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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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criaient :
    – Frappe
à la porte, ser Jacopo ! Frappe à la porte ! Ouvrez à messer Jacopo
di Pazzi !
    L’arrivée
en trombe de l’élégant jeune homme à cheval les avait mis en fuite. Ils se
hâtèrent de décrocher leur hideux trophée et de le traîner plus loin, mais l’épouvantable
odeur semblait collée aux pierres du seuil et Fiora, à son tour, se sentit
pâlir :
    – Ne
peut-on emmener donna Colomba dans la maison ? demanda-t-elle, tandis que
Chiara s’efforçait de faire rentrer son oncle qui s’obstinait à gesticuler en
appelant à la Milice.
    – Bien
sûr, s’écria le jeune homme qui prit le valet par le bras. Nous venons !
    Fiora
s’écarta et, à eux deux, ils emmenèrent Colomba que ses jambes flageolantes
étaient incapables de porter. Mais, en la relevant, son regard rencontra celui
de la jeune femme et il faillit lâcher la malade :
    – Madona
Santissima ! C’est toi ? ... On m’avait dit que tu étais revenue,
mais je ne voulais pas le croire.
    – Pourquoi ?
Parce que tu me croyais morte ? C’était, évidemment, plus commode pour ta
tranquillité d’esprit.
    Le
regard ironique de Fiora toisait avec plus d’amusement que de rancune son
ancien amoureux. Luca Tornabuoni était resté aussi beau qu’au temps où il
briguait ardemment la main de Fiora ; et peut-être l’était-il davantage
car, en trois ans, il avait perdu cet aspect un peu fragile de la grande
jeunesse et, du même coup, son côté attendrissant. Néanmoins, Fiora savait ce
qui se cachait de lâcheté derrière ce visage dont le profil était digne d’être
frappé dans le bronze. Au jour de la catastrophe où s’était engloutie sa vie
entière, Luca s’était hâté de disparaître dans la foule sans rien tenter pour
porter secours à celle dont, cependant, il se disait si passionnément épris.
    – Eh
bien, qu’attendez-vous ? s’écria Albizzi qui se décidait à rentrer. Un peu
de nerf, que diable ! Vous allez laisser tomber cette pauvre femme. Et
vous, les filles, que faites-vous là ? ajouta-t-il à l’adresse de sa nièce
et de Chiara. Je suis peut-être distrait, mais pas au point de ne pas remarquer
que vous êtes en chemise ! En chemise ! Et dans la rue ! Allons !
Que l’on remonte !
    Se
prenant par la main, les deux jeunes femmes remontèrent l’escalier en courant
et en riant tandis que Luca criait :
    – Permets-moi
de venir te voir, Fiora ! Il faut que je te parle ! Dis-moi que je
peux venir !
    Se
penchant sur la rampe, l’interpellée lança :
    – Je
ne suis pas chez moi. Et puis, je n’ai pas envie de te voir !
    Cette
déclaration définitive n’empêcha pas Luca de revenir dans la journée, mais
Fiora refusa de le recevoir et de même le lendemain. Elle cherchait à
comprendre pourquoi ce garçon, jadis son chevalier servant et dont elle
acceptait les hommages parce qu’il était beau et décoratif mais sans lui rendre
ses sentiments, tenait tellement à se rapprocher d’elle à présent. D’autant
que, d’après Chiara, il était marié et père d’un enfant.
    – Si
je commence à entretenir des relations avec tous les hommes mariés de la ville,
ma réputation sera vite en morceaux, confia-t-elle à Chiara. D’autant que je n’ai
aucune envie de lui parler.
     
    Cette
fois, le beau temps était revenu et s’installait à la satisfaction générale,
bien que les gens sérieux se fussent refusés à voir une relation quelconque
entre les caprices du ciel et la dépouille mortelle de Jacopo Pazzi. Qui, d’ailleurs,
avait définitivement quitté Florence par la voie du fleuve où le gonfalonier de
justice l’avait fait jeter du haut du pont Rubaconte.
    Ce
jour-là, les deux amies qui sortaient volontiers dans Florence enfin redevenue
paisible décidèrent de monter à San Miniato. Le temps des aubépines et des
violettes était passé, mais Fiora et Chiara montraient la même prédilection
pour cet endroit charmant d’où l’on découvrait, sur Florence, la plus belle vue
de toute la région. Les averses récentes n’avaient pas causé de grands dégâts
autour de la vieille église et du palais des évêques. De fiers cyprès
noircissaient le haut de la colline, telle une barrière se dressant contre l’assaut
de la végétation que trois jours de soleil avaient rendue à l’exubérance.
    Du
haut de la petite terrasse de l’église, les deux jeunes femmes contemplèrent un
moment la ville étalée à leurs pieds et irisée par
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