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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris
Autoren: Michel Zévaco
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minute
que celle où la vieille a crié :
    – Mais vous ne voyez donc pas qu’elle
vous aime ! Et toi, tu ne vois donc pas qu’il
t’adore !…
    Et la divine extase, la radieuse ivresse de
cette seconde où son Georges, pâle et chancelant, s’est avancé à
pas rapides, s’est abattu à genoux et a couvert ses mains de
baisers, tandis que maman Madeleine, s’essuyant les yeux,
disait :
    – Soyez heureux, mes enfants !… Tout
mon espoir, ma Lisette chérie, était de faire ton bonheur avant de
mourir… Monsieur Georges, il vous faut cinquante mille francs… ils
sont là, dans cette commode… cinquante beaux billets neufs… la dot
de Lisette… Allons ! ne dites pas non… seulement, vous ne me
quitterez pas… vous me ferez un coin dans votre bonheur…
    Ah ! ça, c’est juré, par
exemple !…
    Loyalement, d’ailleurs, M. Georges a été
prévenu que Lise n’est qu’une enfant trouvée…
    Mais qu’importe à Georges !…
    Le mariage est décidé…
    Enfin, dans la pleine lumière de mai, lumière
de pure félicité, lumière d’amour, le grand jour s’est levé ce
matin !…
    Dans cette évocation enchantée, une ombre, un
sourd malaise…
    À l’église, elle a senti peser sur elle un de
ces regards qui forcent à se retourner… Une femme !… Quelle
folie !… Est-ce que cette femme vêtue de noir, suprêmement
élégante, n’a pas aussi regardé son Georges ?…
Illusion !… Est-ce qu’il n’a pas affreusement pâli sous ce
regard ?…
    Une ombre… rien qu’une ombre… évanouie
déjà !
    Car ils sont l’un à l’autre, à jamais !
Les voici rentrés dans le clair appartement qu’ils ont passé un
mois à faire plus coquet et qui sera le nid de leur amour. Maman
Madeleine, gaîment, a fourré tout de suite dans la poche de Georges
les cinquante beaux billets neufs pour qu’il les garde sur lui
pendant le repas de noces… car c’est un talisman de richesse, un
présage de fortune…
    Et voici la table étincelante, avec ce rayon
de soleil qui se joue parmi les verres et les couverts…
    Pourquoi ? oh oui ! pourquoi
tremble-t-elle ainsi tandis que Maman Madeleine, paisiblement, va
ouvrir ?…
    Pourquoi l’ombre de tout à l’heure
brusquement, s’est-elle appesantie sur son bonheur ?…
Pourquoi ! oh ! pourquoi lui, son Georges, son mari, son
bien-aimé, tourne-t-il ce visage d’épouvante et de menace vers la
porte où simplement quelqu’un vient de frapper trois coups… trois
coups secs et brefs ?…
    Par ancienne précaution de paysanne qui se
garde contre les chemineaux en la ferme isolée, Mme Frémont a
demandé :
    – Qui frappe ?
    Et alors les plaisanteries se figent sur les
lèvres des invités ; la terreur plane sur la noce ; la
mariée debout, prête à chanter, sent sur sa nuque le souffle glacé
des craintes mystérieuses, et le marié, avec un soupir d’épouvante,
lentement, se lève… car, sur le palier, une voix basse, polie,
impérieuse, a répondu :
    – Au nom de la Loi !…
    D’une main qui grelotte, la vieille Angevine a
ouvert…
    Un homme est là, correct, impassible ; de
ses yeux clignotants il fouille déjà l’appartement ; derrière
lui, deux colosses trapus à têtes de dogues.
    Dans la salle à manger, une immobilité de
stupeur, un silence de mort.
    Et l’homme, lissant du doigt sa moustache
grise, très simplement, prononce :
    – Madame, je suis chef de la Sûreté. Vous
cachez ici un malfaiteur…
    Le chef a fait trois pas rapides ;
légèrement, il touche le marié livide… il achève :
    – Et ce malfaiteur, le voici !
Agents, arrêtez cet homme !

Chapitre 2 SILHOUETTE DU MARIÉ
    Un bruit sourd dans l’antichambre : maman
Madeleine, tout d’une pièce, tombe à la renverse, foudroyée… Un cri
de détresse horrible : à peine vivante, emportée dans le
délire des agonies folles où se mêlent le doute, l’espoir qu’on
rêve, et la sensation que la réalité éclate, tonne, et tue… Lise
tend les bras :
    – Georges !…
    Sur chaque épaule du bien-aimé, une forte
poigne velue s’est abattue. Une hideuse grimace qui veut être un
sourire crispe les lèvres du marié. Sa voix saccadée
ricane :
     
    – J’ai reconnu votre façon de frapper,
monsieur ; je vous suis…
    – En route ! grondent les deux
dogues…
    L’appel déchirant de la mariée s’élève dans le
silence :
    – Georges !…
    Le chef esquisse un geste de pitié banale,
hausse les épaules pour
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