borgia se faisait construire un splendide appartement étaient parfaits pour qui voulait avoir une conversation privée. Mais même ainsi, je lui répondis à voix basse.
    — Pas encore, mais il le fera.
    — En êtes-vous sûre ?
    Renaldo avait de bonnes raisons d’insister. Comme quasiment tous les Romains, il avait misé une certaine somme auprès de l’un des centaines de pronostiqueurs qui prenaient de tels paris en ville. Peut-être avait-il aussi investi quelques fonds chez divers négociants, dont les bénéfices seraient potentiellement affectés par ce décret papal. En cela, lui et moi étions pareils. Borgia avait été plus que généreux avec moi – comme tout homme sensé devrait l’être avec son empoisonneur. Je n’avais donc pas à me plaindre, mais j’aurais été également bien sotte de ne pas chercher à utiliser à bon escient les informations qui remontaient jusqu’à moi.
    — Il n’a pas le choix, expliquai-je. Il cherche à s’attirer les bonnes grâces de l’Espagne et Leurs Majestés lui ont fait clairement comprendre qu’il n’y avait aucun autre moyen d’y parvenir.
    — Mais si Colomb a raison…
    J’acquiesçai avec une certaine impatience. Tout le monde savait pourquoi Borgia avait rechigné à signer cette bulle jusque-là.
    — Si le Saint-Père donne à l’Espagne ce qui s’avère au final être réellement les Indes, cela finira en guerre avec le Portugal, je sais. Mais les érudits, les géographes, les cartographes, tous disent la même chose qu’à l’époque où le grand capitaine présentait son projet fou à toutes les cours d’Europe, en vain : le monde est trop grand pour qu’il ait atteint les Indes.
    Depuis quelques semaines que La Niña, sa caravelle, était rentrée bien mal en point au port de Lisbonne après avoir essuyé une tempête en Atlantique, les nouvelles étonnantes qu’elle avait rapportées étaient dans toutes les bouches ou presque. À peine les premiers rapports étaient-ils arrivés à Rome que Borgia s’était mis au travail, afin de déterminer (comme toujours) la meilleure façon de tirer avantage d’une tournure des événements pour le moins inattendue.
    Nous avions alors dû subir un défilé interminable de sages venus lui expliquer encore et encore exactement pourquoi, malgré les apparences, il était tout simplement impossible que Colomb ait atteint les Indes. En toute logique, son équipage et lui auraient dû manquer de vivres et périr en mer bien avant d’apercevoir une quelconque terre. Qu’il en ait été autrement ne pouvait signifier qu’une chose : ils n’avaient pas trouvé les Indes et ses montagnes d’épices (convoitées par tous), mais bien une terre entièrement nouvelle, dont on ne soupçonnait pas l’existence jusqu’alors – une Novi Orbis.
    — Et s’ils avaient tort… ? commença Renaldo, mais je l’arrêtai tout de suite.
    — Les Grecs connaissent la circonférence du monde depuis l’Antiquité, et nous aussi. Non, c’est certain, Colomb a découvert une autre contrée, totalement nouvelle, qu’il le veuille ou pas. Peut-être ce lieu révélera-t-il des richesses inimaginables, ou bien seulement la mort et la ruine. L’Espagne le saura bien assez tôt.
    L’intendant paru réconforté par mes paroles, mais je sentais que quelque chose le troublait encore.
    — Avez-vous eu vent de la rumeur ? demanda-t-il en se penchant un peu plus près, au point que je sentis l’odeur d’anis sur son haleine. Ce n’était pas désagréable, mais elle ne parvenait pas à masquer totalement l’aigreur, résultat de son anxiété, qui émanait de son estomac.
    — Quelle rumeur ? Chaque jour, chaque heure même, apporte son nouveau lot de ragots plus extravagants que les précédents.
    — Je ne saurais l’affirmer mais je crains que celle-ci ne soit que trop vraie. On raconte que cet homme, Pinzón, le capitaine de La Pinta, est en train de mourir d’une maladie mystérieuse. Il aurait le corps recouvert d’étranges pustules et serait dévoré par la fièvre.
    J’avais également entendu dire
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