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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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qu’il
voulait égorger. Résolument, elle alla au-devant de lui et mit sa mule en
travers de la rue. Chiara suivit et les deux valets firent de même, abandonnant
la pauvre Colomba persuadée que les jeunes femmes allaient être massacrées et
invoquant les saints du Paradis avec force cris et larmes.
    – Ceci
est sans doute une des formes de ton courage ? lança Fiora méprisante
quand elle fut assez près pour se faire entendre. Qui prétends-tu égorger ?
    – Tiens ?
Fiora ? Je croyais que tu ne voulais plus m’adresser la parole ? fit
Luca avec un sourire qu’elle jugea affreux.
    – Ce
n’est pas à toi que je parle : c’est à un assassin en puissance...
    Soudain,
elle devint blême car elle venait de reconnaître les deux malheureux, un homme
et une femme, que des brutes faisaient marcher de force en dépit de leur
évidente faiblesse. Ils étaient couverts de poussière, déguenillés, et du sang
marquait leurs figures. Mais c’étaient incontestablement Carlo Pazzi et
Khatoun. Avec un cri d’horreur, Fiora poussa sa mule dans la foule sans souci
de ce que les sabots de l’animal pouvaient écraser. Comme Chiara et ses valets
suivaient, on s’écarta, d’autant que certains chuchotaient sur son passage :
« C’est la Fiora !... la douce amie de Monseigneur Lorenzo... »
    Arrivée
devant les deux victimes qui, à bout de forces, s’étaient laissées tomber à
genoux, elle sauta à terre et saisit Khatoun dans ses bras. Et comme l’une des
brutes tentait de l’en empêcher, elle lui jeta au visage :
    – Touche-moi
seulement et tu seras pendu ! Cette jeune femme n’a jamais été une Pazzi.
Elle s’appelle Khatoun, elle est tartare et c’est mon esclave.
    Puis,
se retournant telle une furie vers Luca qui s’était approché :
    – Ne
me dis pas que tu ne l’as pas reconnue ? Tu l’as vue cent fois chez mon
père !
    – Oh,
c’est possible ! grogna-t-il, mais que fait-elle avec celui-là ? Tu
ne me diras pas que ce n’est pas un Pazzi ? C’est le lamentable Carlo, l’avorton
que la famille cachait avec tant de soin. Je l’ai reconnu tout de suite quand
je l’ai vu franchir le pont avec la fille.
    – Parce
que c’est toi, la cause de tout cela ?
    – Bien
sûr ! Aucun Pazzi ne doit rester vivant sur cette terre qu’ils ont
souillée, lança-t-il d’un ton grandiloquent. Je reconnais que j’ai pu commettre
une erreur avec ton esclave, alors je te la rends. Emmène-la et laisse-nous en
finir avec l’autre !
    Chiara
s’était déjà emparée de la pauvre petite et ses valets la portaient dans la
boutique d’un apothicaire qui venait de s’ouvrir pour elle. Le malheureux Carlo
faisait peine à voir. Ses longues jambes grêles repliées sous lui, les yeux
clos et le visage couleur de cendre, il respirait avec peine et seule la poigne
de ses bourreaux l’empêchait de s’écrouler. Fiora comprit que le combat n’était
pas fini :
    – Il
n’est pas question que toi et tes... amis disposiez seuls de cette vie. C’est à
Monseigneur Lorenzo qu’il faut conduire ce malheureux.
    – J’ai
déjà dit qu’on lui porterait sa tête.
    – Et
moi, je ne suis pas certaine que cela lui fasse plaisir. Il a interdit les
justices trop expéditives et mieux vaut ne pas risquer sa colère.
    – Sa
colère ? Pour ce rebut de l’humanité ? Tu n’oublies qu’une chose :
c’est sa fortune qui a payé les assassins de Giuliano.
    – Une
fortune dont il ne disposait pas. Il était l’otage de Francesco Pazzi et c’est
pourquoi je dis que seul le Magnifique peut décider de son sort. Vous entendez,
vous autres ? ajouta-t-elle en élevant la voix. Nous allons, tous
ensemble, conduire Carlo Pazzi au palais de la via Larga ! Soyez sûrs que
notre prince vous sera bien plus reconnaissant d’un hommage vivant que d’un
hommage mort.
    Les
cris de mécontentement qui s’étaient levés quand elle s’était jetée dans la
bataille s’apaisaient de façon sensible. Elle parlait au nom du maître et ces
gens croyaient savoir qu’elle en avait le droit. Elle obtint même quelques
grognements approbateurs en ajoutant que, certainement, Lorenzo saurait les
remercier. Mais les choses faillirent se gâter à nouveau quand elle demanda que
Carlo fût hissé sur sa mule.
    – Il
a tenu jusqu’ici, il tiendra bien jusqu’au palais ! s’écria une sorte de
colosse dont les bras nus portaient des bracelets de cuir et que sa tunique
tachée de sang noirci
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