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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France
Autoren: Juliette Benzoni
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toi je ne dois
rien !
    Alors,
cesse de m’importuner et va-t’en ! Retourne auprès des tiens ! Je ne
veux plus te voir ni t’entendre.
    Une
brusque poussée de colère empourpra le beau visage de Luca et embrasa ses yeux
noirs :
    – Jamais
tu ne te débarrasseras de moi, Fiora ! Et par saint Luca, mon patron, je
saurai bien t’amener là où je te veux !
    – Ton
saint patron était médecin. Demande-lui de te guérir, car tu es en train de
perdre l’esprit. Ce sera plus sage !
    Prenant
le bras de Chiara, elle se dirigea vers Colomba que le bruit des voix avait
réveillée depuis longtemps et qui suivait la scène avec la mine gourmande d’un
amateur passionné de romans. Comprenant qu’il ne gagnerait rien en insistant
davantage, Luca Tornabuoni alla rejoindre le cheval, attaché à l’un des anneaux
de bronze du palais épiscopal. Le geste qu’il adressa au groupe formé par les
trois femmes pouvait signifier un adieu aussi bien qu’une menace.
    – Peux-tu
me dire ce qui lui prend ? demanda Fiora en haussant les épaules.
    – Va
savoir ! Peut-être est-il sincère quand il dit qu’il ne t’a jamais
oubliée, bien que Cecilia, sa femme, soit charmante. Je crois surtout que son
attitude actuelle s’explique en trois points : il t’a revue, il sait que
Lorenzo est ton amant... et il s’ennuie comme cela arrive quand on est riche,
peu cultivé, et qu’on ne sait que faire de son temps. Prends garde, néanmoins :
l’amour d’un enfant gâté peut devenir source d’ennuis. Surtout si tu décides de
t’installer ici.
    – Nous
verrons bien ! J’ai toujours la ressource de regagner la France.
    En
rentrant au palais Albizzi, Fiora trouva un billet que l’on avait apporté pour
elle dans l’après-midi. Il ne contenait que quelques mots, et elle rougit un
peu en les lisant, sans pouvoir retenir un sourire :
    « Je
suis en mal de toi ! Reviens ! La statue est beaucoup moins belle que
toi. Demain soir tu seras dans mes bras, sinon je viendrai te chercher
moi-même. – L. »
    Elle
plia le billet et le glissa dans son corsage, d’un geste un petit peu trop
nerveux. Chiara éclata de rire :
    – Il
te réclame ?
    – Oui.
    – Et...
tu n’as pas vraiment envie de le faire attendre ?
    – Non...
     
    – La
cause est entendue ! Demain nous t’accompagnerons jusqu’aux remparts,
Colomba et moi, et je te donnerai deux valets pour le reste du chemin.
    – Pourquoi
ne viendrais-tu pas, à ton tour, passer quelques jours à Fiesole ?
    – Plus
tard peut-être... Lorenzo n’apprécierait pas ma présence et je n’ai pas envie
de lui déplaire.
     
    Le
lendemain, dans la via Calzaiuoli, Fiora, Chiara et Colomba, venues acheter des
tissus légers en vue des chaleurs de l’été, sortaient d’un magasin et
rejoignaient les mules sur lesquelles veillaient deux valets quand la rue s’emplit
d’une foule braillarde et gesticulante, armée de bâtons, de couteaux et d’objets
divers, qui hurlait « Mort au Pazzi ! ... Justice ! ... Liberté !
... A mort le Pazzi et la fille jaune ! »
    – Seigneur !
gémit Chiara. Voilà qu’ils recommencent ! On dirait qu’ils en ont trouvé
un autre !
    L’effet
des cris fut magique. En un clin d’œil, les éventaires furent retirés des
boutiques, les volets claquèrent et il n’y eut plus personne.
    – Peut-être
ferions-nous bien de nous sauver aussi ? hasarda Colomba qu’un valet
aidait à enfourcher sa monture. Mais Fiora, déjà en selle, ne l’écouta pas. Au
contraire, elle fit avancer sa bête de quelques pas en direction de la foule.
    – Reviens !
cria Chiara inquiète. Tu vas te faire écharper !
    – Regarde
donc qui mène cette horde ! fit-elle en désignant de sa houssine le
cavalier qui marchait en tête, tout en se retournant pour surveiller quelque
chose. Chiara rejoignit son amie.
    – C’est
Luca ! souffla-t-elle stupéfaite. Qu’est-ce qui lui prend de jouer les
meneurs ? Et un meneur singulièrement acharné !
    En
effet, la voix de Tornabuoni semblait donner des ordres :
    – Pas
maintenant ! Il ne faut pas les tuer maintenant ! On les égorgera sur
le tombeau de Giuliano et on portera leurs têtes à mon cousin Lorenzo !
    Une
bruyante approbation salua ces paroles féroces qui soulevèrent de dégoût l’âme
de Fiora. Jamais elle n’aurait imaginé que son ancien amoureux pût cacher sous
un visage de dieu grec l’âme noire et les appétits de ces mêmes Pazzi
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