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Fortune De France

Fortune De France

Titel: Fortune De France
Autoren: Robert Merle
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Sauveterre :
    — Il
n’est rien qu’on puisse lui reprocher, sauf, peut-être, son goût pour les
médailles.
    L’œil
bleu d’Isabelle pétilla et elle dit avec beaucoup de pétulance et d’un vif
mouvement du cou et des épaules :
    — En
quoi, mon cousin, je ressemble au Roi Louis XI...
    — Qui
fut un très grand Roi, malgré son idolâtrie, dit Caumont d’un ton grave, mais
avec un sourire des yeux.
     
     
    Quand
les deux Jean, le lendemain, se présentèrent à cheval devant le château de
Mespech, ils trouvèrent le pont-levis haut dressé, et à leurs cris, au bout
d’un assez long moment, une tête hirsute apparut sur le rempart, qui montra une
trogne rougie et des yeux hébétés.
    — Passez !
Passez ! dit l’homme d’une voix éraillée. J’ai le commandement de n’ouvrir
à personne !
    — Qu’est-ce
que ce commandement ? dit Jean de Siorac. Et qui a bien pu te le
donner ? Je suis le Chevalier de Siorac, neveu de Raymond Siorac de
Taniès, et je suis acheteur de la châtellenie, ainsi que Jean de Sauveterre,
mon compagnon. Comment pourrai-je l’acheter, si je ne peux la visiter ?
    — Ah,
Moussu ! Moussu ! dit l’homme. Je vous prie humblement de me
pardonner, mais je serais en grand danger de ma vie et de la vie des miens si
j’ouvrais !
    — Qui
es-tu, et comment te nommes-tu ?
    — Maligou.
    — Et
bien a goût à la piquette, je pense, dit Sauveterre à mi-voix.
    — Maligou,
dit Siorac, es-tu domestique de cette maison ?
    — Non
point, dit Maligou avec un mouvement de fierté. J’ai une terre, une maison et
une vigne.
    — Une
grande vigne ? dit Sauveterre.
    — Grande
assez, Moussu, pour ma soif.
    — Et
comment te trouves-tu ici ?
    — Ma
petite moisson faite, j’ai accepté, pour mon malheur, d’être commis à la garde
de Mespech par les héritiers, moyennant deux sols le jour.
    — Et
tu les gagnes mal, en n’ouvrant pas aux acheteurs !
    — Moussu,
je ne peux, dit le Maligou d’un air plaintif. J’ai mon commandement. Et péril
de ma vie, si je désobéis.
    — Un
commandement de qui ?
    — Vous
savez bien de qui, dit le Maligou en baissant la tête.
    — Maligou,
reprit Sauveterre en fronçant le sourcil, si tu ne baisses pas le pont, je
galope à Sarlat quérir le lieutenant du Roi et ses archers ! Et ils te
pendront pour faire obstruction aux acheteurs !
    — J’ouvrirai
assurément à Monsieur de La Boétie, dit Maligou avec un énorme soupir d’aise,
mais je ne crois pas qu’il me pende. Allez quérir le lieutenant, Moussu, avant
que je sois occis par d’autres ! Je vous en supplie au nom du Seigneur
Dieu et de tous les saints !
    — Au
diable les saints, dit Sauveterre à voix basse. Le drole porte-t-il aussi une médaille de la Vierge ?
    — Mais
point en si belle et bonne place, dit Siorac à mi-voix.
    Il
reprit :
    — Allons,
Sauveterre ! Piquons ! À Sarlat ! Nous avons derechef quelques
lieues à nous caler dans les fesses par la faute de ce drole !
    — Ou
de celui qui le terrorise, dit Sauveterre en faisant volter son cheval d’un air
soucieux. Mon frère, il faudrait y penser, nous n’aurons pas bon voisin, s’il
est vrai que les terres de ce Fontenac jouxtent celles de Mespech.
    — Mais
le château est beau, dit Siorac en se dressant sur ses étriers. Il est beau et
il est neuf ! Il y aura grande joie pour nous à habiter une maison aussi
neuve. Foin de ces étroits fenestrous des vieilles bâtisses et de leurs murs
noircis et Moussus. Plus me plaisent la pierre qui brille et les fenêtres à
meneaux qui laissent entrer la lumière !
    — Mais
qui donnent une entrée facile à l’assaillant...
    — En
cas de besoin, nous les renforcerons de l’intérieur d’épais volets de chêne.
    — Vous
achetez chat en poche, mon frère, dit Sauveterre d’un air de grogne. Nous
n’avons même pas vu les terres.
    — Maintenant,
la maison. Demain et après-demain, les terres, dit Siorac.
     
     
    Anthoine
de La Boétie, lieutenant-criminel par autorité royale de la Sénéchaussée de
Sarlat et du bailliage de Domme, habitait à Sarlat, en face de l’église, une
maison fort belle et fort neuve, percée de ces fenêtres à meneaux qu’aimait mon
père, lequel était féru en tout de nouveauté, que ce fût en religion, en
agriculture, en art militaire ou en médecine. Car en cette science, il
continuait encore diligemment de s’instruire. J’ai trouvé, il y a peu de temps,
en sa considérable
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